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Spe Salvi
"Ticking clock" pour la conversion des juifs

Relation avec les juifs, voyage de Benoît aux Etats-Unis et application du motu proprio sur la "messe en latin" . Autant de sujets déjà abordés à plusieurs reprises, et qui ne manquent pas d'inquiéter...

Article original en anglais sur le site de NCR:
Vatican faces ticking clock on prayer for conversion of Jews
Ma traduction.



Le Vatican face à un "ticking clock" (compte à rebours) à propos de la prière pour la conversion des Juifs

Il est notoire que le Vatican n'aime pas prendre des décisions avec le revolver sur la tempe, et cela à juste titre - des moments de crise et des pressions extérieures sont rarement compatibles avec une politique prudente.
Pourtant, il est un choix important auquel le Vatican doit faire face ces derniers jours, accompagné d'un compte-à-rebours (ticking clock) qui pourrait créer un sentiment d'urgence inhabituelle.
Le voici en résumé: Que faire de la prière du vendredi saint pour la conversion des Juifs, figurant dans l'ancien rite latin, dont le Pape Benoît XVI a autorisé une plus large utilisation?
Le compte-à-rebours est créé par le calendrier liturgique: Vendredi Saint tombe cette année le 21 mars, dans tout juste neuf semaines.

Même si cela serait préoccupant de toutes façons, le calendrier est encore compliqué par le fait que Benoît XVI va arriver aux Etats-Unis exactement trois semaines après le Vendredi Saint, et rencontrera une délégation inter-religieuse qui devrait comprendre les Juifs.
La dernière chose que les organisateurs souhaitent, c'est qu'un nuage de tension judéo-catholique, ne pèse sur l'événement.
C'est un sentiment particulièrement aigu étant donné le souvenir de la dernière visite de Joseph Ratzinger à New York, en 1988, quand une poignée de rabbins avaient refusé de le rencontrer pour protester contre des commentaires qui auraient prétendument suggéré que le christianisme est l'"accomplissement" du judaïsme.

S'il était nécessaire de rappeler la sensibilité juive à propos de la prière du vendredi saint, qui, entre autres choses demande à Dieu de «lever le voile de leurs cœurs," l'Anti-Defamation League" l'a inscrit fin décembre sur une liste des "10 questions affectant le plus les Juifs en 2007". (ndt:!!!)

L'ADL qualifie l'éventuel retour de la prière de retour en arrière théologique sur les réformes de Vatican II, et de défi pour les relations judéo-chrétiennes .
(Bien sûr, la déclaration de l' ADL n'a pas été bien acceptée dans certains milieux catholiques. Placer Benoît XVI sur la même liste de délinquants antisémites que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, par exemple, a même frappé certains catholiques profondément attachés au dialogue judéo-chrétien, et qui sont eux-mêmes préoccupés par la prière du vendredi saint, comme excessif. Néanmoins, c'est un indicateur que la prière demeure un enjeu.)
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A un certain niveau, cela peut sembler une chose facile à régler. En juillet dernier, le Cardinal Tarcisio Bertone, le secrétaire d'État du Vatican, a dit que le problème pourrait être résolu en substituant la prière pour les Juifs d'après Vatican II pour la liturgie du Vendredi Saint, qui ne fait plus référence à la conversion, mais demande que les Juifs «puissent arriver à la plénitude de la rédemption." Puisque les textes originaux de la nouvelle liturgie sont en latin, il serait relativement simple de demander aux communautés célébrant l'ancien rite latin d'utiliser la version plus récente de la prière.

(A la mi-novembre lors d'une consultation entre la Conférence des évêques des États-Unis et le Conseil national des synagogues, le Rév. Dennis McManus, un expert liturgique, a également lancé l'idée de retrouver une autre ancienne prière, ou d'en créer une nouvelle, mais la plupart des experts considèrent cela comme plus compliqué, et comme une possibilité à long terme. Mis à part les questions de contenu, l'avantage de la prière du rite d'après-Vatican II est qu'elle a déjà été approuvée pour l'usage liturgique.)

Alors, pourquoi ne pas simplement décréter tout de suite que la version latine de la plus récente prière doit être utilisée par tout le monde, et ainsi désamorcer la bombe avant qu'elle n'explose?

Une partie de la réponse, bien sûr, réside tout simplement dans la lenteur du cours normal des affaires au Vatican. Plus en profondeur, cependant, les experts disent que le vrai problème est la crainte d'une dérive: si les autorités ecclésiastiques sont disposées à réviser la prière du vendredi saint pour les juifs, au motif qu'elle n'est pas compatible avec l'enseignement de Vatican II, qu'en est-il des autres éléments de l'ancien rite qui, selon certains, posent des questions similaires?

Par exemple, la liturgie du Vendredi Saint contient aussi la prière pour les hérétiques et pour les schismatiques (incluant les protestants) et pour les païens (c'est-à-dire les non-chrétiens). Ces prières doivent-elles aussi être révisées, puisqu'elles ne reflètent pas [l'esprit] de Vatican II? Plus largement, certains critiques affirment que la majeure partie de la symbolique et de la langue de l'ancienne messe est incompatible avec la vision du Concile. Tout cela devrait-il être mis sur la sellette?....
En d'autres termes, le fait de créer un précédent en revoyant l'ancien rite de façon sélective pourrait conduire à sa mort par de nombreuses brèches.

Compte tenu de cette préoccupation, on ne sait pas comment l'incertitude quant à la prière du vendredi saint pourrait être résolue, ni quand. Bertone a annoncé cette semaine, dans une entrevue avec le magazine italien Famiglia Cristiana que le Vatican travaille à un document de clarification de l'application de la décision du pape, mais n'a donné aucun "timing".

Ceux qui s'intéressent aux relations entre juifs et catholiques, et aux résultats du voyage de Benoît aux États-Unis, seront certainement attentifs.
...



Bof!!!
Tout cela ne me dit rien de bon. On a l'impression que certains cherchent à faire monter la pression par anticipation, avant la visite du Saint-Père aux Etats-Unis, en Avril prochain. Un peu comme avant sa visite en Turquie, qui avait été finalement un grand succès.



Sur ce sujet

Les risques du motu proprio (John Allen)

Relations entre catholiques et juifs



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