Spe Salvi: la nouvelle encyclique

Aujourd'hui doit être rendue publique la seconde encyclique de Benoît XVI.
Le Pape surprend, une fois de plus. Ou plus exactement, il déroute les spécialistes, qui proclament que son pontificat est plus "théologien" que "pastoral", plus spirituel, que politique, par opposition à celui de Jean-Paul II. Alors qu'ils attendent une circulaire, le Pape nous propose une méditation.

C'est du moins le sens de l'analyse d'Isabelle de Gaulmyn, dans La Croix d'aujourd'hui.

Article en entier sur le site du journal: http://www.la-croix.com/

Au passage, on apprend avec intérêt les raisons qui pourraient expliquer les retards dans la publication de Deus Caritas Est.
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Sur ce thème, voir aussi: Dans le plus grand secret...

« Spe salvi », la seconde encyclique de Benoît XVI

Isabelle de Gaulmyn
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La seconde encyclique du pontificat est rendue publique aujourd'hui. Dans le prolongement de Deus caritas est, le pape veut ramener les catholiques aux fondements de la foi

Le secret a été bien gardé : chacun attendait une encyclique « politique » sur la doctrine sociale de l’Église. Or, le pape rend public vendredi 30 novembre un texte de type plus théologique, sur l’espérance. Comme la première, publiée fin janvier 2006 et consacrée à l’amour (Deus caritas est), cette seconde encyclique de Benoît XVI devrait être courte et personnelle : c’est lui-même qui l’a écrite, du début à la fin, cet été.

Benoît XVI a donc choisi d’offrir aux catholiques, pour l’Avent, une méditation sur la vertu théologale de l’espérance. « Spe salvi facti sumus », écrit-il pour commencer : « Dans l’espérance nous avons tous été sauvés, dit saint Paul aux Romains et à nous aussi. »
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Surprenante, cette encyclique ? Pas tant que cela. Comme l’annonce un cardinal, « Benoît XVI y pensait sans doute déjà en écrivant sa première encyclique ». En effet, Spe salvi se situe dans la logique de Deus caritas est, manifestant l’intention de décliner les trois vertus théologales que sont la charité, l’espérance et la foi. Théologales, c’est-à-dire faisant pénétrer au cœur du mystère chrétien.

C’est bien dans la manière de ce pape théologien, qui cherche depuis le début de son pontificat à ramener les catholiques aux fondements de la foi, une sorte de retour aux sources. Ainsi propose-t-il chaque mercredi une catéchèse sur les Pères de l’Église. Ainsi encore a-t-il écrit un livre sur Jésus homme et fils de Dieu, qui s’articule de manière évidente avec ces encycliques.
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Mais ces deux premières encycliques surprennent tout de même par la forme, spirituelle, quasi intimiste. « C’est une innovation totale dans l’histoire de l’Église », souligne l’historien Philippe Levillain. Depuis le XIXe et le XXe siècle, les grands textes pontificaux étaient souvent politiques, liés au contexte historique vécu par le successeur de Pierre : Benoît XV sur la paix, Pie XII sur la guerre…

Les encycliques de Jean-Paul II ont aussi été écrites dans cette perspective. Ce n’est pas le cas des textes de Benoît XVI. D’où, sans doute aussi, une certaine difficulté à les recevoir. On sait aujourd’hui que les reports successifs de la publication de Deus caritas est étaient dus en partie au blocage, au sein du Vatican, de la part de ceux qui ne voyaient pas là un texte de la nature d’une encyclique. Et des associations de laïcs confiaient combien elles avaient été désarçonnées par un texte qui ne semblait pas s’adresser à eux pour indiquer la direction à suivre.

Benoît XVI a choisi de remplir son rôle de « pape théologien », rendant accessibles à tous les grandes vérités du message évangélique. Une conviction qui, à voir le succès en librairie de Deus caritas est, semble rencontrer une attente de la société actuelle.