Soljenitsyne est mort

4 août 2008



"Adieu, Alexandre Issaïevitch..."

Les medias - qui ne l'aimaient pas, car il les avait percé à jour, mais qui ne peuvent ignorer la disparition d'un géant - ont déjà commencé à le réduire à un simple dissident du régime soviétique, alors qu'il était bien plus que cela, une immense voix "morale" du XX-ème siècle.

Merci, donc, à Patrice de Plunkett, d'avoir reproduit ce texte splendide et "prophétique", un discours prononcé par Alexandre Soljenitsyne, le 8 juin 1978, à Harvard.
plunkett.hautetfort.com/.../2008/08/04/adieu-alexandre-issaievitch...



Les limites des droits de l'homme et de ce qui est bon sont fixées par un système de lois ; ces limites sont très lâches. ...Si quelqu'un se place du point de vue légal, plus rien ne peut lui être opposé ; nul ne lui rappellera que cela pourrait n'en être pas moins illégitime. Impensable de parler de contrainte ou de renonciation à ces droits, ni de demander de sacrifice ou de geste désintéressé : cela paraîtrait absurde. On n'entend pour ainsi dire jamais parler de retenue volontaire : chacun lutte pour étendre ses droits jusqu'aux extrêmes limites des cadres légaux.
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Il s'avère que la société n'a plus que des défenses infimes à opposer à l'abîme de la décadence humaine, par exemple en ce qui concerne le mauvais usage de la liberté en matière de violence morale faites aux enfants, par des films tout pleins de pornographie, de crime, d'horreur.
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L'Occident a défendu avec succès, et même surabondamment, les droits de l'homme, mais l'homme a vu complètement s'étioler la conscience de sa responsabilité devant Dieu et la société.
Durant ces dernières décennies, cet égoïsme juridique de la philosophie occidentale a été définitivement réalisé, et le monde se retrouve dans une cruelle crise spirituelle et dans une impasse politique. Et tous les succès techniques, y compris la conquête de l'espace, du Progrès tant célébré n'ont pas réussi à racheter la misère morale dans laquelle est tombé le XXe siècle, que personne n'aurait pu encore soupçonner au XIXe siècle.
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(..) il est une catastrophe qui pour beaucoup est déjà présente pour nous. Je veux parler du désastre d'une conscience humaniste parfaitement autonome et irréligieuse.
Elle a fait de l'homme la mesure de toutes choses sur terre,
l'homme imparfait, qui n'est jamais dénué d'orgueil, d'égoïsme, d'envie, de vanité, et tant d'autres défauts. Nous payons aujourd'hui les erreurs qui n'étaient pas apparues comme telles au début de notre voyage. Sur la route qui nous a amenés de la Renaissance à nos jours, notre expérience s'est enrichie, mais nous avons perdu l'idée d'une entité supérieure qui autrefois réfrénait nos passions et notre irresponsabilité.
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Quand bien même nous serait épargné d'être détruits par la guerre, notre vie doit changer si elle ne veut pas périr par sa propre faute. Nous ne pouvons nous dispenser de rappeler ce qu'est fondamentalement la vie, la société. Est-ce vrai que l'homme est au-dessus de tout ? N'y a-t-il aucun esprit supérieur au-dessus de lui ? Les activités humaines et sociales peuvent-elles légitimement être réglées par la seule expansion matérielle ? A-t-on le droit de promouvoir cette expansion au détriment de l'intégrité de notre vie spirituelle ?
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Cela ne vous rappelle rien?
En plus pessimiste, plus sombre, on pourrait jurer que cela a été écrit par Joseph Ratzinger avant qu'il ne devienne pape!
Lire ici en entier: adieu alexandre issaievitch.pdf [45 KB]



Le clergé français désobéit au Pape
Liturgie: retour au passé, vraiment?

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