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Spe Salvi
La revanche du "post-communisme"

Visite annulée du Pape à la Sapienza: une brillante analyse d'un intellectuel italien, historien, grand spécialiste de l'époque moderne, Roberto de Mattei.

Cela me fait penser à un livre de Maurice Druon, intitulé "La France aux ordres d'un cadavre".
Il n'y a pas que la France, hélas.
Mais ce triste épisode, où certains ne veulent voir QUE la manifestation de l'intolérance, et le problème de la liberté d'expression, pourrait très bien avoir des effets bénéfiques.
Déjà celui de faire sentir au Pape combien il est aimé, ce n'est pas rien, et cette idée me plaît.
Mais elle ne suffit pas bien sûr. L'autre aspect, c'est le réveil des catholiques (pas en France, ne rêvons pas [*]). Et la prise de conscience, par les pouvoirs politiques et médiatiques, qu'il faut compter avec eux. Nous le verrons mieux après l'Angelus de dimanche (Tous Place Saint-Pierre, dimanche )
Et puis, bien sûr, l'impact du discours de Benoît XVI sera démultiplié, ne serait-ce qu'à cause du scandale médiatique qui a précédé sa publication.

L'article en italien a été reproduit sur le blog de Paolo Rodari.

Traduction (j'ai rajouté les titres de paragraphe)



L'offense faite au Pape

Ce qui est arrivé à Rome le 15 janvier 2008 est l'offense la plus grave adressée à un Pape depuis plus d'un siècle.
Ce qui rend l'outrage encore plus grave est que ceci se soit produit à Rome, le siège bi-millénaire de la Papauté et la ville "sacrée" de la Chrétienté, au moins jusqu'au 18 février 1985, date à laquelle le nouvel accord entre le Saint-Siège et le Gouvernement italien raya l'article I des accords du Latran, qui établissait qu' "en considération du caractère sacré de la Ville éternelle, siège épiscopal du Souverain Pontife, centre du monde catholique et but de pèlerinages, le Gouvernement italien aura soin d'empêcher à Rome tout ce qui pourrait entrer en conflit avec ledit caractère".

Reprenons les faits.
Le Recteur de l'Université "la Sapienza" a invité Benoît XVI à participer, le 17 janvier, à la cérémonie d'inauguration de l'année académique. L'Université romaine a été fondée par le Pape Boniface VIII en 1303 et, pendant plus de cinq siècles, jusqu'au 20 septembre 1870, elle a été l'université du Saint-Siège. Aujourd'hui, c'est une université de prestige mondial où un groupe restreint de professeurs (67 sur 4.500) et d'étudiants (quelques centaines sur 135.000) a réussi à imposer, dans la plus pure tradition jacobine, l'annulation de la visite papale.

Les politiques prennent le train en marche
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Les complicités de la classe politique italienne, plongée dans l'indifférence et dans le silence jusqu'au 15 janvier, sont évidentes.

Le Président du Conseil Romano Prodi pleure des larmes de crocodile, en exprimant "tristesse" et "regret" pour ce qui est arrivé, mais le gouvernement italien n'a rien fait pour éviter d'arriver à cette conclusion prévisible. Parmi les leaders politiques qui avaient perdu leur voix dans les jours précédents, il y a aussi le chef de l'opposition Silvio Berlusconi, qui aujourd'hui affirme tardivement que "la gauche a blessé l'Italie".

Le Pape, qui exerce sa souveraineté sur la Cité du Vatican, n'est pas un quelconque chef d'État, avec lequel la République italienne maintient des relations diplomatiques, mais est considéré, pas seulement par les catholiques, comme la plus haute autorité spirituelle et morale du monde entier, et il est invité dans les plus grandes instances internationales. L'Université est traditionnellement un lieu de recherche, un forum de discussion, un siège de confrontation intellectuelle, mais elle refuse la parole au Vicaire du Christ qui accomplit sa mission.
Benoît XVI est reçu partout, mais ne peut pas parler dans le Diocèse même dont il est Évêque, et dans lequel en 2000, année du Jubilée, a pu impunément se dérouler une outrageante "Gay Pride".

Le cadavre communiste bouge encore
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Les raisons de ce qui est arrivé sont purement idéologiques.
Le soi-disant "post-communisme" ne s'est pas libéré du marxisme-léninisme, mais seulement de la dimension utopique de cette pensée, en continuant à en faire la charge destructive.
Le noyau du marxisme, comme de chaque forme de pensée révolutionnaire, est en effet un évolutionisme dialectique qui se traduit par un relativisme culturel et moral radical et par la haine viscérale de toute institution familiale, politique et religieuse.
L'aversion pour l'Église et pour les racines chrétiennes de l'Occident est le vrai ressort propulsif de ceux qui ont voulu chasser Benoît XVI de l'Université de Rome.

Compter avec les catholiques
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L'écho donné par les "media" du monde entier à l'événement montre cependant l'importance que l'Église revêt encore aujourd'hui et le rôle croissant qu'elle remplit dans l'espace public.
Les prophéties antireligieuses des marxistes et des laïcistes se dissolvent comme neige au soleil: le Pape reste le protagoniste par excellence de la scène internationale et c'est justement pour cela qu'il reste la cible des forces antichrétiennes de tous bords.

Un stupéfiant inventaire (et un aveu) dans un journal communiste
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Rossana Rossanda dans l'éditorial du 16 janvier sur "il manifesto", "quotidien communiste", comme on le lit encore sur le bandeau, commence avec ces mots :
"Il y a deux jours Joseph Ratzinger a célébré la messe dans la chapelle Sixtine en tournant le dos aux fidèles. Liturgie que Vatican II avait remplacée par la célébration de face afin qu'elle ne soit pas un dialogue du prêtre avec dieu (ndr : "d" est en minuscule sur le quotidien), et les fidèles derrière, mais une célébration en commun. Maintenant on revient en arrière. Depuis qu'il est pape, il a rouvert la porte aux lefébvriens, il a fermé celle du dialogue oecuménique à l'intérieur même de l'aire chrétienne, il a nié à Ratisbonne dans un lapsus culturel qui n'était pas fortuit , toute spiritualité à l'islam, il a mis une halte à l'avancée du sacerdoce féminin, il a réaffirmé l'obligation du célibat pour les prêtres, il a dénié les sacrements aux divorcés remariés, il a repoussé les homosexuels dans les ténébres, il a condamné non seulement l'avortement et l'euthanasie, mais aussi toute forme de fécondation assistée, il a interdit (ndt: ???) la recherche sur les embryons, en intervenant chaque jour, directement ou par les évêques, sur les politiques de l'état italien.
Bientôt, nous en reviendrons au Syllabus " (ndt: il s'agit d'une liste des principales erreurs de notre temps, publiée dans une encyclique en 1854 par le pape Pie IX).

Tout le monde sait que Benoît XVI n'est pas un Pape "traditionaliste", au moins dans le sens restrictif que les mass media, attribuent au terme, mais le doux Pasteur qui, en défendant l'orthodoxie des principes, cherche avant tout la route du dialogue.
Combien serait sanglant le sort des catholiques, à Rome et dans le monde entier, si vraiment le Papa voulait aller jusqu'au bout de la Tradition, en faisant du Syllabus du Bienheureux Pie IX et de la Pascendi de Saint-Pie X son étandard?



(*)

- Ce matin, sur Europe 1, qui, décidément, récidive, une des 'plumes'- vedettes, Catherine Nay, nous a doctement expliqué (c'était à propos de la conception de la laïcité par Sarkozy, comme si le sujet était digne d'étude!) les dangers de la confusion entre les ordres spirituels et temporels, et elle a illusté sa théorie en nous racontant que "le Pape Benoît XVI avait été interdit de s'exprimer à l'université de Rome, parce qu'une majorité d'étudiants et de professeurs s'étaient opposés à son intervention"!!!

Et, lorsqu'on consulte le blog du journal catholique français de référence, La Croix, on s'aperçoit avec tristesse que les charges contre le pape sont bien dures, alors que les défenses sont bien tièdes.
L'auteur du blog, qui avait osé écrire qu'il valait "mieux rire de la bêtise de la polémique que pleurer de ses conséquences", a même dû battre en retraite, après avoir reçu un message de vertueuse indignation "Je n’aime pas les mots comme intolérance, bêtise, ignorance, ce sont des rejets de la pensée respectable des autres et non un essai de la comprendre".

Ah bon! Parce que cette pensée était respectable?






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