Récit de la visite

Je préfère ne pas trop m'attarder sur la composition de la délégation française.
Le moins qu'on puisse dire est qu'elle manquait de chaleur, et surtout d'élégance, au propre comme au figuré. Show biz vulgaire (avec Bigard), et gauchiste repenti (avec Max Gallo, que j'apprécie ... un peu, mais pas à cet endroit).
Les soi-disant nombreux catholiques du gouvernement (en particulier, Mme Boutin, empêtrée dans une sombre histoire concernant le logement de son directeur de cabinet) brillaient par leur absence. lLa vérité est que ces catholiques n'existent tout simplement pas!
En regardant le direct sur KTO, j'ai vu qu'en attendant d'être introduit dans le bureau du pape, Nicolas Sarkozy avait même consulté sa montre. Ce qui est un comble, lorsqu'on a soi-même un quart d'heure de retard.
Et on peut regretter que le président n'ait pas cru bon d'amener son plus jeune fils. C'était quand même une occasion spéciale, qui justifiait de manquer quelques cours... Il y aurait eu une dimension familiale et personnelle, qui faisait tristement défaut aujourd'hui. On avait l'impression d'un défilé de marrionnettes.
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Notons que le "faste" évoqué par le compte-rendu de Reuters n'est autre que le protocole parfaitement habituel lorsque le pape reçoit un chef d'état, ou de gouvernement...

Nicolas Sarkozy reçu avec faste par Benoît XVI au Vatican
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(Reuters)

"C'est très émouvant pour moi d'être reçu par vous, très Saint-Père".
En visite officielle au Vatican, Nicolas Sarkozy a eu une audience avec le pape Benoît XVI, qu'il rencontrait pour la première fois.

Le président de la République, qui est catholique, a été reçu par le souverain pontife au terme d'un cérémonial précis.
Arrivé avec un quart d'heure de retard dans la cour Saint-Domase, bordées de fenêtres sur laquelle donnent les appartements du pape, il a été accueilli par le préfet de la maison pontificale, James Michael Harvey.
Comme le veut la coutume pour les chefs d'Etat, Nicolas Sarkozy a ensuite arpenté une partie des salles richement décorées d'un pas lent, précédé par une dizaine d'"ambassadeurs" en costume sombre. Sur leur passage, les gardes suisses à tenue rayée et casque à plume rouge se mettaient au garde-à-vous.
La rencontre avec le pape a eu lieu dans la salle du trône, voisine du bureau du Saint-Père, où l'on peut notamment admirer des tableaux de Raphaël.
"Bonjour M. le président, soyez le bienvenu", lui a dit Benoît XVI dans un français parfait.
"Très Saint-Père, merci de me recevoir", lui a répondu Nicolas Sarkozy à voix basse.

Les deux hommes ont ensuite eu 25 minutes d'entretien - cinq minutes de plus que prévu par le protocole - dans la bibliothèque, autour d'un vaste bureau.
Les premiers mots du président ont été pour féliciter le pape de la qualité "remarquable" de son français.
"Je l'ai appris au lycée, à l'école en Bavière", lui a répondu le souverain pontife d'origine allemande, qui portait sur son habit blanc une mozette d'hiver, petite cape rouge bordée d'hermine, ainsi qu'une étole rouge et or, signe qu'il recevait un chef d'Etat catholique.
Selon un communiqué publié par le Vatican, les "entretiens cordiaux" ont permis de constater "les bonnes relations qui existent entre l'Eglise catholique et la République française, ainsi que le rôle des religions, en particulier de l'Eglise catholique, dans le monde".

SARKOZY CONSULTE SES SMS
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Toujours selon le Saint-Siège, les deux hommes ont évoqué la situation internationale, notamment "l'avenir de l'Europe", le Moyen Orient, "les problèmes sociaux et politiques de certains pays africains" et "le drame des otages".
Rien n'a filtré quant à l'évocation de sujets plus polémiques comme le travail le dimanche, la simplification de la procédure de divorce ou la politique d'immigration de la France.
Après l'entretien, Nicolas Sarkozy a été rejoint par la délégation française. L'ancien ministre Dominique Perben, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, l'écrivain Max Gallo, le "prêtre des banlieues" Guy Gilbert ou encore l'humoriste Jean-Marie Bigard ont tour à tour été présentés au pape par Nicolas Sarkozy, ainsi que quelques journalistes.

"Ils m'accompagnent autour du monde mais ils ne sont pas toujours gentils avec moi !", a plaisanté le président.

Malgré la solennité du moment et bien qu'à quelques centimètres du pape, Nicolas Sarkozy a subrepticement consulté un message sur son téléphone portable.
Le pape a offert une médaille pontificale au chef de l'Etat, qui lui a donné en retour trois livres : "La Joie" et "L'Imposture", de Georges Bernanos, et son propre ouvrage "La République, la Religion et l'Espérance" paru avant son arrivée à l'Elysée, dans une édition spéciale recouverte de cuir rouge.
Après un entretien avec le "Premier ministre du Vatican", le cardinal Tarcisio Bertone, Nicolas Sarkozy a ensuite visité la basilique Saint-Pierre de Rome, la plus grande église du monde, avant de se recueillir sur la tombe de feu le pape Jean Paul II.
Après un déjeuner privé dans un grand restaurant de Rome, Nicolas Sarkozy devait assister à une cérémonie à l'archibasilique Saint-Jean de Latran où lui sera décerné titre de "chanoine d'honneur" attribué aux plus hauts dirigeants français depuis Henri IV.
En fin de journée à Rome, il aura un entretien avec le président italien Gorgio Napolitano. Un dîner sur le thème de l'Union méditerranéenne est ensuite prévu avec le président du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et le président du Conseil italien, Romano Prodi.



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Voici un article trouvé sur un site (www.republique-des-lettres.fr) qui de son propre aveu, défend "des idées et des valeurs progressistes, voire libertaires, situées à gauche (justice sociale, antiracisme, altermondialisme, anti-ultralibéralisme, anti-néoconservatisme,...)". Pas franchement de mes amis, donc, mais ce qu'il dit n'est pas dénué de perspicacité...

La république des lettres, un site gauchisant

Nicolas Sarkozy reçu au Vatican par le pape Benoît XVI.
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Nicolas Sarkozy effectue aujourd'hui sa première visite officielle de Président de la République au Vatican.
Après un tête à tête ce matin avec le pape Benoît XVI, avec qui il a parlé de la laïcité au sein de la société française, et un moment de recueillement sur la tombe de Jean-Paul II, il doit être intronisé en milieu d'après-midi "Chanoine d'honneur de Saint-Jean de Latran", siège de l'évêché de Rome, comme le veut la coutume pour tous les rois et chefs d'Etat français depuis Henri IV.
Nicolas Sarkozy, qui a finalement renoncé à se faire accompagner de sa petite amie Carla Bruni, a également rencontré le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat du pape, avec qui il a abordé des questions plus temporelles que spirituelles. En effet, si le Vatican est le plus petit Etat du monde (44 hectares de superficie, un millier de citoyens), c'est aussi l'un des plus actifs et des plus influents en matière de diplomatie et Nicolas Sarkozy a besoin du soutien du Saint-Siège s'il veut jouer un rôle sur la scène internationale.

L'affaire n'est toutefois pas gagnée, d'abord parce que, même si Nicolas Sarkozy se revendique "membre de l'Église catholique" et assure qu'il est "profondément de culture, de tradition et de confession catholique" pour d'évidentes raisons électorales -- la droite réactionnaire française qui constitue son principal électorat (et une partie de son gouvernement, faut-il citer Christine Boutin, opposée à l'IVG et au préservatif en raison de ses convictions catholiques ?) est par nature croyante -- il n'est pas en odeur de sainteté auprès de tous les catholiques.
Une partie de l'Eglise de France le considère en effet, avec justesse, plus comme un politicien communautariste et opportuniste que comme un authentique chrétien. Certes, contrairement à Jacques Chirac, le nouveau Président de la République n'hésite pas, pour leur plus grande satisfaction, à associer "identité nationale de la France" et "racines chrétiennes de l'Europe". Pendant la campagne présidentielle, il n'avait pas hésité non plus à dire toute sa profonde admiration pour entre autres Jeanne d'Arc, le pape Jean-Paul II, Soeur Emmanuelle et même les moines contemplatifs.

Mais certains membres du haut Clergé le soupçonnent d'être surtout bassement intéressé par leur soutien politique, notamment au vu des appels du pied qu'il lance ou fait lancer régulièrement depuis son élection en direction de l'épiscopat lorsqu'il a besoin d'être suivi par le troupeau.
Par ailleurs, outre que les traditionnalistes lui reprochent certaines manières pas très catholiques (ses deux divorces, son côté parvenu nouveau riche, ses frasques médiatico-sentimentales, son net penchant intime pour tout ce qui concerne la judéité et le judaïsme, etc), le petit peuple de la fille aînée de l'Église est assez troublé par la façon dont sont traités divers dossiers de ce bas monde, tels entre autres celui de la politique d'immigration, assurée par un Brice Hortefeux bien peu compatissant, celui du travail dominical, ou encore les positions jugées plutôt floues en matière de bioéthique (Test ADN pour les étrangers, eugènisme, recherches sur l'embryon humain, etc).

Nonobstant, après le Colonel Kadhafi et la chanteuse Carla Bruni, Nicolas Sarkozy a tenté de séduire le souverain pontife afin d'obtenir l'appui du Vatican sur divers dossiers en cours relativement urgents pour lui.
Pour cela, il lui a tout d'abord fait plaisir en acceptant de venir sur place prendre possession de sa stalle de petit Chanoine de la Basilique Saint-Jean de Latran, alors que Georges Pompidou, François Mitterrand et Jacques Chirac, n'avaient eux pas daigné se déplacer.
Ensuite, il l'a invité à venir l'année prochaine en France, à Paris même en visite officielle et pas simplement en séjour pastoral à Lourdes, à l'occasion des célébrations du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous.
En contrepartie, il attend notamment du Saint-Siège qu'il participe activement à la libération d'Ingrid Betancourt (l'Église catholique a une influence certaine en Colombie et s'est déjà très impliquée dans ce dossier), qu'il appuie ses positions -- c'est-à-dire celles de George W. Bush et d'Ehud Olmert -- dans le processus de paix israélo-palestinien (le Vatican était présent à la Conférence d'Annapolis), ainsi que dans le bouillant dossier libanais, où est également impliquée la communauté chrétienne locale.
De tous ces dossiers et d'un autre qui lui tient à coeur, celui de son très peu clair projet d'Union méditerranéenne, il sera également question au sortir du Vatican. Nicolas Sarkozy profite en effet de son voyage pour rencontrer dans la soirée à Rome le président italien, Giorgio Napolitano, le président du conseil italien, Romano Prodi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

La République des Lettres, jeudi 20 décembre 2007

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