Après les JMJ

Articles dans la presse étrangère et française (24/7/2008)



"Ce n'est pas le Pape qui fait les JMJ"

Andrea Tornielli (voir ici: JMJ: Andrea Tornielli ) dans Il Giornale (avec gentillesse) etl'envoyée spéciale de la Croix, (voir ici: JMJ: La Croix ) tous deux témoins directs puisque présents à Sidney, ont fait la même constatation, et sans doute ne sont-ils pas les seuls.
"Ce n'est pas le Pape qui fait les JMJ".



Le Pape et l'homme

Quelle découverte renversante! Car l'évidence s'impose d'elle-même, par la pérennité d'une institution bimillénaire, la papauté.
Et aussi, quelle mauvaise foi, car l'argument a trop souvent été utilisé à l'envers pour minimiser l'impact des JMJ et surtout comparer défavorablement Benoît XVI à son prédécesseur: systématiquement AVANT chaque voyage, et cela depuis Cologne, on commence par prédire à Benoît XVI (lui-même, c'est-à-dire l'homme et pas le Pape) une 'déconfiture' médiatique retentissante, imputable à son déficit de charisme.
Et APRES, devant l'inanité évidente de la prévision et le succès éclatant de chacune de ses apparitions, on prétend qu'il n'y est pour rien, mais que l'affection et l'enthousiasme s'adressent au Pape, autrement dit à l'institution (pourtant souvent réputée mourante par les mêmes) et non à l'homme.
Il y a là une sorte de projection schizophréne, de la part des commentateurs, comme s'ils voulaient à tout prix que le Pape et l'homme soient deux personnes totalement distinctes, quand cela les arrange. Alors que tous ceux qui le connaissent s'accordent pour reconnaître que la sérénité du Pape est dûe justement au fait qu'il est toujours absolument lui-même, c'est-à dire l'homme.

Il est évident, donc, que sa personnalité réservée et timide, et bien sûr son discours limpide et ferme, sont pour beaucoup dans le succès de ses rencontres avec les gens.
Si le Pape n'est pas là, il manque l'essentiel, la réalité est tellement aveuglante pour quiconque regarde les directs, ou a la chance d'assister à un 'évènement papal' que ceux qui prétendent le contraire doivent bien être animés de quelque intention malveillante (voir par exemple le récent Congrès Eucharistique au Québec, le Pape n'y était pas...). Certes, les participants aux JMJ représentent, au moins pour certains d'entre eux, un magnifique potentiel d'énergie positive; mais ce potentiel, pour s'exprimer, a besoin d'être canalisé, illuminé, guidé, révélé. Et c'est le rôle d'un homme. Le Pape, certes, mais un homme.



Oui, le Pape sait parler aux jeunes

Autre point à souligner.
Quand il veut, il sait même s'adresser à des enfants et, pour parler familièrement, les "mettre dans sa poche" (qui ne se souvient de la catéchèse aux enfants de Rome, le 19 octobre 2005?)
Mais avec ces jeunes, il a voulu s'adresser à des adultes, il n'a pas fait de concession, pas de rabais, comme le dit le cardinal Bagnasco (voir plus bas).
Il est évident qu'écouter et comprendre simultanément un discours aussi articulé que le sien (prononcé, cela aussi doit être rappelé, dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle et qu'il ne pratique pas souvent, et surtout devant un auditoire venant du monde entier) n'est peut-être pas donné à tout le monde. Mais d'abord, les jeunes présents devaient en principe avoir subi une préparation de la part de leurs accompagnateurs. Et ensuite, quiconque a déjà suivi un cours magistral en amphi sait qu'il en va de même: on ne comprend pas forcément immédiatement tout ce que dit le professeur, on écoute en quelque sorte "la musique", se réservant de travailler après pour s'approprier les connaissances offertes.



Le Pape: un animateur ou un guide?

Le problème est que trop de gens, surtout parmi les journalistes, attendent du Pape qu'il soit un animateur, et non pas un guide. C'est ce qui explique qu'on lui reproche de ne pas se mettre au niveau de son auditoire: «Parler de l'unité de l'Eglise et de saint Augustin à des adolescents, ce n'est pas vraiment entrer dans leurs préoccupations.» Ah bon? De quoi doit-on leur parler, alors?
On sent bien tout ce que cette analyse a de contourné et de faux, elle est d'ailleurs l'explication centrale de tous les échecs du système éducatif depuis 1968: il faudrait s'adapter aux élèves!! Alors que c'est l'inverse qu'il faut faire, et que les jeunes souhaient, dans leur majorité.



Timidité et pudeur

Encore une remarque.
La Croix lui reproche de "ne [pas prendre] de lui-même l'initiative d'un geste".
Je n'ai pas à répondre à la place du Pape, ignorant évidemment ce qu'il ressent et ce qu'il pense. Pour ma part, j'appelle cela pudeur, et peut-être timidité. Mais j'ai remarqué que quand des gens, surtout des jeunes, l'embrassent - cela arrive souvent, il y en a qui osent!- il répond avec une grande gentillesse. Et, si l'on peut un tout petit peu comparer sa position face à l'immense troupeau qu'il doit diriger et inspirer à celle d'un professeur devant des élèves, on imagine mal un professeur, même le plus bienveillant, embrassant ses élèves de sa propre initiative: pour moi, c'est tout simplement impensable.



La réponse du Cardinal Bagnasco

En réponse à ces perfides "compliments" (ils se présentent comme tels, puisqu'ils sont censés valoriser l'institution des JMJ), l'Avvenire publiait le 22 juillet une interviewe du cardinal Bagnasco, archevêque de Gênes et président de la CEI, qui avait accompagné un groupe de jeunes italiens de Gênes à Sidney.
Le cardinal Bagnasco dit avoir retiré de ces JMJ "l'impression forte d'une participation intense et consciente, de la part des jeunes, à partir du grand silence durant le temps de l'adoration durant la veillée du samedi. La multitude des jeunes semblait vraiment un seul coeur et une seule âme dans le silence total devant l'Eucharistie. Cette intensité dérivait de la parole du saint-Père, intense et argumentée, mais aussi claire et concrète, comme le désiraient ces jeunes qui en effet le suivaient avec une attention croissante. Le silence de samedi soir est le signe qu'ils intériorisaient ce que le Pape leur disait."

Un peu plus loin, à la question: "On entend encore dire que ce Pape ne "réchauffe" pas les jeunes...", il répond sur un ton étonamment poétique:

"Dire cela revient à fermer les yeux devant la lumière du soleil. Durant ces journées, les jeunes ont rencontré avant tout la personne du Pape, un homme bienveillant et doux, avant de faire l'expérience de la beauté et de la limpidité de son magistère, qui les ramène aux grands idéaux du Christ. Quant il parle aux jeunes, le Pape ne le fait pas au rabais: nous l'avons vu à Cologne et à Loreto. C'est peut-être cela qui fascine vraiment ces jeunes: un homme qui leur propose la vérité toute entière."



Une couverture médiatique décevante

L'Agence catholique italienne Sir, dans un article publié le 21 juillet, déplore quant à elle la médiocrité de la couverture médiatique en Italie.
Elle le fait en ces termes:
"Il n'est pas facile de synthétiser en slogans journalistiques et en gros titres les concepts [développés par le Saint-Père], mais ce n'est pas non plus une entreprise impossible pour des professionnels de l'information. Et pourtant, dans l'ensemble, rares ont été les journaux et les JT qui, dans leurs chroniques, ont parlé de l'Esprit Saint, préférant au contraire ajouter au sensationalisme [autour des abus sexuels] les statistiques sur le nombre des participants, ou encore les impropres (mais évidemment dures à mourir!) comparaisons sur la "capacité médiatique" de Benoît XVI par rapport à celle de son prédécesseur Jean Paul II.



Sandro Magister, heureusement

Mais pour trouver le plus beau commentaire, il faut lire Sandro Magister.
Son billet hebdomadaire, illustré par une photo splendide d'un Pape heureux, les cheveux soulevés par le vent, aux côtés d'un jeune aborigène qui semble lever la main pour toucher son visage, s'intitule de façon transparente "Une anthologie de la symphonie "du nouveau monde" de Benoît XVI" (http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/205942?fr=y )).




 

Il y propose "une anthologie des passages marquants des discours prononcés par Benoît XVI au cours de son voyage", les textes qui, selon lui, "par leur contenu et leur style (...) sont ceux que l’on peut le plus sûrement attribuer à Joseph Ratzinger, à son esprit et à sa plume, plutôt qu’aux services du Vatican chargés de préparer les discours du pape et d’y joindre des compléments".
Parmi ces textes, il cite l'extraordinaire Angelus de la messe de clôture (voir ici: Le "oui" de Marie ).
Personne ne peut dire que ce n'est pas un texte d'accès facile, à la fois poétique et concret, formidablement actuel, là, justement, il s'est mis au niveau de son auditoire, et est "descendu" tout près des préoccupations des jeunes.



Et surtout, il y a cette interviewe publié sur ce site, et reproduit bien entendu sur le blog de Raffaella. (© Copyright Il Sussidiario.net, 21 juillet 2008): JMJ: un Pape qui enchante les jeunes



Note

N'étant pas connectée à Internet au moment où j'écris ces lignes, je ne suis pas en mesure de fournir tous les liens vers les sources citées.
Les articles d'Andrea Tornielli et de Sandro Magister, de l'Agence Sir, et l'interviewe du Cal Bagnasco, sont disponibles en italien sur le blog de Raffaella.



"Les premières vraies JMJ du Pape"
JMJ: la force de l'Esprit

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