Le 1er février, Benoît XVI s'est rendu pour une visite traditionnelle au séminaire majeur de Rome.
Après l'homélie, très touchante, où il s'est adressé aussi aux parents d'une façon qui laissait percevoir qu'il vivait ses propos, et pensait à sa propre expérience avec ses parents, il a prononcé un extraordinaire discours "a braccio".

Photos à venir.

Voir ici le beau collage de Gloria: Séminaire de Rome
Article original en italien sur le site de Korazym.
Ma traduction

Le Pape aux séminaristes : la sainteté est le secret de chaque succès
Korazym
Angela Ambrogetti

Benoît XVI a consacré l'après-midi d'aujourd'hui à son séminaire, celui de l'évêque de Rome, le Séminaire Majeur. Un rendez-vous qui est une tradition et qui a vu aujourd'hui trois instants de rencontre : la prière, les vêpres et le repas.

--------------------
La vocation des enfants est aussi la vocation des parents.
Benoît XVI a consacré l'après-midi d'aujourd'hui à son séminaire, celui de l'évêque de Rome, le Séminaire Majeur. Un rendez-vous qui est tradition et qu'aujourd'hui il a vu trois instants de rencontre : la prière dans la petite chapelle historique qui accueille l'image de Marie "Mère de la Confiance" patronne du Séminaire, ensuite la récitation des Vêpres dans la grande chapelle centrale et le dîner avec les séminaristes et les familles.

"Vous êtes ici pour donner l'essor à votre vocation filiale et pour vous préparer à la future mission d'apôtres de Christ", a dit le pape dans la réflexion proposée. Après cela, une référence à l'engagement de la famille des jeunes séminaristes : "Probablement êtes-vous surpris de tout ce qui est arrivé et arrive à vos fils."
Questions que les parents, comme les fils, se posent sur le sens de la vocation. "Très souvent, vous vous êtes trouvés impliqués dans un chemin dans lequel votre foi est allée en se renforçant et en se rénovant. Vous vous êtes trouvés à participer à l'aventure merveilleuse de vos enfants."
Le pape a ensuite synthétisé le sens de la préparation dans le séminaire à travers deux passages : un certain "désert", afin que le Seigneur puisse parler au coeur, et la vie en communauté. La formation au sacerdoce comporte aussi cet aspect communautaire, qui est de grande importance.
Exortation finale, ensuite, à la sainteté, "le secret du vrai succès de votre ministère sacerdotal." Tout entier "à répondre de manière simple et humble à Celui qui vous appelle, en vous libérant du risque de réaliser seul votre projet personnel".

Le Séminaire a été fondé en 1565, actuellement il reçoit 117 seminaristies, dont 18 non italiens.

La dévotion à la Madonne de la Confiance remonte à 1774, lorsque le Séminaire Romain s'installa dans le Collège Romain et y trouva cette image de la Madonne de la Confiance. C'est une image provenant de Todi, apportée par le père jésuite Crivelli pour sa dévotion personnelle au Collège Romain. Durant le siècle dernier, surtout pendant la première guerre mondiale, la dévotion à la Madonne de la Confiance a trouvé une forte impulsion. Les séminaristes ont alors prié et fait un voeu à à Marie en demandant que leurs camarades partis pour le front puissent tous revenir sains et saufs. Pour la grâce reçue, l'Image et l'Autel furent "impreziositi" (ndt: je dirais "ornés de pierres précieuses"?). En 1965, Paolo VI "consacra" l'Image qu'on trouve dans la Chapelle Majeure.

Monsieur le Cardinal, Vénérés Frères dans l'Episcopat et dans le Sacerdoce, chers séminaristes et parents, chers frères et soeurs !

C'est toujours une grande joie pour l'Évêque de se trouver dans son Séminaire, et ce soir je remercie le Seigneur qui renouvelle pour moi cette joie, à la veille de la fête de la Madonne de la Confiance, votre céleste Patronne.
Je vous salue tous cordialement : le Cardinal Vicaire, les Évêques Auxiliaires, le Recteur et les autres Supérieurs, et avec une affection spéciale vous, chers séminaristes. Je suis heureux de saluer aussi les parents présents et les amis de la communauté du Séminaire Romain. Nous sommes rassemblés ici pour les premières Vêpres solennelles de cette fête mariale qui vous est chère. Nous avons écouté quelques versets de la Lettre de Saint Paul aux Galates, où l'on trouve cette expression : "plénitude du temps".
Seul Dieu peut "remplir le temps" et nous faire expérimenter le sens accompli de notre existence. Dieu a rempli le temps de lui-même, en nous envoyant son Fils Unique et il a fait de nous ses fils adoptifs : fils dans le Fils. En Jésus et avec Jésus, ", Vérité et Vie", nous sommes maintenant en mesure de trouver des réponses exhaustives aux attentes les plus profondes du coeur. La peur disparue, croît en nous la confiance vers le Dieu que nous osons appeler même "Abbà - Père!" .

Chers séminaristes, justement parce que le don d'être des fils adoptifs de Dieu a éclairé votre vie, vous avez senti le désir d'y faire participer aussi les autres. Vous êtes ici pour cela, pour donner l'essor à votre vocation filiale et pour vous préparer à la future mission d'apôtres du Christ. Il s'agit d'une unique croissance, qui, en vous permettant de savourer la joie de la vie avec Dieu le Père, vous fait d'autant plus sentir l'urgence de devenir des messagers de l'Évangile de son Fils Jésus. C'est l'Esprit Saint qui vous rend attentifs à cette réalité profonde et vous la fait aimer. Tout ceci ne peut pas ne pas susciter une grande confiance, parce que le don reçu est surprenant, il remplit de stupeur et comble d'une joie intime. Vous pouvez alors comprendre le rôle qu'a aussi dans votre vie Marie, invoquée dans votre Séminaire avec le beau titre de Notre-Dame de la Confiance. Comme le "Fils est né d'une femme" , de Marie, Mère de Dieu, ainsi aussi votre "être" fils de Dieu l'a comme Mère, comme vraie Mère.

Chers parents, vous êtes probablement les plus surpris par ce qui est arrivé et arrive à vos fils. Vous aviez peut-être imaginé pour eux une mission différente de celle pour laquelle ils se préparent maintenant. Qui sait combien de fois vous avez réfléchi à cela : pensé à nouveau à leur enfance, puis à leur adolescence ; aux fois où ils ont montré les premiers signes de la vocation ; ou bien, parfois, au contraire, aux moments où la vie de vos fils apparaissait loin de l'Église. Qu'est-il arrivé ? Quelles rencontres ont influé sur leurs choix ? Quelles lumières intérieures en ontorienté le chemin? Comment ont-ils pu même abandonner des perspectives de vie prometteuses, pour choisir d'entrer en Séminaire?
Regardons Marie ! L'Évangile nous fait comprendre qu'Elle aussi s'est posé tellement de questions sur son Fils Jésus, et a médité si longtemps sur Lui .

Il est inévitable que la vocation des fils d'une certaine façon devienne aussi vocation des parents. En cherchant à les comprendre et en les suivant dans leur parcours, vous aussi, chers papa et chères mamans, très souvent, vous vous êtes trouvés impliqués dans un chemin dans lequel votre foi est allée en se renforçant et en se rénovant. Vous vous êtes retrouvés à participer à l'aventure merveilleuse de vos fils.
En effet, même si il peut sembler que la vie du prêtre n'exerce pas d'attrait pour la majorité des gens, en réalité, il s'agit de l'aventure la plus intéressante et la plus nécessaire pour le monde, l'aventure de montrer et rendre présente la plénitude de vie à laquelle tous aspirent. C'est une aventure très exigeante ; et il ne pourrait pas en être différemment, parce que le prêtre est appelé à imiter Jésus, "qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour racheter la multitude".

Chers séminaristes, ces années de formation constituent un temps important pour vous préparer à l'exaltante mission à laquelle le Seigneur vous appelle. Permettez que je souligne deux aspects qui caractérisent votre expérience actuelle.
D'abord, les années du Séminaire comportent un certain détachement de la vie commune, un certain "désert", afin que le Seigneur puisse parler à votre coeur. Sa voix en effet n'est pas bruyante, mais soumise, elle est voix du silence. Pour être écouté il demande donc un climat de silence. Pour cela le Séminaire offre des espaces et temps de prière quotidienne; il soigne beaucoup la liturgie, le méditation de la parole de Dieu et l'adoration eucharistique. En même temps, il vous demande de consacrer de longues heures à l'étude : en priant et en étudiant, vous pouvez construire en vous l'homme de Dieu que vous devez être et que les gens attendent que le prêtre soit.

Il y a ensuite un second aspect de votre vie : pendant les annés de Séminaire, vous vivez ensemble ; votre formation au sacerdoce comporte aussi cet aspect communautaire, qui est de grande importance. Les Apôtres se sont formés ensemble, en suivant Jésus. Votre communion ne se limite pas au présent, mais concerne aussi le futur : l'action pastorale qui vous attend devra vous voir agir unis comme dans un corps, dans un ordre, celui des prêtres, qui avec l'Évêque prennent soin de la communauté chrétienne. Aimez cette "vie de famille", qui pour vous est anticipation de cette "fraternité sacramentale" qui doit caractériser chaque prêtre diocésain.

Tout ceci rappelle que Dieu vous appelle à être saint, que la sainteté est le secret du vrai succès de votre ministère sacerdotal.
Dès maintenant la sainteté doit constituer l'objectif de chacun de vos choix et chacune de vos décisions.
Confiez ce désir et cet engagement quotidien à Marie, à la Mère de la Confiance ! Ce titre si apaisant correspond à l'invitation évangélique répétée : "Ne crains rien", que l'Ange a adressé à la Vierge, et ensuite tant de fois Jésus aux disciples. "Ne crains rien, parce que je suis avec toi", dit le Seigneur. Dans l'icône de la Madonne de la Confiance, où l'Enfant indique la Mère, il semble que Jésus ajoute : "Regarde ta Mère, et ne crains rien".
Chers séminariste, vous parcourez le chemin du Séminaire avec l'esprit ouvert à la vérité, à la transparence, au dialogue avec ceux qui vous guident et cela vous permettra de répondre de manière simple et humble à Celui qui vous appelle, en vous libérant du risque de réaliser un projet seulement personnel. Vous, chers parents et amis, accompagnez les séminaristes avec la prière et avec votre constant soutien matériel et spirituel.
Moi aussi, j'assure à vous tous un souvenir dans ma prière, pendant qu'avec joie, je vous accorde la Bénédiction Apostolique.

Salutations "a braccio"
-------------
Je voudrais remercier votre porte-parole pour ces belles paroles, remercier pour cette possibilité d'être avec vous.
Je me sens réellement à la maison ici où beaucoup de jeunes se préparent à être des messagers du Christ, évangélisateurs dans notre monde. Aujourd'hui, lors des vêpres, j'ai été particulièrement touché par les mots du psaume où Israël remercie Dieu pour le don de la parole qui descend comme la laine. Et il dit : tu ne l'as pas fait à tous les autres, à nous seulement tu as donné cette grâce de connaître ta volonté, ton projet. Les israélites n'ont pas considéré comme un poids, un joug sur leurs épaules, de connaître les commandements de Dieu, mais comme un grand don : dans la nuit du monde ils savent qui est Dieu et connaissent où aller, quelle est la route de la vie.

Avec ces mots, cela vaut encore beaucoup plus pour nous chrétiens de savoir que la parole de Dieu n'est plus seulement commandement mais est don de l'amour incarné dans le Christ. Réellement nous pouvons dire : merci Seigneur parce que tu nous as donné ce don de te connaître ; qui te connaît en Christ connaît ainsi la parole vivante et connaît dans l'obscurité, parmi toutes les énigmes de ce monde, parmi tant de problèmes insolubles, où aller : d'où nous venons, ce qu'est la vie, ce à ce quoi nous sommes appelés.

Et je pense immédiatement qu'avec ce remerciement pour la connaissance et le don, la connaissance du Dieu incarné, doit aussi se réveiller cette idée : mais ceci je dois le communiquer aux autres, eux aussi cherchent, eux aussi veulent vivre bien, eux aussi ont la soif de trouver la route juste et ils ne la trouvent pas.C'est d'autant plus une grâce et même une obligation de connaître Jésus et avoir la grâce d'être appelé par lui justement pour aider les autres, afin qu'eux aussi puissent remercier Dieu avec joie parce qu'ils ont la grâce de savoir qui ils sont, d'où ils viennent, où ils vont.

La Madonne de la Grâce, la Madonne de la Confiance, s'est confiée totalement au Seigneur avec un grand courage.
Le sacerdoce, comme je l'ai dit dans le sermon, est une aventure, dans ce monde d'aujourd'hui avec tant d'oppositions, tant de négations de la foi. C'est une aventure, mais une aventure très belle parce qu'en réalité dans la profondeur du coeur il y a cette soif de Dieu.

Ces jours-ci j'ai eu la visite ad limina des évêques greco-catholiques de l'Ukraine. Surtout dans la partie orientale, à cause du régime soviétique, plus de de la moitié de la population se déclare agnostique, sans religion. Je leur ai dit : que faites-vous, comment se comportent-ils, que veulent-ils ? Et tous les évêques disent : ils ont une grande soif de Dieu et ils veulent savoir, ils voient qu'ils ne peuvent pas vivre ainsi.

Donc, même avec toutes les contradictions, résistances, oppositions, la soif de Dieu est bien là, et nous avons la belle vocation d'aider, de donner la lumière. Ceci est notre aventure. Certes, il y a beaucoup de choses imprévisibles,beaucoup de complications, de souffrances, et tout le reste. Mais même la Madonne, au moment de l'annonciation, savait que devant elle, il y avait une route méconnue et, en connaissant la Sainte Écriture, elle pouvait calculer qu'il y aurait aussi beaucoup de souffrances sur cette route.
Mais elle a cru en la parole de l'ange : ne crains rien parce qu'à la fin Dieu est plus fort, ne crains rien, pas même la croix, ni toutes les souffrances, parce qu'à la fin Dieu nous guide, et même ces souffrances aident pour arriver à la plénitude de la lumière.
Ainsi la Madonne de la Confiance vous donne aussi cette grande confiance, ce courage, cette joie d'être des serviteurs du Christ, de la vérité, de la vie.

Merci à vous tous et que le Seigneur vous bénisse tous!

Photos
Videos