Les catéchèses
I. Sa vie
II. Dernières années
III. Foi et raison
IV. Oeuvres
V. Les trois conversions
Compléments
Le professeur et le bloc-notes des fidèles

Article du Corriere della Sera.
Texte original ici:
Il professor Ratzinger e il taccuino dei fedeli, http://www.et-et.it/articoli2006



Corriere della Sera, 22 octobre 2006.

Le professeur Ratzinger et le bloc-notes des fidèles
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« Il est urgent de "trouver de nouvelles routes qui aident l'Occident à sortir de la dramatique crise de culture et d'identité qui est maintenant sous les yeux de tous ". Personne n'a oublié le mythe inquiétant d'Icare!»
Ainsi s'exprime Benoît XVI à la "Lateranese", "son" université, l'université pontificale par excellence.
Donc, après celles de Vérone, d'autres mises en garde papales, d'autres dénonciations de notre temps et de sa culture?

Nous ne prétendons certes pas que tout le monde est d'accord avec les orientations du Pape. Nous voudrions cependant pousser à la réflexion ceux qui secouent la tête et passent outre, excédés, pensant aux habituelles jérémiades des clercs, aux sempiternelles condamnations par les prêtres de la malignité des temps.

Ce n'est pas céder à l'apologétique catholique, c'est un fait que l'honnêteté exige de reconnaître. Personne, parmi les papes qui ont rythmé la vie de ceux qui ont aujourd'hui une soixantaine d'années ne pourrait être défini comme quelqu'un de "démuni": c'est-à-dire un prêtre privé d'une culture profonde et d'une solide expérience humaine. Comment ranger dans cette catégories des Pacelli, des Roncalli, des Montini, des Wojtyla ? Le destin a voulu que le monde n'ait pas eu le temps de connaître qui était Albino Luciani : mais ceux qui l'ont cotoyé savent quelle richesse se cachait derrière un look de bon curé de campagne.
Entre autre - en élargissant la perspective pour l'humiliation des pessimistes qui voient partout du déclin- l'observation de père Hubert Jedin, l'un des plus grands historiens du XXe siècle, continue à s'imposer. Cet érudit observait qu'après la sanglante purification par la main de la Révolution Française puis de l'Empire napoléonien, la série des papes qui se sont succédé pendant deux siècles jusqu'à nous, ne comptait pas un seul nom qui ne fût digne d'être inscrit dans le catalogue des bienheureux ou des saints.
En effet, pour quelques uns d'entre eux, cette glorification est déjà une réalité; pour autres les procès sont en cours. Selon Jedin, une telle suite ininterrompue d'hommes si dignes est sans équivalent dans l'histoire précédente du pontificat.

Sinon dans la provocation, pas même le plus partial des anticléricaux ne pourrait soutenir que Benoît XVI interrompt une telle succession, qu'un croyant n'hésite pas à juger providentielle. D'autre part, en ce qui le concerne, le pape bavarois ajoute un prestige intellectuel qui ne manquait certes pas à ses prédécesseurs, mais qui chez lui semble être la marque-même du pontificat.
Pour s'en tenir à son vénéré Jean Paul II: il y avait en lui une richesse de dons et de vertus propres à en faire une sorte d'unicum, comme en témoigne l'impressionnante réaction de masse à sa mort. Parmi tant de qualités de Karol Wojtyla, la culture - également bien présente - n'était qu'un des aspects parmi beaucoup d'autres d'une personnalité extraordinairement "polyédrique". Chez Ratzinger, par contre, l'instinct populaire sent prévaloir le "professeur". Les foules qui accourent à chacune de ses sorties publiques semblent composées de gens venus non pour s'émouvoir mais pour apprendre, presque pour assister à la leçon d'un professeur savant et en même temps généreux, qui "émiette" son savoir pour ceux qui n'en ont pas autant.
C'est un pape que certains écoutent en prenant des notes sur un carnet, pour réfléchir ensuite plus confortablement à ses paroles si denses. Avec surprise, nous l'avons constaté en personne.

Au-delà de ces réactions de croyants, si significatives, ce qui vient de cet homme, c'est la pensée d'un pontife issue d'une chaire d'Université d'État, en plus venant d'un Pays comme l'Allemagne où le caractère sacré de la Kultur rend implacable le système de sélection académique. Chez lui, la recherche théologique s'est toujours tissée d'une connaissance de première main du monde intellectuel laïque.
Rien, chez Papa Ratzinger, n'est concédé à la faiblesse de l'invective, rancunière autant que désinformée envers les "péchés du monde" et les "risques de l'incrdulité". Rien, en lui, de la réthorique cléricale. Il sait ce qu'il dit, et il l'argumente, ce leader d'une Église qui semble devenue le rempart majeur de la raison. Que, pour finir, on soit d'accord ou pas, ses avertissements doivent être examinés avec attention. Une certaine suffisance, laïciste plus que laïque, du genre "laissons-le discourir, il fait son métier de pape", ne perd-elle pas une occasion précieuse de confrontation avec ce qui n'est pas des sermons émotifs mais des analyses motivées



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