Les catéchèses
I. Sa vie
II. Dernières années
III. Foi et raison
IV. Oeuvres
V. Les trois conversions
Compléments
"La guerre sainte est contre Dieu"

Second article écrit pendant le voyage en Bavière, le 13 octobre 2006, juste après la célèbre "leçon" de Ratisbonne, mais avant que la foudre ne s'abatte sur le Pape.
Visiblement, Messori ne s'y attendait pas; tout au plus prévoit-il sur un ton mi-sérieux mi sarcastique un fatwa contre Benoît XVI.

L'article revient sur thème de l'islam, mais par uniquement.
Après avoir constaté la richesse conceptuelle du moindre texte écrit par le Saint-Père, il évoque avec un certain humour la perplexité des journalistes du 'desk' qui, dans les rédactions, doivent synthétiser en quelques formules-choc dans les titres ce qui leur a été rapporté par leurs collègues sur le terrain.

Il y est également question d'une idée chère au coeur du Cardinal Ratzinger, puis au Pape Benoît: LA FOI EST SIMPLE....

Article ici: http://www.et-et.it/articoli2006/a06i13.htm
Il Papa all'Islam: «La guerra santa è contro Dio»



Le Pape à l'islam

"La guerre sainte est contre Dieu"
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Benoît XVI donne du fil à retordre aux journalistes : surtout à ceux du 'desk' qui, dans les rédactions, doivent synthétiser en quelques formules-choc dans les titres ce qui leur a été rapporté par leurs collègues sur le terrain.
En effet, tout ce que dit ou écrit l'ex-professeur Ratzinger n'a pas seulement la densité des universitaires allemands, mais c'est le fruit de méditations et d'études pratiquées pendant soixante ans, s'ajoutant à l'expérience pastorale de l'archevêque puis à celle, doctrinale du responsable de la Congrégation pour la Foi.

Donc, même dans des homélies comme celles qui ont été prononcées durant les messes de masse en Bavière, il cumule tellement de thèmes - à chacun desquels il consacre de rapides "coups de sabre" en guise d'approfondissement, souvent déroutants parce que non conformistes - que cela se révéle un problème pour ceux qui, dans les media, doivent faire une synthèse.
Il faut choisir, mettre en relief un point parmi beaucoup d'autres. Cela s'est évidemment vérifié hier encore dans l'homélie prononcée dans cette Ratisbonne qui a en allemand un son abusivement inquiétant (Regensburg, "ville de la pluie", du nom du fleuve Regen) et qui est pour Ratzinger la vraie patrie de son coeur, le lieu de la formation et des premières épreuves professorales
(ndt: ce qui n'est pas vraiment exact...).
Ainsi, pour ce discours, certains commentateurs mettront l'accent sur les rapports entre foi et science, entre "Dessein Intelligent" et évolutionisme selon "le hasard et la nécessité". Alors que d'autres se focaliseront sur "la haine et le fanatisme" de certaines religions qui "ont tué la vraie image de Dieu".
Celui qui choisira ces thèmes n'aura pas tort et il ne manquera pas de sujets de discussion.

Pour s'en tenir au second thème - entre autres - son importance et son actualité sont telles que Benoît XVI a voulu y revenir l'après-midi, lors de la conversation avec les universitaires.
De même que les Lumières (l'illuminismo) occidentales qui se font scepticisme, sinon nihilisme, sont une "pathologie de la raison", a-t'il mis en garde, le fondamentalisme qui se fait terrorisme et contrainte à la conversion est une "pathologie de la religion".
Mais, hier, à Regensburg, contrairement à ce qu'il avait fait dimanche à Munich, Ratzinger n'a pas hésité à nommer l'Islam.
Et pas seulement : il a été jusqu'à parler du dernier Prophète et a cité des sourates de son Coran, en en donnant une lecture "pacifique" qui rencontrera la faveur de ceux que l'on nomme "musulmans modérés" mais qui suscitera le dédain des secteurs radicaux. Pour ceux-ci, il est inammissibile qu'un "infidèle", fût-il pape, prétende faire la leçon aux croyants en Allah sur la "vraie Révélation", celle qui a rendu anachroniques le judaïsme et le christianisme.

Une fatwa contre Benoît XVI est-elle en vue? Par les temps qui courent, elle n'est pas à exclure.

Pour en revenir, donc, au sermon de la messe de Ratisbonne, qu'il nous soit concédé d'extraire d'un texte dense une phrase qui échappera à beaucoup, mais qui met en évidence une des préoccupations essentielles d'un homme qui n'a pas voulu devenir un professeur armé de théories, mais un prêtre qui a toujours nourri une vocation "apologétique".
Cette "passion de convaincre" (ndt: en français dans le texte) qui, selon Pascal, est instinctive chez l'homme qui a la foi, et qui a besoin d'être communiquée.
A tel point que, dans un certain milieu clérical, personne n'ose contester à Ratzinger son évidente stature de théologien mais préfère ne pas la qualifier "dogmatique", mais plutôt de "pastorale". Dans sa perspective il ne s'agit pas d'une réduction mais d'une reconnaissance. Ce n'est pas un hasard si le premier livre qui lui donna une notoriété internationale est cette "Introduction au christianisme" qui est une sorte de robuste catéchisme lancé dans la pagaille des années soixante.
Et ce n'est pas un hasard - au grand scandale de beaucoup - s'il fut le premier à rompre le légendaire silence et le secret cultivé par ses prédécesseurs au Saint-Office, en convoquant un journaliste (ndt: Messori lui-même, il s'agit d'"Entretiens sur la foi") afin qu'avec son expérience de divulgation, "il mette sur la place" ce qui jusqu'alors se débattait dans les laboratoires théologiques.

Ainsi, nous avons retrouvé quelque chose de très familier dans les paroles adressées par celui qui est maintenant le successeur de Pierre à la foule sur les rives du Danube : "La foi est simple. En voyant les grandes sommités de la théologie ou en pensant à la quantité de livres écrits chaque jour contre ou en faveur de la foi, on est tenté de se décourager et de penser que croire est très compliqué. Il n'est pas ainsi : la foi est simple ".

Dit par un théologien, cela peut sembler paradoxal, mais, en réalité, la perspective est pleinement évangélique : justement le grand intellectuel, à un certain point de son parcours complexe, s'est avisé que l'étude, oui, est nécessaire; mais que, pour la compréhension de ce qui compte vraiment, les "simples" sont privilégiés. L'Église a créé les premières universités de l'histoire et a toujours exhorté les savants à la recherche ; mais elle a aussi toujours annoncé la Parole aux ignorant et elle les a élevés aux autels en plus grand nombre que les "professeurs".

La "sobriété" de Benoît XVI (peu de documents, peu de voyages, peu de discours) naît d'une préoccupation qui déjà se dessinait dans le Rapport sur la foi et pour laquelle s'est battu en imposant non seulement le Nouveau Catéchisme mais aussi le Compendium : "Si les gens s'éloignent, c'est aussi parce que nous leur avons donné l'impression que croire est un "système" complexe, alors qu'au contraire, tout est si facile : il y a un Dieu, un Dieu qui est Amour et qui a voulu nous rencontrer dans la personne de Jésus de Nazareth. Pour vivre l'Espérance, pour en connaître assez, les quelque mots du Credo suffisent".
Se concentrer sur l'essentiel, retrouver la brièveté et la simplicité de l'annonce : ceci, au fond, est le programme du pontificat, réaffirmé encore hier en Bavière.



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