Alexandra Borghese avec Benoît en Autriche

Voici un article paru dans le magazine italien "Gente" (reproduit sur le Blog de Raffaella).
Un bon résumé du voyage par la princesse romaine.
Son analyse, qui relève un peu de la vulgarisation, puisqu'elle s'adresse à un public qui n'est pas censé suivre de très près l'actualité religieuse, a un certain poids pour deux raisons: d'une part, par son nom, sa famille, ses amitiés, elle devrait être mieux à même que quiconque de comprendre et de faire percevoir en quoi ces empires d'Europe centrale, disparus après la Grande Guerre, ont façonné notre civilisation commune; et surtout, elle fait partie des journalistes qui ont la chance de suivre le pape (et de voyager dans le même avion) à chacun de ses voyages.
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Ma traduction

Le voyage en Autriche de Benoît XVI

Le but du voyage était cette fois encore un Sanctuaire marial, autour duquel on a pu vivre une forte expérience ecclésiale, comme cela s'était déjà produit une semaine auparavant à Loreto avec les jeunes italiens.

La semaine dernière, j'ai participé au voyage apostolique de Benoît XVI en Autriche. Initialement, comme le Saint-Père lui-même l'a expliqué, il n'y avait au programme que la visite au Sanctuaire de Mariazell, pour l'importante commémoration des 850 ans de sa fondation. Le pape désirait s'insérer dans cette longue file de pèlerins au cours des siècles, pour confirmer encore une fois la force unifiante de réconciliation qui il y a dans la foi.
Ensuite le programme a aussi inclus Vienne, siège historiquement idéal selon le pape Benoît pour parler de la réalité de l'Europe, pour renforcer les racines chrétiennes communes, pour réfléchir sur le chemin à entreprendre.
L'Autriche et sa culture sont très familières au Pape Benoît pour la proximité géographique avec sa terre de Bavière et pour les fréquentes visites qu'il y a faites dans le passé. Dans l'imaginaire européen Vienne est un peu comme la ville de Münich, le nord du sud et le sud du nord. Nous pouvons dire qu'autour du pape à Vienne, c'est le peuple de la vieille Europe qui s'est réuni, celui du vieil Empire qui marqua socialement, culturellement, économiquement et religieusement la politique de l'Europe du XIXème et du XXème siècle jusqu'à la Grande Guerre.
Vienne, comme capitale et centre de la culture de la Mitteleuropea passa en effet de 440.000 habitants en 1840 à 2 millions de citoyens à la veille de la première guerre mondiale. Un Empire, celui des Habsbourg, qui regroupait plus que vingt populations de différentes ethnies et qui a su réunir au cours des siècles de vastes parties de l'Europe centrale et orientale. Actuellement les territoires qui appartenaient au "siècle des Habsbourg" (1848-1916) sont des états Européens comme l'Autriche, la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Roumanie etc.. Beaucoup de ces pays, après les grandes guerres, avant de rejoindre la liberté à travers la démocratie ont subi le traumatisme du totalitarisme et de la dictature; durant des années l'Europe a été divisée par le rideau de fer jusqu'à l'écroulement du mur de Berlin en 1989.
Une contribution fondamentale à ce grand changement historique a été le fait du Pape Jean-Paul II qui, depuis le premier jour de son pontificat en s'adressant tout spécialement à ces peuples opprimés prononça la phrase historique "n'ayez pas peur. Ouvrez, au contraire tout grand les portes au Christ ".
Depuis le début de son pontificat Papa Ratzinger n'a pas cessé de rappeller de que "l'Europe ne peut pas renier ses racines chrétiennes". Pour Papa Ratzinger "l'Europe a une responsabilité unique au monde et ne doit pas devenir un continent spirituellement vieux". Au contraire toujours selon le Souverain pontife il devrait assumer "un rôle de guide dans la bataille contre la pauvreté et l'engagement pour la paix". Même la globalisation pour le pape Benoît "ne peut pas se réaliser aux dépens des pays plus pauvres et des personnes pauvres dans les pays riches, au détriment des générations futures".
Dans un certain sens le pape de Vienne nous a demandé de réfléchir sur le présent et le futur de notre Continent, de la "Maison Europe".
Quelles sont les valeurs communes, quelles sont les traditions qui nous unissent ?

Le discours du pape n'est pas clérical, mais une appel adressé à tous les hommes, croyants ou non, parce qu'il s'agit de l'avenir de notre vie. On en vient donc spontanément à s'interroger sur ce que sont les principes communs de l'Europe au-delà des cyniques intérêts économiques. Qu'est-ce qui unit les pays membres à part l'Euro?
Le pape ne cache pas sa préoccupation "pour une Europe pauvre d'enfants, égoïste, qui n'a pas confiance dans l'avenir". Pour cela, selon lui il faut construire l'unité "sur une solide fondation culturelle et morale de valeurs communes".

Depuis "sa" Bavière, un an auparavant, il s'était exclamé "Celui qui croit n'est jamais seul", de l'Autriche il nous a appelés "à regarder le visage du Christ" pour redécouvrir le sens essentiel du christianisme. Pour le Saint-Père notre religion "est quelque chose de plus et quelque chose de différent d'un simple système moral, d'une série de contraintes et de lois. C'est le don d'une amitié à laquelle nous nous confions ".
Voilà la thématique si chère à Joseph Ratzinger : la beauté de la rencontre avec le Christ vivant. Une rencontre fondamentale pour l'homme pour ne pas vivre une vie privée de sens.
"L'homme a besoin de Dieu" affirme Benoît XVI. "Sans Celui qui soutient notre vie avec son amour, la vie-même est vide". Dans le thème de l'amitié, on reconnaît le coeur de l'église. Pour cela, Benoît XVI parle en connaissance de cause, sur un ton intime, de l'importance d'une amitié avec Jésus-Christ et son désir est qu'elle soit contagieuse. Dans son livre "Jésus de Nazareth", on perçoit cette fidèle amitié du Saint-Père avec le Christ.

Joseph Ratzinger est un homme qui a su cultiver des amitiés profondes aussi dans sa vie. À Mariazell, au sommet des montagnes de Styrie, les orages et les inondations n'ont pas arrêté le désir de ses chers amis de Regensburg de le suivre. Son fidèle "chauffeur", le banquier Thaddaus K. s'est occupé d'accompagner son frère monsignor Georg qui a participé à la Messe et aux Vêpres solennelles.
Le style Ratzinger a été cette fois encore marqué par la sérénité la douceur. Pendant la splendide célébration eucharistique avec choeur et orchestre selon la tradition viennoise, dans la cathédrale Saint-Etienne, le pape contrairement à beaucoup à de prêtres qui ont tendance à culpabiliser les fidèles, a dit combien il est beau d'avoir du temps libre le dimanche, puis il a ajouté "il est important d'en faire un bon usage pour que ce ne soit pas du temps vide". Son appel à chercher à trouver de place aussi pour Jésus-Christ a été une invitation sympathique et non une austère imposition.
Le Pape Benoît a même chanté l'Angelus à la manière autrichienne, en se montrant un pape qui intervient avec chaleur, et dialogue avec les foules. Mais aussi un pontife qui réussit avec son dynamisme intellectuel, à fasciner beaucoup de sensibilités laïques qui comprennent toujours plus la rationalité de la foi chrétienne. Pour Benoît XVI la résignation face à la vérité est le noyau de la crise de l'occident et de l'Europe. Parce que si pour l'homme, il n'existe pas une vérité, mais plusieurs vérités qui créent la confusion, il ne peut pas distinguer entre bien et le mal.