Polémique à l'Université de Rome (3)

Le journaliste italien Paolo Rodari, dans son blog "Palazzo Apostolico", apporte un éclairage inédit.

Article original en italien ici: www.palazzoapostolico.it/
Traduction


Le discours de la Sapienza est prêt. Le Saint-Siège craint pour la traduction
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De 10h50 à 12h35 - c'est le laps de temps, selon le programme qui circulait hier au Vatican, que Benoît XVI passera après-demain à la Sapienza à l'occasion de l'inauguration de l'année universitaire - il y a largement le temps de prononcer, si ce n'est une "lectio magistralis" comme prévu initialement, au moins un discours ample et articulé.
Le Pape a l'intention d'exploiter chaque minute pour lire, ainsi qu'il le faisait autrefois lorsqu'il enseignait dans les facultés théologiques allemandes, un texte écrit de sa main, long et articulé, culturellement très engagé. Dédié, fort probablement, au rapport entre foi et raison, entre science et foi. Sans toutefois entrer directement dans les critiques de ces jours-ci, c'est-à-dire celles relatives à un discours qu'il prononça en 1990 et dans lequel il cita (sans, à la vérité s'approprier ses mots) Feyerabend, qui défendait l'Église contre Galilée.

Le Vatican, évidemment, défend la légitimité de la visite.
Les uniques inquiètudes, davantage que les protestations et les manifestations programmées à l'extérieur du grand amphi, viennent de l'intérieur des "Murs sacrés". Déjà, parce que la question qui circule à la Curie est celle-ci : qui traduira en italien le texte écrit en allemand par le Pape ?
La section de langue allemande du secrétariat d'État (ce serait le bureau compétent) ou bien l'allemande Ingrid Stampa, ex-gouvernante de Ratzinger, qui aujourd'hui, affectée dans le service de Mgr Sardes au sein de ce même secrétariat d'État, ne se signale pas toujours (avec des conséquences à ne pas sous-estimer) pour la rigueur et la précision dans les traductions des discours papaux ?

Mis à part le discours, Benoît XVI tient beaucoup à la visite de jeudi. Instaurer un dialogue sérieux avec le monde académique est pour lui un acte qu'il considère fondamental dans la mesure où c'est gâce à ce dialogue qu'il est possible d'instaurer une oeuvre d'évangélisation et de divulgation de la foi plus efficace.
Et, en général, c'est au monde académique que le Pape adresse une grande partie de ses attentions.
En prémier lieu au monde académique "intra" ecclésial c'est-à-dire à celui des facultés pontificales et des instituts religieux où, en somme, étudient et se forment les futurs prêtres et les religieux.

Justement, ces jours-ci au Vatican, coïncidant avec la visite du Pape à la Sapienza, le nouveau secrétaire de la congrégation pour l'éducation catholique, le dominicain français, Mgr Jean- Louis Bruguès, encore récemment évêque d'Angers, a commencé à travailler à plein régime.
Théologien moraliste, appartenant à l'école dominicaine de pensée thomiste, Bruguès se distingue parmi ses confrères français par un attachement particulier aux traditions de son ordre. C'est une caractéristique de la Province dominicaine de Toulouse, dont le nouveau "numéro 2" du "ministère" pour l'éducation catholique est originaire.
À Toulouse, la devise dominicaine "Contemplari et contemplata aliis tradere" (contempler et transmettre aux autres ce qu'on a contemplé), n'est pas un "option" mais la règle à mettre en pratique en toile de fond de chaque journée.

Bruguès a été l'objet d'une certaine attention de la part du monde des media en Mars 1997 lorsqu'il travailla pour la publication sur l'Osservatore Romano d'un long "excursus" sur le thème "Anthropologie Chrétienne et homosexualité".
Ce fut particulièrement l'Unità (journal communiste, ndt) qui le critiqua, notant que ses prises de position étaient dignes de figurer dans une "Summa" théologique sur l'homosexualité.

En ce moment, Bruguès et le préfet pour l'éducation catholique, le cardinal polonais Zenon Grocholewski, attendent avec attention le discours du Pontife à la Sapienza.
Du texte, ils pourront eux aussi déduire d'importantes indications à mettre en pratique dans le cadre de leur propre activité. En particulier, autour de la nécessité de mettre en place une confrontation avec la culture contemporaine sans oublier les vérités de la foi.
Une méthodologie, que Ratzinger a fait sienne depuis les années où il a souhaité rencontrer les diverses personnalités du monde académique et culturel dans ce que l'on nomme "Ratzinger Schuelerkreis", le cercle formé de quelques uns de ses anciens élèves, qui, à la fin des deux derniers étés, s'est réuni dans la résidence estivale papale de Castelgandolfo.


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