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Spe Salvi
Moments forts des homélies et discours du Pape

Article original en anglais, sur le site de NCR:
Highlights from papal homilies and addresses
Ma traduction
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John Allen commence par faire allusion à un épisode de la vie sportive américaine que je connais mal (the Bowl Championship Series) qu'il compare, semble-t'il avec ce que nous appelons grosso modo en France "le marathon annuel des voeux" - ici avec un décalage dans le temps, puisque cela correspond à la période de Noël au Vatican.
Il s'agit plus précisément de la période qui commence à la mi-décembre avec le message pour la Journée mondiale de la paix, et a pris fin selon lui lundi dernier avec le Discours du pape au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège.

Entre ce qu'il qualifie, dans un langage imagé de "serre-livres réthoriques" (rhetorical bookends), il situe trois importantes homélies (Noël, la fête de Marie Mère de Dieu pour le Nouvel An et l'Epiphanie), ainsi qu'un important discours à la Curie romaine, le message Urbi et Orbi de fin d'année, un service de vêpres la veille du Nouvel An, et quatre discours d'Angelus.
El il note, avec sa manie des statistiques, que cela correspond à plus de 17.500 mots d'enseignement:
Il se propose d'en faire une synthèse, dans le but, entre autres, d'avoir une vue des priorités de Benoît pour 2008, année qui selon lui sera essentiellemnt marquée par sa visite aux États-Unis du 15 au 20 avril prochains.
Les points qu'il évoque sont développés à différents endroits dans ces pages.
Tel quel, c'est un résumé convenable.



(1) Autour du monde
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Au niveau géopolitique, Benoît a souligné l'«option préférentielle» du Vatican pour le Moyen-Orient et l'Afrique. Ce sont les deux seules zones explicitement citées dans le message de Benoît pour la Journée mondiale de la paix, célébrée par le Vatican le 1er Janvier.
Dans son allocution aux diplomates du 7 Janvier, Benoît a usé du ton le plus dramatique à propos de la crise au Darfour, avertissant que «l'espoir semble presque vaincu par les menaces de faim et de mort qui en découlent". S'exprimant en français, Benoît a également exprimé sa préoccupation pour le Congo, la Somalie, l'Éthiopie et le Kenya.
Sur le Moyen-Orient, le pape a appelé à nouveau à la paix entre Israéliens et Palestiniens. Il a dit que le peuple libanais doit être en mesure de "décider librement de son avenir", une référence indirecte à l'ingérence extérieure, surtout de la Syrie (ndt: il n'a rien dit...). Le pape a également exprimé les craintes suscitées par les attentats terroristes, les menaces et la violence »en Irak», en particulier contre la communauté chrétienne. "
Passant à l'Asie, le pape a mentionné l'Afghanistan, le Pakistan, le Sri Lanka. Sur l'Europe, Benoît salué les progrès vers la paix dans les Balkans et a appelé à la résolution du drame de longue date à Chypre. Il a déclaré que l'unité en Europe durera "si elle ne renie pas ses racines chrétiennes."
Benoît a également appelé à davantage d'efforts et de lutte contre le désarmement, en particulier en demandant à un règlement négocié du litige portant sur le programme nucléaire iranien.

(2) La famille
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Le thème du message pour la Journée mondiale de la paix était "La famille humaine, une communauté de paix".
Le pape a fait valoir que la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, est l'élément fondateur de la société et une "école de la paix."
À cet égard, le pape a fait valoir que les valeurs de la famille et de la justice sociale, souvent opposées dans la politique laïque, sont inséparables (a «package deal»): essayer d'avoir l'un sans l'autre, a-t-il averti, conduira à des souffrances.
"tout ce qui contribue à affaiblir la famille fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme, ce qui directement ou indirectement freine sa disponibilité à accueillir de manière responsable une nouvelle vie, ce qui entrave son droit à être la première responsable de l'éducation des enfants, constitue un obstacle objectif sur le chemin de la paix."

(3) L'environnement
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Benoît XVI est revenu à plusieurs reprises sur ce qui est devenu un leitmotiv dans ses préoccupations sociales et politiques: l'environnement, notamment la pénurie d'énergie. Dans son homélie de Noël, par exemple, le pape a déploré "l'abus de l'énergie et son exploitation égoïste et inconsidérée", disant que nous sommes témoins aujourd'hui d'"un monde pollué et dont l'avenir est en danger."
Benoît a dissocié sa mainmise sur l'écologie de l'écologisme laïque, en insistant dans son message pour la Journée mondiale de la Paix sur le fait que les êtres humains possèdent une valeur transcendante vis-à-vis de la nature, et que la politique environnementale doit être conçue indépendamment de «pressions idéologiques vers des conclusions hâtives."
Dans le même temps, Benoît a souligné que «les problèmes qui se profilent à l'horizon sont complexes, et le temps est court."
Avec les diplomates, le pape a cité le célèbre adage de Paul VI selon lequel "le développement est le nouveau nom de la paix."
Il a ajouté une touche d'écologie au mélange, en disant: «La paix est un engagement et un mode de vie qui exige que les aspirations légitimes de tous doivent être satisfaits, comme l'accès à la nourriture, l'eau et l'énergie, la médecine et la technologie, et surtout le contrôle des changements climatiques. "
Dans son homélie de l'Epiphanie, Benoît a souligné la nécessité de modes de consommation durables, en particulier dans les pays développés. Il a fait valoir que cette modération aujourd'hui n'est pas une simple «règle ascétique, mais une voie de salut pour l'humanité."

(4) L'Islam
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Par deux fois, Benoît a cité une lettre que lui avait été adressée en octobre par 138 intellectuels musulmans, les oulémas et savants, suggérant un terrain théologique d'entente entre musulmans et chrétiens.
"J'ai répondu avec joie, exprimant mon profond accord avec ces nobles sentiments, et en même temps, soulignant l'urgence d'un effort commun pour défendre les valeurs de respect réciproque, de dialogue et de collaboration", a-t-il dit à la Curie romaine.
"Notre reconnaissance de l'existence d'un seul Dieu, Créateur bienveillant et universel juge de la conduite de tout le monde, constitue la base pour une action commune dans la défense de la dignité de chaque personne humaine, et pour la création d'une société plus juste et fraternelle. "
Alors que les commentaires exprimaient la volonté de dialogue de Benoît, les observateurs ont également noté son utilisation délibérée du terme «réciproque» - un signal qu'il n'abandonnera pas son principal défi de la "réciprocité", ce qui implique le respect de la liberté religieuse, en particulier les droits des minorités chrétiennes .
Début janvier, le responsable officiel du pape pour le dialogue inter-religieux, le cardinal français Jean-Louis Tauran, a dit à L'Osservatore Romano qu'une délégation de responsables musulmans viendra à Rome, en février ou mars afin de planifier une rencontre historique entre Benoît XVI et une délégation de signataires de la lettre, plus tard, en 2008.
Des nuages d'orage, cependant, ont déjà commencé à peser sur le déroulement de cette rencontre.
Le 9 janvier, le Père jésuite Khalil Samir, l'un des plus influents conseillers du Vatican sur l'Islam, a publié un essai sur Asia News, avertissant que les organisateurs musulman recherchent peut-être l'"évasion dans le dialogue théologique" comme un moyen d'éviter les questions difficiles sur les droits de l'homme et la liberté religieuse.

(5) la Loi Naturelle
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Benoît XVI a maintes fois insisté sur le fait que les valeurs sociales telles que la paix, la justice et les droits de l'homme doivent être ancrées dans la loi naturelle, ce qui signifie une morale universelle, la vérité qui se retrouve dans les cultures et dans le temps.
«Le droit ne peut être une force efficace en faveur de la paix que si ses fondations solidement ancrées dans la loi naturelle, donnée par le Créateur», a déclaré Benoît aux diplomates.
Dans ce discours, Benoît a fait valoir que la notion de loi naturelle est implicite dans de nombreuses déclarations et accords internationaux sur les droits de l'homme - y compris la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont on célébrera le 60e anniversaire en 2008.
Dans son message pour la Journée de la Paix, Benoît a fait valoir que l'appréhension de la loi naturelle ne nécessite pas spécifiquement des convictions religieuses.
La connaissance de la norme morale naturelle n'est pas inaccessible à ceux qui, dans la réflexion sur eux-mêmes et leur destin, s'efforcent de comprendre la logique interne de la plus profonde inclination présente dans leur être", a dit le pape.
"Bien que non sans hésitation et doute, ils sont capables de découvrir, du moins dans ses grandes lignes, cette loi morale commune."
La loi naturelle sera sans doute un thème important de l'allocution que Benoît prononcera le 18 Avril à l'ONU. L'Université catholique d'Amérique parraine une grande conférence sur le thème "Une morale commune" organisée du 27 au 30 mars à la demande du pape.

6) Le Christ et la justice
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La signature personnelle de Benoît dans son enseignement social est peut-être son insistance à dire que les efforts pour construire une société juste sont voués à l'échec - parfois un échec monstrueux - sans Dieu, qui est révélé dans le Christ.
"A la soif de sens et de valeur si caractéristique du monde d'aujourd'hui, à la recherche de la prospérité et de paix, qui marque la vie de l'humanité tout entière, à l'espoir des pauvres, le Christ - vrai Dieu et vrai Homme - répond avec sa Nativité ", a dit le pape dans son discours Urbi et Orbi.
Dans son discours à la Curie, Benoît a exposé sa vision de la société:
«En venant à connaître le Christ, nous en venons à connaître Dieu, et uniquement à partir de Dieu, nous pouvons comprendre l'homme et le monde, un monde qui, autrement, reste une question sans réponse", a-t-il dit.
«Il est tellement important que dans le" bilan" de l'humanité, face à la réalité et aux sentiments de violence et d'injustice qui nous menacent, les forces opposées soient réveillées et renforcées", a dit Benoît.
«Grâce à la rencontre avec Jésus-Christ et ses saints, à travers la rencontre avec Dieu, le bilan de l'humanité est renforcée par ces forces du bien, sans lequel tous nos efforts dans l'ordre social ne peuvent jamais devenir réalité, mais - face à des pressions extraordinaires des autres Intérêts opposés à la paix et la justice - demeurent des théories abstraites. "

7) «Affirmative Orthodoxy"
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Finalement, les fêtes ont offert des exemples de ce que j'ai été amené à appeler l'«affirmative orthodoxy» de Benoît XVI, ce qui signifie une défense de la doctrine catholique classique présentée de manière positive.
Le pape a consacré son message de 3000 mots pour la Journée mondiale de la Paix, par exemple, à exalter la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, ouverte au don de la vie, sans mentionner une seule fois les thèmes sensibles (hot buttons) des «valeurs familiales» telles que l'avortement de l'homosexualité. Ils étaient implicites, mais il les a laissés sous-jacents, préférant articuler une vision positive.
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[Ici, John Allen revient brièvement sur l'argument qu'il a développé plus longuement dans un précédent billet: Benoît XVI et l'"affirmative orthodoxy".
Et conclut ainsi:]

Dans son homélie, lors des vêpres du 31 Décembre, Benoît décrit une approche qui pourrait servir de résumé à l'orthodoxie positive: la clé, dit-il, est de procéder "sans faire beaucoup de bruit, et dans une patiente confiance."



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