Motu Proprio, le retour



Le 14 septembre est le jour où le trop fameux texte pontifical doit rentrer en application.
Il en a été beaucoup question dans ce site.

Le commentaire de John Allen reste totalement d'actualité.
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Benoît, un réaliste "quintessenciel", sera probablement parmi les rares à comprendre immédiatement que sa décision ne constituera pas un bouleversement. [..] sa modeste ambition est , qu'avec le temps, l'ancienne messe exercera "un effet de gravitation" sur la nouvelle, l'attirant vers plus de sobriété et de vénération.
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Quoi qu'il arrive, l'impact réel du décret de Benoît se mesurera probablement dans de petits changements sur le long terme, pas en bouleversements ou révolutions.


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J'archive les réactions dans la presse française, finalement assez rares, dans un simple but de documentation. Il y a une certaine homogénéité dans le soulagement, qui suscite le soupçon. On a l'impression que les medias français avaient anticipé sur un hypothétique bouleversement, dans le seul but de pouvoir affirmer au moment de la mise en application qu'il s'agissait finalement d'une tempête dans un verre d'eau.
Sans porter le mondre jugement sur la validité des commentaires, que j'ignore, je suis quand même très étonnée par la réaction du Monde: avant même le premier dimanche, il s'empresse de claironner avec une joie malsaine que l'objectif d'unité affiché par le pape ne paraît pas atteint.
Un objectif qui serait atteint avant même la mise en oeuvre du processus, c'est vraiment inédit

La Croix

Le motu proprio ne provoque pas de raz de marée
http://www.la-croix.com/
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Alors que la décision du pape libéralisant l'usage du Missel tridentin entre en vigueur vendredi 14 septembre, les demandes des fidèles qui y sont attachés semblent peu nombreuses pour le moment.
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Au total, à ce jour, on ne connaît que 10 lieux de culte nouveaux qui accueilleront des liturgies selon l’ancien missel en France, principalement dans des diocèses où aucune n’était célébrée auparavant. Ce chiffre repose sur une enquête téléphonique que La Croix a réalisée cette semaine auprès de tous les diocèses. Il faudra bien sûr tirer un nouveau bilan dans quelques mois pour mesurer l’amplitude exacte de cette réforme.

Ces premiers chiffres semblent surtout montrer que les 124 lieux de culte où était déjà appliqué le motu proprio Ecclesia Dei adflicta, signé en 1988 par Jean-Paul II, étaient suffisants. Même si certains évêques, comme à Annecy (Haute-Savoie), prévoient de transférer les fidèles vers des églises plus grandes. à Paris, ce sera de Notre-Dame-du-Lys à Saint-Germain-l’Auxerrois.
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« Les demandes vont apparaître après le 14 septembre », prévoit l’abbé Paul Aulagnier, ancien supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie-X, intégriste, et qui a participé l’an dernier à la création de l’Institut du Bon-Pasteur. Mais cet ancien proche de Mgr Lefebvre est dubitatif sur l’application du motu proprio : « Je ne suis pas sûr que la procédure choisie par le Saint-Père soit la bonne, déclare-t-il. Les curés oseront-ils accepter la demande de fidèles attachés au Missel de Jean XXIII ? Et quelle sera l’attitude des évêques vis-à-vis de ces curés ? »
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Pourtant, du côté des évêques de France, où le sujet a été abordé mardi lors d’une réunion du Conseil permanent de la Conférence épiscopale à laquelle participaient les archevêques métropolitains, on note une réelle volonté d’apaisement. Le motu proprio sera pleinement appliqué. Tout le motu proprio, mais rien que le motu proprio ! Pas question, par exemple, de faire le lit de groupes qui mettraient en cause la validité de la réforme liturgique issue de Vatican II.

Le Figaro

La messe en latin s'installe sans vagues
SOPHIE DE RAVINEL
http://www.lefigaro.fr/
La mise en oeuvre de la libéralisation de l'ancien rite en latin, voulue par Benoît XVI, débute aujourd'hui dans un climat de faible mobilisation.
L'ALERTE au tsunami a tourné court. La vague traditionaliste attendue n'a pas déferlé sur l'Église catholique en France après l'annonce, en juillet, de la libéralisation de l'ancien rite de la messe par Benoît XVI. On n'a guère entendu non plus de contestataires de la décision papale.

Alors que le décret (le motu proprio) créant la possibilité pour tout prêtre de célébrer selon l'ancien rite si un groupe de fidèles le souhaite, entre en vigueur aujourd'hui dans les diocèses, les traditionalistes ne se bousculent pas. À la Conférence des évêques de France, on a bien noté « des demandes » depuis début juillet, mais « pas en grand nombre ».

Dans l'impossibilité de les quantifier « au niveau national », la porte-parole des évêques tient à souligner le « climat positif » qui règne sur le terrain depuis le début de l'été. « Dans les diocèses, la volonté est claire de mettre en pratique ce motu proprio. Les évêques se sont adressés en ce sens à leurs prêtres par des courriers, et parfois à l'ensemble des fidèles. La question, assure-t-elle, est à l'ordre du jour. »


C'est le cas à Lyon, où le cardinal Philippe Barbarin a rencontré ses prêtres à ce sujet la semaine dernière. « Et nous pouvons affirmer qu'à ce jour il n'y a pas eu de demandes de groupes constitués », assure Pierre Durieux, chargé de la communication du diocèse. « Nous en restons donc pour le moment à ce qui se fait déjà : une messe à Lyon et une autre à Francheville. » Idem à Rennes, à Poitiers ou encore à Pontoise...
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Dans ces diocèses, une messe hebdomadaire est déjà proposée aux fidèles attachés à l'ancien rite, et répondrait à la demande. Dans le diocèse de Verdun, aucune messe dite « de saint Pie V » n'est célébrée pour le moment. Mais à l'évêché, on parle de silence radio du côté des traditionalistes. Si, à Paris, « quelques demandes » ont bien été reçues - ce qui a incité l'archevêché à élargir quelque peu l'offre -, l'ambiance semble être on ne peut plus paisible.

« Nous sortons à peine de l'été ! », tempère Marc Erhard, un père de famille d'Eure-et-Loir qui affirme être en cours de constitution d'un groupe avec l'aide des prêtres de l'Institut du Bon-Pasteur, basé à Courtalain. « Nous sommes déjà une petite quarantaine, enfants compris », soutient-il, sur le point d'aller demander une audience à son évêque pour lui en parler.

Du côté des contempteurs, ce n'est pas non plus la grande mobilisation... Regrettant l'ampleur du débat « fermé sur lui-même » et « réglant des comptes avec un passé mal digéré », le jésuite Pierre de Charentenay prévoit ainsi dans la dernière livraison d'Études : « C'est plutôt le statu quo qui l'emportera, sans bouleversement. » L'occasion de le vérifier sera donnée samedi prochain à Bordeaux, lorsque le cardinal Castrillon Hoyos, venu de Rome, ordonnera cinq prêtres selon l'ancien rite, en présence du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque du lieu et président de l'assemblée des évêques français.


Le Monde

LITURGIE: ENTRÉE EN VIGUEUR DU MOTU PROPRIO
La messe en latin, devenue possible, suscite peu d'intérêt

http://www.lemonde.fr/
Depuis la publication, en juillet, du motu proprio, le décret papal libéralisant la messe en latin entré en vigueur le 14 septembre, les évêques n'ont enregistré qu'une poignée de demandes supplémentaires par rapport à ce qui existe déjà.

Dans le diocèse de Lille, où deux messes sont déjà célébrées selon le rite ancien, la demande de quelques familles de la région de Dunkerque a amené l'évêque à y créer une nouvelle célébration une fois par mois. A Nanterre, le vicaire épiscopal chargé du dossier a reçu "six lettres" émanant de particuliers ; le texte du pape dit qu'une demande doit être motivée par "un groupe stable" de paroissiens. Une seconde messe en latin pourrait toutefois être proposée.

Dans le diocèse de Laval, marqué depuis le printemps par un conflit entre un groupe de traditionalistes et l'évêché, la mise en oeuvre du motu proprio a été l'occasion "de rencontres et de concertations" ; à partir du 16 septembre, deux églises accueilleront en alternance une messe supplémentaire en latin.

L'objectif d'unité affiché par le pape ne paraît pas atteint. "Les opposants (au concile) restent dans l'opposition, souligne un prêtre en région parisienne. Et je ne vois aucun signe de rapprochement avec les schismatiques (de Mgr Lefebvre)." Au-delà des querelles liturgiques, les intégristes restent opposés aux innovations et aux valeurs portées par le concile.

Stéphanie Le Bars