GG, page 4

4. Le Pape est-il vraiment maître des opérations?

SZ: A la fin de l'ère Wojtyla, beaucoup de choses ont été mises en attente.
GG: Ce n'est pas divulguer un secret que de dire que le Pape Jean-Paul II ne s'occupait pas très intensément de la Curie Romaine. Cela n'est pas une critique, mais un simple fait.
Le pape actuel a durant les 23 dernières années, travaillé au poste le plus important de la curie. Il la connaît mieux que quiconque. C'est pour lui une expérience unique et un avantage énorme.

SZ: Un Pape peut-il avoir des problèmes avec la Curie?
GG: L'Histoire nous dit que "oui, cela peut arriver".
Un des points faibles est sans aucun doute l'indiscrétion. Il arrive malheureusement que certaines nominations, l'élaboration de documents, des mesures disciplinaires, etc.., soient divulguées parce qu'il y a des points de porosité par où elles filtrent. Ce n'est- pas seulement irritant, cela entraîne aussi le risque que des influences venant de l'extérieur puissent exercer des pressionjs, ces pressions entraînant à leur tour des irritations.
D'autre part, partout où, comme à la Curie, oeuvre une communauté internationale, il va y avoir une diversité de mentalités, de style de travail, des caractères personnels qui vont s'affronter. Et cela peut parfois faire des étincelles.

SZ: Le Pape est-il vraiment maître des opérations?
GG: En doutez-vous?
Le Pape reçoit régulièrement en audience ses collaborateurs les plus importants. Jour après jour, semaine après semaine. En outre, les responsables administratifs viennent en audience à intervalles réguliers.
De cette manière sont institutionnellement garantis, non seulement le nécessaire contact personnel, l'indispensable circulation de l'information, mais aussi les échanges, vitaux pour les deux parties. Le Pape écoute, prend conseil, réfléchit, puis décide.
SZ: Joseph Ratzinger étudie-t'il rapidement les dossiers?
GG: Il est rapide comme l'éclair, et il possède une mémoire d'éléphant.

SZ: Certains critiquent le Pape, parce qu'il s'est enfermé dans une sorte d'isolement splendide, une cage dorée (tour d'ivoire), il n'y a pas d'accès à lui.
GG: C'est une ineptie. Chaque matin, il y a des audiences privées, l'après-midi ont lieu les sessions de travail avec ses proches collaborateurs, et ceci durant les six jours de la semaine. En plus, il y a beaucoup de rencontres à l'intérieur et à l'extérieur des murs du vatican. Vous parlez de cage dorée? Pensez-vous!! Il se peut aussi que derrière tout cela se cache une critique à mon égard, me reprochant de trop protéger le saint-Père. C'est totalement outrancier!

SZ: C'est au fond un homme timide. En même temps, il a toujours manifesté une certaine retenue, un refus obstiné contre tout ce qui est trop mercantile, et contre la bêtise.
GG: Tout le monde a pu remarquer que le Saint-Père n'était pas un "fonceur", mais un homme discret et réservé.

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