Affaire Magdi Allam: l'invité surprise

A propos de l'affaire Allam, j'avais vu trois protagonistes plus un .
En fait, observant à travers la petite lucarne française, j'y vois depuis plusieurs jours émerger un cinquième, que j'avais l'intention d'ignorer, par lassitude, mais la virulence de ses réactions me pousse à y répondre indirectement à mon tour.
Si je parle de surprise, je le fais un peu par dérision, car ceux-la ne se sont pas remis de l'élection de Benoît XVI, ils ne perdent pas une occasion de le faire savoir, et ils ont malheureusement de nombreux relais médiatiques: il s'agit des catholiques ci-devant "libéraux", qui se trouvent ici comme alliés objectifs du "quatrième protagoniste".
C'est leur contestation qui me paraît la plus injuste pour le Saint-Père, et qui me blesse le plus.

Bien conscients que le vocabulaire qui les consacrait comme "libéraux" ou "progressistes" - par opposition aux vilains réacs et autres rétrogrades incultes - est définitivement grillé auprès de l'opinion, car ils se sont acharnés à se discréditer eux-mêmes en vidant les églises et en cautionnant toutes les subversions, tous les abandons, toutes les dérives de la modernité, ils ont trouvé une parade: désormais, ils sont devenus des "catholiques adultes": officiellement, des gens responsables, intelligents et éduqués, qui réfléchissent et décident eux-mêmes de leurs choix - qui pourrait les en blâmer? - en réalité des contestataires systématiques qui veulent importer au sein de l'Eglise les non-règles de la chienlit démocratique, et ont la prétention inouïe d'aprendre au Pape à "faire le Pape", c'est-à-dire à gouverner l'Eglise.

Inutile de les chercher loin, ils sévissent régulièrement et abondamment sur le blog de la Croix.
Leurs dernières giclées de venin sont relatives au Tibet, puis au baptême de Magdi Allam.

J'ai relevé en guise d'auto-exorcisme quelques unes de leurs "perles", et je dois dire qu'en les lisant, j'ai pensé, à mon tout petit niveau, et toutes proportions gardées, évidemment à ce qu'avait dit le cardinal Zen en préambule à ses méditations de la Via Crucis: je me suis rendue compte avec effroi que je suis un bien piètre chrétien. J'ai dû m'évertuer avec force à me purifier des sentiments peu charitables que j'éprouvais ....

J'avoue cependant ne pas être allée aussi loin que le Cardinal sur le chemin de la purification...

Certains des propos tenus dans "LE" journal "catholique" de référence en France sont franchement agressifs, et même insolents envers la personne du Pape, ce que je n'accepte pas.



Les "perles" de La Croix

http://blog.la-croix.com/rome/

- Qu’est-ce qu’il fiche, le Saint-Esprit ? Il fait la grève ? C’est la météo dégueulasse qui a interrompu sa hot line avec le pape ? Ou ils sont tous devenus sourds , au Vatican ?
Sourds, sourds, sourds, comme des pots. Et donc muets. Je croyais que le Saint-Esprit faisait parler ” en langues”. Tu parles, oui!
Le vieil homme en blanc, le jour de Pâques, a bien prononcé le mot Tibet, certes. Ca s’est arrêté là.
Pour le reste, on attend toujours.
... le pape, lui, il se prend les pieds dans sa soutane.
Trois mots en tibétain, ç’aurait été le moment, et comme dit une voix mâle près de moi, ça ne lui aurait pas arraché la g.....
(ndr: une insolence intolérable, qui aurait dû être relevée, et même sanctionnée par le responsable du blog)

- Et pendant qu'on y est, dans la " diplomatie" vaticane.
Mais qu'est-ce qu'il leur a pris, de battre le tambour autour du baptême en plein St-Pierre et nuit pascale de ce Magdi Allam pas anodin?
D'un côté, on se moque des Tibétains comme d'une guigne. D'un autre côté, on fait un pied-de-nez aux Musulmans.
Si les deux, en omission et en action, sont des actes politiques réfléchis, ce sont , le premier une lâcheté et un péché contre la charité, le second une provocation.
Si les deux se veulent des actes chrétiens, alors, quest-ce que c'est que ce christianisme-là ?
Si ce ne sont ni des actes politiques réfléchis, ni des actes chrétiens réfléchis, mais juste des actes anodins,comme on veut maintenant nous le faire croire , alors, ce serait tout simplement de la bêtise

- Je n'osais pas faire de commentaires sur ces derniers évènements vaticanesques... Vous osez ! vous le dites, et ça c'est merveilleux !
Que devient une communauté dans laquelle personne n'ose élever la voix sauf le grand chef? réponse : une secte avec un gourou. (ndr: ah non! il ne faut pas tout mélanger: une secte, il est presque impossible d'en sortir! Mais là, personne ne vous retient, bien au contraire!!!)
C'est parce que j'ai entendu ici des voix qui s'élevaient pour dénoncer les hypocrisies, les silences, les dérapages, les reculs, qui surgissent parfois, venant de la communauté catholique et de sa direction que je n'ai pas pris la fuite bien vite (ndr: Dommage!).

- Nous considérons, faisant partie de cette église dans laquelle nous voulons demeurer, que nous voulons pouvoir aimer et admirer, qu’il est de notre devoir d’exprimer nos opinions et nos critiques envers ceux qui la dirigent. C’est pour cela que, respectant la voie hiérarchique, il est nécessaire de faire transmettre ces réflexions par l’intermédiaire de nos évêques.

- Nous n'avons aucune leçon à donner à d'autres sur l'utilisation de la violence : Au nom du Christ nous avons voulu les croisades et beaucoup tué, nous avons inventé la" sainte inquisition" qui faisait torturer et assassiner pour sauver l'âme des victimes (ndr: quel ramassis de lieux communs, dans la bouche d'un "catholique"! là encore, on mélange tout, en particulier le passé et le présent, un comble de la part de gens qui ont décidé de faire table rase du passé et d'aller de l'avant)...

- Pour ma part je ne peux soutenir le pape si je pense que ses choix ne sont pas positifs pour la religion catholique, et je le dis, c'est ma façon de le respecter, je refuse d'en faire une idole, je ne veux pas de culte de la personnalité . On peut critiquer et aimer.



Des réactions, heureusement!

Peut-être faudrait-il systématiquement se ruer sur son clavier et ferrailler sur le terrain, ne serait-ce que pour ne pas laisser CE terrain, précisément, libre aux "factieux". (si l'on en croit Vittorio Messori, leur violence n'est pas uniquement verbale)
J'avoue que je ne m'en sens pas le courage.
Heureusement, quelques navigants l'ont eu.
Par exemple, à travers ces réactions qui résument bien mon sentiment:



- Lecteurs de La Croix et de ce blog, ne vous méprenez pas sur le scandale !
Il n’est pas là où certaines le dénoncent,
Il est tout entier dans le fait que des « chrétiens » se disant catholiques, puissent déblatérer de telles insanités sur le Pape, dignes des sous-produits ... qui inondent les medias, et plus inspirées par eux que par les « convictions personnelles » des auteurs.
Et le journal La Croix, à la suite du Monde, contribue à diviser et empoisonner un peu plus l’opinion publique, au lieu de soutenir un grand Pape, missionnaire, témoin, pasteur et docteur, et de plus éminent homme de dialogue éclairé, s’il en est !

- Que des musulmans réagissent, je peux le comprendre, mais que des catholiques se révoltent contre ce Baptême et préfèrent ne pas heurter certaines susceptibilités plutôt que de soutenir le Saint Père m`inquiète beaucoup (de mon amie Luisa).



Document...

Que le Pape ne puisse ignorer la portée (politique ou pas) de chacun de ses gestes, la Croix ne perd pas une occasion de le rappeler, mais de son côté, le journal peut-il ignorer l'impact de ses articles, au moins dans un certain milieu?
Non, bien sûr, puisqu'un journal est là plus pour former l'opinion que pour informer.
Or, sur son site, le 31 mars, figure un article qui n'est pas une dépêche d'agence, mais qui, étant signée par une de ses journalistes, apparaît comme un billet d'opinion, et qui pourrait parfaitement se trouver dans Le Monde, voire Libération.
Le titre est éloquent.
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http://www.la-croix.com/article/
(31/03/2008)
Le baptême de Magdi Allam suscite de nouvelles critiques
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Après l'avoir lu, on peut poser au moins deux questions:
- QUI met de l'huile sur le feu?
- De quel côté est La Croix?



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