GG, page 3

3. "Qu'a-t'il, que d'autres n'ont pas?"

SZ: Personne ne pensait possible qu'après un Pape comme Karol Wojtyla, ayant marqué le millénaire, un successeur puisse réussir aussi vite. A présent, tout a changé. Non seulement Benoît XVI attire deux fois plus de visiteurs, mais encore, ses écrits sont édités à des millions d'exemplaires. Le Pape Ratzinger est reconnu comme un des plus grands penseurs de son temps. Et, contrairement à son grand prédécessur, il n'a pas été jusqu'à présent que peu critiqué. Qu'a-t'il, que d'autres n'ont pas?
GG: Etre Pape confère naturellement une plus grande plénitude, une plus grande efficacité et une plus grande persévérance.
Un vaticaniste ("spécialiste de Rome") a affirmé, durant le voyage du Pape en Bavière, en autome dernier: "Jean-Paul II a ouvert le coeur de hommes, Benoît XVI le remplit".
Il y a là beaucoup de vrai. Le Pape arrive à toucher le coeur des hommes, il les interpelle, il ne parle pas de lui, mais de Jésus-Christ, de Dieu, et cela de manière claire, compréhensible et convaincante. C'est cela que les homme cherchent. Benoît XVI offre de la nourriture pour l'esprit.

SZ: Jean-Paul II voulait-il que le Cardinal Ratzinger soit son successeur?
GG: Il y a beaucoup de spéculations à ce sujet. Mais je n'en sais rien.

SZ: Pourtant, il a refusé à plusieurs reprises, malgré les demandes répétées de Ratzinger, la démission de ce dernier du poste de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
GG: Vous y voyez un "argument du silence", c'est-à-dire la conclusion d'un non-dit. Cela se peut. Le Pape Jean-Paul II a souvent dit devant ses plus proches collaborateurs: "Je souhaite conserver le Cardinal Ratzinger dans ses fonctions. J'ai besoin de lui comme théologien". A partir de là, on peut interpréter.

SZ: Le Palais Apostolique est devenu plus calme. Benoît XVI a réduit le nombre des audiences et les hôtes reçus à sa table. C'est donc justement sous un Pape allemand qu'on y travaille moins?
GG: On n'y travaille pas moins, mais de manière plus concentrée. Le Pape est un travailleur rapide et rigoureux. Pour cela, il a besoin de temps pour lire, étudier, prier, réfléchir et écrire. Cela n'est possible que si on réduit beaucoup de choses, en modifie d'autres, on en supprime pour privilégier l'essentiel.

SZ: Cela signifie-t'il que son prédécesseur était débordé, au niveau de la planification du travail?
GG: Absolument pas. Sous Jean-Paul II, en comparaison des précédents pontificats, l'activité s'est accrue de manière exponentielle. Pensez seulement au nombre des audiences, des voyages, des documents, les fêtes liturgiques, et aussi la messe matinale dans la chapelle privée du pape où il y avait toujours des invités. Cela occupait, jour après jour, une grande quantité de temps qui devait être économisé autre part. Pour Benoît XVI,, un tel rythme était impensable, car Jean-Paul II est devenu Pape à 58 ans, et non à 78.

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