Comment lire l'encyclique



Spe Salvi: ardue, mais accessible!

J'ai lu à plusieurs reprises, ou bien on m'a dit directement, à propos de l'encyclique, "qu'elle était difficile à comprendre à bien des endroits. C'est de la haute philosophie, semble-t-il".
Mgr Vingt-Trois, en la présentant lors d'une conférence de presse, n'a pas dit autre chose:
[Les communautés chrétiennes] pourraient être ... accompagnées par des pédagogues pour une lecture accessible à tous.

Je n'aimerais pas qu'on en profite pour dire que le message du Saint-Père est élitiste.
Cela m'a donc amenée à réfléchir.

C'est vrai, sans doute, c'est un texte très dense, et par moments très ardu (mais aussi inspiré, "illustré", coloré, même, d'une certaine façon).
J'ai un peu de mal à croire que des journalistes aient pu la résumer aussi vite: il est vrai qu'ils ont pu avoir accès au "briefing" du Vatican, tous comme les responsables de la rubrique 'cinéma' ont accès aux "dossiers de presse" des films, ça les aide pour en faire le résumé... (mais peut-être suis-je mauvaise langue).
Car il s'agit en quelque sorte, et cela se sent, d'une méditation de toute une vie, par un Maître, un Sage authentique, ce n'est pas moi qui le dit- auquel peu de gens pourraient se mesurer intellectuellement.

Comment faire, donc, pour la lire quand même, et en extraire la substance, lorsqu'on n'est ni théologien, ni philosophe?
J'ai tenté une méthode, que je teste sur moi-même; elle ressemble à celle que je recommande à mes élèves pour apprendre leur cours:

- D'abord, comme pour beaucoup de textes riches ou compliqués, il y a plusieurs niveaux de lecture. Que ceux qui, comme moi, ne sont ni philosophes ni théologiens, justement, ne se prennent pas pour tels, et y récupèrent ce qu'ils peuvent y trouver pour eux, c'est déjà énorme. Tant pis si le message perd de son unité, et cela permet au moins de "comprendre" les commentaires.
- En second lieu, mais cela va avec le premier, on peut tenter une lecture non linéaire, au moins dans un premier temps, pour ne retenir que les passages les plus abordables. Certains sont vraiment destinés à tout le monde.

L'idéal serait de récupérer la version Internet sur le site du Vatican, de la remettre en page pour "aérer" un peu, ce qui n'est pas difficile avec l'outil informatique, et de l'imprimer (ou au pire, de la consulter sur l'écran), puis de la lire morceaux par morceaux, en prenant des notes et en rajoutant des sous-titres, en plus de ceux que Benoît XVI y a mis lui-même. Quitte, comme je l'ai dit, à "sauter" les passages trop compliqués, réservés de toute évidence aux spécialistes.
Pour ma part, j'ai commencé (j'en suis au n°26), et j'ai "barré" (pardon...) pour la première lecture les paragraphes 7 à 9, trop ardus, sur lesquels j'essaierai bien sûr de revenir plus tard.
Le problème, avec les disciplines littéraires (dont la théologie et la philosophie font forcément partie) c'est que chacun croit qu'il peut comprendre, et discuter. C'est faux, évidemment. La différence avec une discipline purement scientifique, ou, disons, verticale, comme les mathématiques, c'est que la plupart des gens y sont irrémédiablement largués dès la première ligne d'un exposé, sauf les vrais spécialistes, et donc se gardent de formuler une opinion.
Là, c'est différent. Mais ce n'est qu'une impression, bien sûr, et elle est périlleuse pour la compréhension.

Je vais tester ma méthode, et peut-être essayer de "sous-titrer" ici les passages qui m'ont frappée. Pas de les commenter, évidemment, je n'en suis pas capable, et ils n'en ont pas besoin.
J'avais commencé avec l'anecdote sur Bakhita, celle-là, c'est une page colorée, que tout le monde peut comprendre...