En France, on s'acharne à démolir les traditions


Hier encore, lors de l'Angelus, le Saint-Père a fait une fois de plus allusion "à une époque où la manière de vivre et de percevoir Noël, subit malheureusement, beaucoup trop souvent, l'influence d'une mentalité matérialiste".
(Source: ESM)

Sur le thème du matérialisme mercantile, qui salit tout ce qu'il touche, voici un article paru sur le site Pro Liturgia.


 

UNE SPECIALITE FRANÇAISE: TOUT BOUSILLER

Une des grandes spécialités française est, semble-t-il, de bousiller tout ce qui reste de tradition. Dans d'autres pays, on valorise les usages traditionnels et on en explique le sens. Chez nous, non. Avec une suffisance digne du plus parfait des crétins - c'est normal puisque depuis 1789, nous sommes la lumière du monde - nous nous ridiculisons en achevant de démolir le peu de belles traditions qui restent encore ici ou là. Ainsi:
- les marchés de Noël d'Alsace deviennent-ils une fête du fric où des Pères Noël made in Hollywood, remplacent désormais le "Christ-Enfant" dont le nom en dialecte alsacien - Krechtkendel - ne sert plus qu'à désigner un grand fourre-tout mercantile;
- à Nancy, la Saint-Nicolas, si chère à nos amis lorrains, est devenue un grand carnaval où défilent sur des chars flashy Mickey, Plutot, Schreck... comme s'il n'y avait pas d'autres occasions dans l'année pour exhiber ces personnages de dessins animés;
- à Lyon, la fête de l'Immaculée Conception est devenue la "Fête des Lumières" où les petites bougies allumées en l'honneur de la Vierge Marie sont remplacées par des laser...
Ainsi est "correctement" formaté l'esprit sensé éclairer les comportements du franchouillard moyen, lequel est très fier d'appartenir à un pays assurément modèle, puisqu'il est laïc.
Il suffit pourtant de zapper sur les chaines de la TV allemande pour découvrir qu'au même moment, au-delà des frontières de notre Hexagone, on n'hésite pas à diffuser des émissions valorisant les vraies traditions du temps de l'Avent et de Noël: décoration du sapin, histoire de la crêche, confection des pâtisseries spécifiques à cette grande fête, contes pour enfants (toujours appréciés aussi des moins jeunes), chants de Noël exécutés par d'excellentes chorales, débats d'où sont absentes (ouf!) les incontournables vedettes du show-business...
L'autre soir, le speaker qui annonçait le journal télévisé sur une chaine allemande avait devant lui la couronne d'Avent avec la première bougie allumée; en prenant congé des téléspectateurs, il souhaita que "ce temps de l'Avent soit un temps de grâces et de réflexion pour tous"... des propos qui, dans notre chère France, auraient aussitôt provoqué l'indignation virulente de la bien-pensence médiatico-politique.
Je parlais de cela avec un collègue qui ne croit en rien mais qui, jeune papa, s'interroge pour répondre au mieux aux mille questions que commence à lui poser sa petite fille. Et il me disait: "C'est vrai, chez nous on a tendance à bousiller, avec une incroyable présomption, tout ce qui pourrait encore représenter une tradition, une valeur, une invitation à réfléchir, que l'on soit croyant ou pas, porté sur la religion ou non." Et il ajoutait: "Pourquoi tout le monde n'aurait-il pas droit, de temps en temps dans l'année, à faire une pause et à être invité à se pencher sur autre chose que le bruit, le fric, les lumières, l'obligation de faire la fête dans une débauche de gadgets plus kitchs les uns que les autres?"

Oui, pourquoi? ... Qui a aujourd'hui intérêt à nous faire tomber comme ce peuple romain "qui dabat olim imperium, fasces, legiones, omnia, nunc se continet atque duas tantum res anxius optat, panem et circenses" ? [(Le peuple romain) qui distribuait autrefois pleins pouvoirs, faisceaux, légions, tout, maintenant se replie sur lui-même et ne s'inquiète plus que pour les deux choses qu'il souhaite: du pain et des jeux. - Juvénal, Satires, 10, 78-81 -]