Les anecdotes de l'envoyé spécial du Monde

Apparemment, Henri Tincq ne daigne plus faire le déplacement, ils s'y sont donc mis à deux pour le remplacer.

On se demande à qui les "vacheries" sont destinées en priorité.
Il faut reconnaître que l'attitude de Nicolas Sarkozy leur a offert l'angle d'attaque idéal. Est-ce une raison, pour le "quotidien de référence" de se laisser aller de façon aussi vulgaire?

Philippe Ridet faisait-il partie des journalistes qui ont été présentés au Saint-Père? (Reportage photos )

Sarkozy "décontracté"

Devant le pape, le président français affiche sa décontraction

LE MONDE | 21.12.07 |
Il a traversé la salle Clémentine à la rencontre du pape Benoît XVI qui l'attendait sans un regard sur ses fresques Renaissance. D'un œil, Nicolas Sarkozy cherchait les journalistes, un sourire en coin. Rassuré par leur présence, il a salué son hôte d'une franche poignée de main, sans s'incliner : "C'est très émouvant pour moi, Très Saint-Père, d'être reçu par vous", lui a dit-il, ajoutant : "Vous parlez si bien le français." A quoi le pape a répondu : "Oui, je l'ai appris dans mon gymnase de Bavière", montrant par là qu'il en avait oublié un peu. En allemand, lycée se dit Gymnasium.

Au sortir de la bibliothèque où Benoît XVI venait de le recevoir pour un entretien de vingt-cinq minutes, le chef de l'Etat a encore affiché sa décontraction. Le pape, qui s'est déjà fait appeler "Sir" par George Bush lors de la visite du président américain en juin, a dû constater un nouvel assaut contre le protocole. Jamais un chef de l'Etat ne lui avait présenté des journalistes qui l'accompagnent. Nicolas Sarkozy l'a fait.

"Voilà, a-t-il dit à son hôte, les journalistes qui me suivent. Même pour eux, c'est pas n'importe quel voyage, ils sont impressionnés, hein ? Vous savez, ils ne sont pas toujours gentils avec moi." Le pape a souri. "Mais avec vous toujours", a relancé un des journalistes à l'intention de Benoît XVI. M. Sarkozy : "Vous voyez comme ils sont injustes."

Quelques instants auparavant, le président de la République avait déjà pris ses aises, n'hésitant pas à jeter un œil sur son téléphone portable pendant que sa délégation saluait le Saint-Père.

LA MÈRE DE CARLA BRUNI

De mémoire de vaticaniste, un chef d'Etat en visite officielle n'a jamais affiché aussi peu de solennité. Du coup, ce sont ses invités qui ont montré leur dévotion.

Jean-Marie Bigard, comique présenté comme "artiste" par l'Elysée, a baisé l'anneau. L'historien Max Gallo s'est profondément incliné, peut-être à cause de sa haute taille, ainsi que Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille. Le Père Guy Gilbert, "le Curé des loubards" avait, lui, remisé son habituel Perfecto au vestiaire pour un impeccable habit de clergyman.

Manquait à ces présentations l'invitée cachée de la délégation. Carla Bruni ? Non, l'ex-top-modèle turinoise n'accompagnait pas son nouvel ami dans son séjour romain. "Sarkozy a Roma, Carla a casa", titrait d'ailleurs La Repubblica du 20 décembre.

En revanche, sa mère, Marisa, la remplaçait. Une présence qu'un membre du service de presse de la présidence se refusait de confirmer quand bien même était-elle à deux pas de lui au premier rang du discours du président de la République à Saint-Jean-de-Latran : "Je ne sais pas, je ne la connais pas."

Philippe Ridet

Une étrange procession à Rome

Dominique Dhombres
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Cette nouvelle dignité convient mal à son caractère agité. Nicolas Sarkozy est désormais chanoine ! On pouvait voir la scène, jeudi 20 décembre, dans les journaux télévisés et sur les chaînes d'info.

L'intéressé a été fait chanoine d'honneur de la basilique Saint-Jean de Latran, à Rome, comme le veut la tradition. Les rois de France le sont depuis Henri IV. Les présidents de la République ont hérité de cette prérogative. Cela leur donne le droit d'entrer à cheval dans la basilique de Latran.
Le nouveau chanoine en faisait des tonnes, au risque de réveiller dans sa tombe le petit père Combes. "Ma présence parmi vous ce soir témoigne de la fidélité de la France à son histoire et à une des sources majeures de sa civilisation", disait-il. "La foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature. Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes", disait-il encore.

Ce chanoine-là est adepte d'une sorte de christianisme paysager. Pendant sa campagne électorale, il avait beaucoup fait usage d'une image que lui soufflait Henri Guaino qui rédigeait (et rédige toujours) ses discours, celle du "long manteau d'églises et de cathédrales qui recouvre notre pays". Son premier déplacement de candidat avait été au Mont-Saint-Michel, "ce haut lieu de l'Occident chrétien".

Jacques Chirac allait à la messe, à l'occasion, mais n'en faisait pas toute une histoire. Nicolas Sarkozy est plus explicite. "Je suis de culture catholique, de tradition catholique, de confession catholique. Même si ma pratique religieuse est épisodique, je me reconnais comme membre de l'Eglise catholique", écrivait-il en 2004 dans son livre La République, les religions, l'espérance (éd. du Cerf). Il n'avait donc pas été choqué de voir, dans une première mouture du préambule à la Constitution européenne, une référence aux racines chrétiennes de l'Europe, finalement écartée du texte final, lui-même rejeté comme on sait par les Français lors du référendum de mai 2005. Le Vatican avait apprécié toutes ces attentions, y compris la lettre adressée à Benoît XVI par le nouveau président peu après son entrée à l'Elysée. Au fond, il n'a pas volé son titre de chanoine.

Avec son déploiement de gardes suisses, le rituel est immuable, mais la délégation française était improbable. Elle comportait le père Guy Gilbert, le prêtre des loubards, et l'humoriste Jean-Marie Bigard. Le premier ressemble singulièrement à Léo Ferré, le second à l'adjudant Kronenbourg imaginé par Cabu. Cela changeait évidemment des processions habituelles.

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