Crise politique en Italie

Une dépêche de l'AFP replace la démission du gouvernement Prodi dans le contexte de relations tendues... non pas entre la société et l'Eglise, comme c'est suggéré ici, mais entre le gouvernement et l'Eglise (déjà évoquées ici : Combien de divisions crée le Pape , et ici : Le rôle du pape ), ce qui est très différent.

Elle le fait en toute mauvaise foi, évidemment, et il n'est pas inutile de le constater, convoquant pour l'occasion un sondage douteux, voire "bidonné" (le Pape aurait baissé de 10 points en un an dans les sondages, comme un vulgaire politicien) qui contredit toutes les analyses récentes lues dans la presse italienne ( voir L'effet Ratzinger et encore L'imprévisible succès du pape timide ), et, surtout, mélangeant tout: elle oublie en effet un peu trop vite que c'est le gouvernement prétendument de "centre"-gauche qui implose, et qu'une partie de l'opinion publique n'apprécie sans doute pas les positions extrêmistes défendues par ses alliés libertaires sur les questions de société.
On retrouve aussi malheureusement dans cette compilation d'inexactitudes politiquement marquées l'argument de l'évêque de Pise (Mgr Plotti critique les banderoles, Pl. St-Pierre ) selon lequel l'appel à la mobilisation autour du pape Benoît XVI après l'annulation de sa visite controversée à l'université La Sapienza de Rome le 17 janvier a divisé l'opinion publique plus qu'elle ne l'a rassemblée.

Mais alors, pourquoi serait-ce le gouvernement de gauche qui en aurait fait les frais???



Italie: crise politique dans un climat de défiance envers les institutions
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La chute de Romano Prodi survient dans un climat de défiance des Italiens envers leurs institutions, alimenté par le scandale des ordures à Naples, le regain de tension entre politique et justice et l'interventionnisme du Vatican.
La société et la classe politique ressemblent de plus en plus "à un couple séparé qui vit dans la même maison", a commenté vendredi le président de l'institut d'études politiques Eurispes Gian Maria Fara.

Coïncidence de calendrier, M. Fara présentait le rapport annuel de son institut sur l'état de l'opinion en Italie alors que le président de la République Giorgio Napolitano engageait ses consultations pour trouver une issue à la crise politique.

Hormis justement le chef l'Etat, respecté par 58,5% des citoyens, la cote des institutions est déplorable: 25,1% d'opinions favorables pour le gouvernement, 19,4% pour le Parlement, 14,1% pour les partis, selon l'étude Eurispes réalisée dans les derniers jours de 2007.
L'Eglise catholique elle-même passe pour la première fois sous la barre des 50% de bonnes opinions (49,7%) avec une perte de dix points en un an.

Cette chute est attribuée par Gian Maria Fara à "des interventions jugées excessives sur des thèmes que l'opinion publique interprète avec une sensibilité différente".
Dans la dernière période, le Vatican et la hiérarchie catholique ont tout fait pour empêcher l'adoption d'une loi sur la reconnaissance des unions civiles et pour rouvrir le débat sur l'avortement auquel ils sont opposés. Ils ont également multiplié les critiques sur l'état de l'Italie.

Par ailleurs, leur appel à la mobilisation autour du pape Benoît XVI après l'annulation de sa visite controversée à l'université La Sapienza de Rome le 17 janvier a divisé l'opinion publique plus qu'elle ne l'a rassemblée.

La seule institution en hausse dans l'étude Eurispes, avec cependant seulement 42,5% d'opinions favorables, est la justice alors que l'année 2007 a été marquée par un bras de fer entre plusieurs magistrats et le ministre de la Justice Clemente Mastella, un catholique centriste, bête noire de la gauche.

M. Mastella, mis en cause dans une affaire de corruption dans son fief de Campanie (sud), est à l'origine de la chute de M. Prodi en démissionnant et en quittant la coalition au pouvoir.

La justice vient en outre de subir un désaveu cinglant par l'Assemblée régionale de Sicile qui a voté jeudi la confiance à son président Salvatore Cuffaro (droite), condamné le 18 janvier à cinq ans de prison et à l'interdiction de toute fonction élective pour avoir renseigné des mafieux sur la surveillance dont ils étaient l'objet.

"Pendant que les entrepreneurs siciliens combattent le +pizzo+ (racket mafieux) le gouverneur de la Sicile reste à son poste", s'est indigné vendredi le président de la Confindustria, Luca Cordero di Montezemolo, faisant allusion à la campagne contre le pouvoir économique de la mafia menée par son organisation patronale.

Le président communiste de la commission parlementaire antimafia, Francesco Forgione, avait estimé mardi que le maintien de Salvatore Cuffaro "aggrave le jugement général porté sur la politique et en aiguise la crise".

La chute du gouvernement a fait passer au second plan le scandale des milliers de tonnes d'ordures en souffrance dans la région de Naples, la métropole du Mezzogiorno mise en coupe réglée par la Camorra, la mafia napolitaine.

Ce "désastre des immondices" que l'Etat et les autorités locales, tirant à hue et à dia, peinent à résorber, "est avant tout celui de la corruption des dirigeants de l'administration publique et de la criminalité privée", a commenté vendredi l'hebdomadaire L'Espresso (centre-gauche).



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