Ce 10 janvier, Benoît XVI a reçu les voeux des représentants de la ville de Rome, de la province du Latium, et de la Région.
La situation est très semblable à celle de la France, l'optimisme de la classe politique aussi, et jusqu'à leur discours (on observera avec amusement que le maire de gauche Walter Veltroni y a été, de son petit couplet sur la " civilisation de paix", qui évoque furieusement la "politique de civilisation" de notre nouveau penseur national).
Le Pape, évidemment, n'énonce pas de formules aussi creuses.
Il dit, avec des mots simples, des choses belles et concrètes, se préoccupant vraiment, avec sensibilité et humanité, du sort des gens. C'est, en substance, ce qu'il avait déjà dit en juin dernier lors de la Rencontre Ecclésiale avec le Diocèse de Rome, évoquant encore l'urgence éducative, la perte des repères (le rôle des medias), et la place de la famille.

Au moins tout autant qu'un "pape vert", il est un "pape social".

Quel dommage que cette grande voix ne soit pas entendue chez nous.

Article sur Petrus

Ma traduction partielle (je n'ai pas traduit ce qui se rapporte trop exclusivement à la politique intérieure italienne)

"Rome, ville toujours plus pauvre et de moins en moins sûre"
Bruno Volpe
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Rome vit une grave urgence éducative, et comme si cela ne suffisait pas, elle souffre auusi de la présence de nombreux zones de pauvreté.

Dans le traditionnel message de voeux aux administrateurs de la Région du Latium, de la Province et de la Capitale (avec à sa tête le Maire Walter Veltroni), Benoît XVI a commencé par rappeler le meurtre barbare de la pauvre Giovanna Reggiani, de Tor di Quinto, cruellement assassinée par un citoyen roumain dans les semaines passées : "Un évènement tragique", qui "a placé brusquement notre population face au problème non seulement de la sécurité, mais aussi de la très grave dégradation de quelques secteurs de Rome. Tout particulièrement ici, il est nécessaire, bien au-delà de l'émotion de l'instant, d'oeuvrer de manière constante et concréte, dans le double et inséparable but de garantir la sécurité des citoyens et d'assurer à tous, en particulier aux immigrés, au moins le minimum pour une vie honnête, et la dignité ".

L'Église, à travers la Caritas et beaucoup d'autres réalités de volontariat, animées par des laïques et des religieux et religieuses, a rappelé le Pape, "se prodigue aussi sur cette difficile frontière, sur laquelle restent évidemment irremplacables les responsabilités d'intervention des publics pouvoirs".

Le Pontife souligne l'urgence de la pauvreté, une plaie qui se répand au niveau national : "Elle augmente surtout dans les grandes périphéries - a dénoncé Benoît XVI - mais commence à être présente dans d'autres contextes et situations qui semblaient être à l'abri. L'Église participe de tout son coeur à l'effort pour la soulager, en collaborant volontiers avec les institutions civiles, mais l'augmentation du coût de la vie, en particulier les prix des logements, le manque persistant de travail et aussi les salaires et les retraites souvent inadéquats, rendent vraiment difficiles les conditions de vie de beaucoup de personnes et de familles ".
En somme, un tableau bien différent de l'optimisme béat du gouvernement.
Le Saint Père, lance un fort cri d'alarme relativement à un autre malaise.
"Nous ne pouvons pas nier que nous nous trouvons confrontés à une urgence éducative, comme je le soulignais le 11 juin dernier, m'exprimant lors de la Rencontre du Diocèse de Rome.
Les parents tout comme les enseignants le savent bien, eux qui aussi pour cette raison sont tenus d'abdiquer leur tâche d'éducation.
Eux-mêmes, du reste, dans l'actuel contexte social et culturel imprégné de relativisme et même de nihilisme, réussissent difficilement à trouver des points de référence sûrs qui puissent les soutenir et les guider dans la mission d'éducateurs, comme dans toute leur conduite de vie ".
Cette urgence ne peut pas laisser indifférents, dit le Pape, "ni l'Église, ni vos Administrations. Ils sont en effet clairement sollicités, avec la formation des personnes, les bases mêmes de la cohabitation et l'avenir de la societé. Pour sa part, le Diocèse de Rome consacre à ce devoir difficile une attention particulière qui se traduit dans les différents milieux éducatifs de la famille et de l'école et dans les paroisses, associations et mouvements divers, dans les oratoires, les initiatives culturelles, le sport et le temps libre ".
Le Pontife prend ensuite acte des offensives continues et féroces contre la famille :

"Nous voyons chaque jour combien sont insistantes et menaçantes les attaques et les incompréhensions vis-à-vis de cette fondamentale réalité humaine et sociale. Il est donc plus que jamais nécessaire que les Administrations publiques ne soutiennent pas de telles tendances négatives, mais au contraire offrent aux familles un soutien convaincu et concret, dans la certitude d'oeuvrer ainsi pour le bien commun ".

Dans son message de voeux au Pape, le Maire de Rome, Walter Veltroni, a admis qu'il "nous reste encore beaucoup à faire". Mais tout de suite, il a ajouté : "Rome est ainsi, une communauté ouverte et accueillante, active dans la bataille contre la pauvreté et l'injustice sociale, contre l'aridité d'une societé d'exclusiion. C'est une communauté qui veut réussir à continuer à consacrer son temps au prochain, aux plus faibles, à ceux qui souffrent, pour contribuer à construire une civilisation de paix, de tolérance et la possibilité pour chaque personne de mener une existence libre et digne ".

On observera que le Pape ne craint pas d'évoquer sans langue de bois le problème de la sécurité des citoyens de Rome, et de rappeler le meurtre d'une femme par un resortissant roumain.
Il est parfaitement normal qu'il demande aux autorités d'assurer un minimum aux immigrés, car évidemment, lorsque l'on laisse se créer une situation impossible, il faut prendre ses responsabilités et pouvoir en assumer les conséquences.

A propos du discours prononcé lors du Congrés ecclésial du Diocèse de Rome, voir ici:
Article
Discours du Saint-Père