Consistoire, premier jour

Les indiscrétions de Tornielli

Andrea Tornielli.
Texte original en italien (Il Giornale). Ma traduction
Ce matin à Saint-Pierre, Benoît XVI créera 23 nouveaux cardinaux, parmi lesquels le président de la CEI Bagnasco.
Et hier, comme c'est maintenant la tradition, le Pape a voulu discuter avec tous les 'porporati' sur quelques thèmes d'actualité de la vie de l'Église. L'argument du débat, qui s'est tenu à huis-clos, a été le dialogue oecuménique avec les chrétiens des autres confessions. On a vu émerger la volonté de collaborer avec les autres chrétiens pour défendre la vie et la famille, et chercher à endiguer le sécularisme.

Hier matin, les travaux ont démarré avec un exposé du cardinal Walter Kasper (*), dédié aux dévelopements et aux problèmes du chemin oecuménique avec les orthodoxes, les protestants et les pentecostistes. Kasper a expliqué que ce chemin n'est pas un "choix facultatif, mais une obligation sacrée", bien que l'unité des chrétiens ne soit pas à portée de main. Il a expliqué que durant ces anné,s on n'a pas cherché de compromis mais on a retrouvé la fraternité entre les chrétiens de confessions différentes: alors que, pendant des années, on ne s'entendait pas, aujourd'hui, rencontres et dialogue sont à l'ordre du jour. "Nous ne devons pas offenser la sensibilité des autres ou les discréditer", a-t'il dit. "Nous ne devons pas pointer du doigt ce que nos interlocuteurs oecuméniques ne sont pas et ce qu'ils n'ont pas. Nous devons plutôt donner témoignage de la richesse et de la beauté de notre foi de manière positive et accueillante. Nous attendons des autres la même attitude".
Le cardinal, qui a fait allusion aux progrès positifs avec les orthodoxes et à leur reconnaissance du rôle du siège de Rome, a rappellé qu'une rencontre "entre le Pape et le patriarche de Moscou.. serait utile".
Plus difficile le dialogue avec les protestants, pour des divergences souvent profondes concernantes l'éthique.

Il y a eu 17 interventions dans la matinée. Quelques porporati, parmi lesquels Martino (*), Sepe (*) et McCarrick (*) ont insisté sur la necessité d'un oecuménisme "pratique" de type social, en collaborant avec les autres confessions dans les initiatives de charité. Le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi Levada a abordé le thème de la "subsistance de l'Église du Christ dans l'Église catholique", affirmation conciliaire réaffirmée par une Note de Juillet dernier, en déplorant le malentendu né de la présentation du document par les media. Pendant que le cardinal espagnol Herranz (*) a proposé d'impliquer le Synode des évêques dans le dialogue avec les orthodoxes, l'anglais Murphy O'Connor (*) a de nouveau proposé une idée déjà avancée par lui dans le passé, c'est-à-dire la convocation d'une rencontre de toutes les confessions chrétiennes : le Pape a répondu en disant qu'il considérait que c'était une bonne idée, déjà proposée par le cardinal Martini, mais que jusqu'à présent elle n'avait pas pu se réaliser pas sans que les catholiques y soient pour rien.

Dans l'après-midi 15 porporati sont intervenus.
Le thème de la famille et de la bataille commune contre le sécularisme- discours auquel sont surtout sensibles les orthodoxes russes, peu enclins par contre au dialogue sur les thèmes théologiques - a été introduit de deux cardinaux de l'Est, Backis et Pujatas, tandis que Dziwisz, l'ancien secrétaire du Pape Wojtyla, a parlé de l'oecuménisme "affectif" qui devient "effectif". Schoenborn, par contre, a parlé du dialogue spécifique avec les hébreux appelés "messianiques".
Le thème de l'islam a été abordé par Tauran (*) - qui a promis une réponse du Saint-Siège au document des 138 théologiens musulmans récemment envoyé à Rome - pendant que Zen (*) a fait allusion à la situation de l'Église en Chine en affirmant que les comunnautés clandestines et officielle "ne se combattent plus".
Bertone, finalement, a parlé des changements à l'Osservatore Romano, "journal d'idées".
Le Pape a conclu les travaux en remerciant pour la "symphonie de la catholicité" émergée de la rencontre et a relancé l'engagement commun des Églises contre le sécularisme, en expliquant que le courage d'annoncer l'Évangile ne doit pas être confondu avec le prosélytisme, parce que la foi se propose et ne s'impose pas.

Jean-Louis Tauran: Président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux
Walter Kasper, Président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens
Renato Martino, Président du Conseil pontifical pour la Justice et la Paix
Crescenzio Sepe archevêque de Naples, précédent Préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples
Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington
Julián Herranz, Président émérite du Conseil Pontifical pour les textes législatifs, un des cardinaux membres de l'Opus Dei
Cormac Murphy-O’Connor, archevêque de Westminster
Joseph Zen, archevêque de Hong-Kong




Le brouillage médiatique

Je reproduis cet article du vaticaniste de La Stampa, car je ne doute pas qu'il sera repris chez nous, avec un peu de retard.

La technique de la simplification (purifier la mémoire ne signifie pas que l'on soit seul à demander pardon, c'est une démarche réciproque) et de l'amalgame (l'oecuménisme ne concerne pas les relations avec les religions non chrétiennes, les propos du Cardinal Kasper n'ont pas été tenus par le pape...) y est utilisée avec maestria pour accréditer une fois de plus l'idée que l'Eglise a beaucoup de choses à se faire pardonner, et que l'ex-cardinal Ratzinger devenu Pape opère une volte-face.

Bref, Marco Tosatti fait dire au Pape ce qu'il n'a absolument pas dit (d'autant plus que la réunion se déroulait à huis-clos), en suggérant au passage que l'exposé du cardinal Kasper aurait subi une sorte de pré-censure. Ce qui, connaissant un tout petit peu ses relations passées avec le cardinal Ratzinger, est franchement irréaliste.
Répétons-le, les propos du cardinal Kasper lui appartiennent, et ce ne sont pas ceux du Pape...

"Purification de la mémoire"

"Purification de la mémoire" pour relancer le dialogue oecuménique

Ratzinger sur les traces de Wojtyla
Nouveau "mea culpa" de l'Église
Marco TOSATTI (Il Giornale)

L'Église doit continuer la purification de la mémoire, parce que pour elle l'oecuménisme "n'est pas un choix facultatif, c'est une obligation sacrée. C'est le mandat de Notre Seigneur ".
Benoît XVI a voulu réaffirmer aujourd'hui une des priorités de son pontificat, en ouvrant "la rencontre de prière et de réflexion" avec les cardinaux réunis à Rome à la veille du Consistoire d'aujourd'hui, où il remettra la "barrette rouge" à 23 nouveaux porporati.
Hier ils étaient 143 à discuter avec le pape Ratzinger du thème de la journée, le dialogue oecuménique, à la lumière "du mandat du Seigneur : "Ut unum sint "(qu'ils soient une seule chose, ndr).

L'exposé initial, évidemment lu et approuvé par le Pontife, a été préparé et lu par le cardinal Walter Kasper; et on y parlait de l'engagement à poursuivre la "purification de la mémoire", afin de favoriser le chemin oecuménique, et "d'employer des formes de communication attentives à ne pas blesser la sensibilité des autres chrétiens".
C'est la route du "mea culpa" indiquée par Jean-Paul II lors du Jubilé de l'an 2000, pour évacuer le champ des obstacles que deux mille ans d'histoire ont accumulés dans les rapports avec les autres religions, et entre les confessions chrétiennes.
À l'époque le cardinal Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, tout en accompagnant le Pape Wojtyla sur cette voie nourrissait quelque perplexité.
C'est un fait significatif - un tournant? - qu'aujourd'hui ce soit lui qui guide l'Église sur ce chemin. Qui, selon le cardinal Kasper, responsable du dialogue avec les chrétiens, consiste surtout à renouer avec l'orthodoxie : "Pour résumer, nous pouvons affirmer que seront encore nécessaire une purification continuelle de la mémoire historique et beaucoup de prières pour que, sur la base commune du premier millénaire, nous réussissions à combler la fracture entre l'orient et l'occident et à rétablir la pleine communion ecclésiale".
Et il a ajouté que les relations entre l'Église orthodoxe russe et le Saint-Siège "ces dernières années se sont sensiblement aplanies et une rencontre entre Benoît XVI et le Patriarche Alexis II serait, de notre point de vue, utile".
Le Patriarcat de Moscou - a ajouté Kasper - n'a jamais catégoriquement exclu une telle rencontre, mais il trouve opportun de résoudre d'abord les problèmes qui à son avis existent en Russie et surtout en UKraine. Nous pouvons dire qu'il n'y a plus gel mais dégel "

La vitrine du "tailleur du Pape", Gamarelli   
A droite, on reconnaît le gentil Cardinal Tonini, l'ami du Saint-Père.   
Mgr Bagnasco  Mgr Foley 
 
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