Polémique italienne

Nous avons reproduit, dans ce pages, "le cri d'alarme de Benoît XVI" s'adressant aux autorités civiles du Latium, en particulier le maire de Rome Walter Veltroni, ex-communiste, rebaptisé "centre-gauche", à l'occasion de la traditionnelle cérémonie des voeux (Le Pape social ).
Il paraît que de l'autre côté des Alpes, la polémique n'était pas loin.
Les propos ont été instrumentalisés d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, qui en profitant pour brocarder la gauche, qui pour stigmatiser "l'ingérence" de l'Eglise dans les affaires de l'état.

A tel point que la salle se presse du Saint-Siège a cru nécessaire de publier une mise au point:



"On ne peut qu'être étonné face à la manipulation politique des propos que le Saint-Père adressait hier aux élus de la Région Latium, de la Province et de la Municipalité de Rome. Il n'était bien entendu pas dans ses intentions de minimiser l'action sociale accomplie avec une notable vigueur par les administrations régionales et communales. D'ailleurs, en sa qualité d'Evêque de Rome, il a souvent et encore récemment salué les réalisations acquises pour le bien de la population. Il l'a fait hier aussi. Ceci dit, se faisant la voix de ceux qui s'adressent à lui, le Pape ne pouvait passer sous silence des situations humaines particulièrement graves dont le traitement réclame l'engagement de tous. Ainsi qu'il l'a assuré, l'Eglise fera sa part et offrira sa collaboration" aux divers pouvoirs publics.

(source: VIS du 11/1/2007)



Une fois encore, on peut se poser la question:

Le Pape a-t'il encore le droit de s'exprimer?

Il semble que, définitivement, on ne lui laisse la possibilité de parler que sur le thème de l'environnement - détournant au besoin ses propos - dans son nouvel habit de Pape Vert, qui semble taillé tout exprès pour le rendre muet sur tous les autres sujets...
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L'article ci-dessous, reproduit sur le site Angola Press, résume les tensions entre le Saint-Siège et le pouvoir politique italien: la presse trouve évidemment un malin plaisir à jeter de l'huile sur le feu.



ITALIE: Benoît XVI s`inquiète pour Rome et embarrasse la gauche au pouvoir
Angola Presse

Une remarque de Benoît XVI au maire de Rome Walter Veltroni sur "l`état de dégradation" de certains quartiers de sa ville a ravivé le malaise de la coalition de gauche au pouvoir en Italie, regroupant laïques et catholiques, face au poids du Vatican dans la politique de la Péninsule.
Les médias italiens, toutes tendances confondues, ont vu dans les paroles du pape un camouflet infligé à M. Veltroni, étoile montante du centre-gauche à la tête du nouveau Parti démocrate (PD) qui aspire à la succession de Romano Prodi, alors que le PD est déjà divisé par une énième offensive de l`Eglise contre l`avortement.
Vingt-quatre heures après l`incident alimenté par les commentaires sarcastiques de l`opposition et amplement commenté par les citoyens de la "ville éternelle", le Vatican s`est efforcé vendredi de calmer le jeu, s`étonnant dans un communiqué d`une "instrumentalisation politique".
Le pape, également évêque de Rome, en recevant jeudi les autorités locales pour le traditionnel échange de voeux, avait déploré "l`état de grande dégradation" et "l`aggravation de la pauvreté" dans "certaines zones" de la capitale italienne.

Revue de presse
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"Le pape tire les oreilles à Veltroni", a titré vendredi Il Giornale, appartenant à la famille du chef de l`ancien chef de gouvernement (droite) Silvio Berlusconi, tandis que Roberto Calderoli (Ligue du nord, populiste) a affirmé qu`il s`agissait d`une "excommunication".
Selon la Repubblica (gauche) et Il Messagero (conservateur), M. Veltroni a été "stupéfait" par une attaque "inattendue".
Il l`a trouvée d`autant plus injuste que Benoît XVI a loué l`action des associations caritatives catholiques sans mentionner le soutien financier reçu de la municipalité ni les efforts de cette dernière en faveur du développement économique, social et culturel de la ville.
"Les banlieues de Paris et de Londres sont beaucoup plus dégradées que les nôtres", a fait remarquer l`architecte Massimiliano Fuksas, ami de M. Veltroni.
Le président communiste de la Chambre des députés Fausto Bertinotti a bien cherché à dédramatiser en déclarant que le pape "mérite d`être écouté comme n`importe quel habitant de Rome".
Mais son humour pince-sans-rire est tombé à plat: parmi les personnalités politiques italiennes, bien peu se risquent à prendre à la légère les interventions du Vatican et de l`Eglise dans la vie politique.
Il Manifesto (extrême-gauche) lui-même a consacré plusieurs pages à l`épisode et à ce pape "qui se prend pour le maire de Rome".



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