La laïcité agressive de Zapatero

Deux très bons articles dans Il Giornale, dont une réflexion sur l'Europe (8/7/2008)



Zapatero : Plus de crucifix dans les lieux publics

Davide Mattei
http://paparatzinger-blograffaella.blogspot.com/...

Adieu aux funérailles nationales catholiques et aux crucifix dans les lieux publics. Le parti socialiste ouvrier espagnol (Psoe) du premier ministre José Luis Zapatero, à l'occasion de son 37º congrès, a présenté un projet de réforme de la Loi organique sur la liberté religieuse « pour la disparition progressive des symboles et des liturgies religieuses dans les espaces publics et dans les actes officiels de l'État ».
Passées les élections, avec la crise économique qui promet la récession pour deux ans au moins, Zapatero a décidé de mettre l'accent sur la laïcité. Et il le fait avec force. Au congrès de son parti, fort d'une assemblée qui a approuvé à 100% sa gestion de la législature passée, le leader espagnol a "foncé" sur la laicité, en un choix qui risque de rompre la fragile et tacite paix atteinte avec l'Église espagnole en Mars dernier, lors de sa réélection.
« Ils n'arrêteront pas les réformes que nous voulons pour ce pays. Nous appuyerons sur l'accélérateur du changement », a affirmé le leader espagnol
Les socialistes réclament la suppression les obsèques religieuses d'État. La proposition mettrait fin à un usage en vigueur en Espagne depuis trente ans. Mais même la cérémonie d'installation des ministres pourrait changer si le projet de Zapatero était approuvé. Du palais de la Zarzuela, où réside le roi et où les nouveaux membres du gouvernement prêtent serment, les crucifix accrochés aux murs depuis des temps immémoriaux pourraient en effet disparaître.

Les deux propositions s'insèrent dans la réalisation d'un des objectifs socialistes annoncés au cours du congrès : « La disparition de la confessionalité qui survit dans les espaces et les pratiques des institutions publiques ».
Selon le quotidien national El País, la prochaine étape socialiste pourrait concerner les aumôniers militaires militaires qui risquent de disparaître. Pour l'instant cependant aucune proposition n'a pas été formulée. Jusqu'à présent, de toute façon, les Psoe a employé toutes les nuances possibles pour éviter d'énerver les différentes sensibilité. Le texte - que le congrès approuvera aujourd'hui - assure en effet que « tous les changements se feront avec l'accord du sentiment général des citoyens puisque l'objectif des socialistes n'est pas d'imposer des lois mais d'accompagner l'évolution de la societé espagnole ».
Le document fixe aussi d'autres défis socialistes. Une de ceux-ci est la consolidation des rapports avec toutes les religions basée sur des critères d'« égalité et pas de discrimination des différentes confessions ».
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Certes - observent des sources proches du Vatican - l'Espagne se dirige depuis longtemps vers une sécularisation progressive, phénomène qui intéresse tout l'occident européen.
Au congrès du Psoe on a aussi discuté d'autres propositions qui risquent de rouvrir l'opposition avec l'Église espagnole, une opposition qui, au cours de la dernière législature passée, en vint à être très dure. Le vice-président du gouvernement socialiste María Teresa Fernández de la Vega a en effet annoncé hier qu'elle proposera une révision de la loi sur l'avortement « si les délégués le veulent ». Il y a lieu de croire de que la proposition passera, vu que l'annonce a été accueillie avec des cris d'enthousiasme. En Espagne l'actuelle loi sur l'interruption volontaire de la grossesse remonte à 1985. Elle permet l'avortement seulement dans quelques cas (viol, malformations du foetus ou danger pour lanté de la mère) mais elle ne pose pas de limites de temps aux interruptions si la femme court des risques pour sa santé physique ou psychologique.

© Copyright Il Giornale, 6 luglio 2008



Mais le problème concerne les catholiques dans toute l'Europe
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Ida Magli
http://paparatzinger-blograffaella.blogspot.com/...

Il ne faut pas s'étonner des intentions du gouvernement espagnol. La guerre contre le christianisme, mais surtout contre sa présence la plus incisive, celle de l'Église Catholique, a commencée déjà depuis de longues années. Elle était sous-entendue dans le projet d'unification européenne puisque l' unification en elle-même comportait nécessairement de la part des États la remise des religions à la sphère privée. Afin de pouvoir les faire toutes cohabiter, on a sanctionné l'obligation du respect absolu envers les religions, un respect qui en réalité signifie que personne ne peut en discuter ni critiquer en public le contenus ou les coutumes qui en découlent, mais en même temps que les institutions sont tenues à les ignorer.
La question des crucifix dans les salles de classe, par exemple, flotte déjà depuis longtemps de la même manière en France et en Italie, elle est analogue à celle du voile portée par les étudiantes musulmanes, même s'il nous semble plus grave d'enlever le crucifix des lieux publics, puisque le crucifix reprend tout le contenu du christianisme catholique et orthodoxe alors qu'il nous est difficile de comprendre la signification du "foulard" pour les femmes comme résumé de la foi coranique.

Le problème appartient donc à la vie publique. Ou on décide une fois pour toutes qu'un État laïque n'exhibe pas, n'assume aucune appartenance religieuse, ou bien il faut commencer à réfléchir sérieusement aux conséquences de l'unification européenne, sans continuer à feindre que les problèmes de cohabitation de religions, de cultures, d'histoire, de coutumes profondément différentes n'existent pas ou sont facilement surmontables.
De ce point de vue, le silence maintenu durant toutes ces années par l'Église, envers les instances de l'union européenne surprend, silence qui ne peut pas être justifié seulement sur la base de la volonté de ne pas interférer avec les décisions politiques des gouvernements.

L'unification européenne est bien autre chose qu'une série de traités: c'est une "vision du monde" et comme telle, elle implique toute l'organisation de vie des citoyens en les forçant à embrasser cette vision.

C'est le Pape actuel, lorsqu'il était encore le Cardinal Ratzinger, qui dénoncer, dans son livre sur l'Europe, le caractère marxiste de cette vision, avec sa prédominance des facteurs économiques, et qui mit en lumière les inévitables liaisons et les interactions qui en découlent, influant sur tous les plans de la vie. Mais le clergé n'a jamais repris son discours; cardinaux, évêques, religieux se sont tus, sans se soucier du devoir confié à eux par l'Évangile de prendre soin de leur troupeau.

Peut-on vivre sans symboles? Sans images, sans signes d'appartenance d'aucune sorte?
Quelques-uns le peuvent assurément, et même le désirent; mais la plupart ne le peuvent pas. Et il ne s'agit pas seulement d'un besoin individuel: si on raye les symboles, à la longue la mémoire s'affaiblit, les sentiments s'évaporent, l'essence disparaît en même temps que le sens. Du reste les gouvernants le savent bien et comptent sur cet effet: pour faire devenir tous les citoyens européens "égaux", il faut rayer petit à petit les plus importants facteurs de différence. Inutile de nier : c'est le catholicisme le plus important parmi ces facteurs. En fait, l'intention de Zapatero a un poids considérable puisque l'Espagne est "la catholique" par définition. On pourrait même se demander s'il aurait eu le courage d'enlever les images de la Sainte-Vierge si elles avaient été à la place du crucifix.

Quoiqu'il en soit, l'heure est venue pour tous les catholiques d'affronter ce problème. Presque toute l'histoire de l'Europe est en train de s'en aller. Histoire religieuse, mais aussi histoire de l'art, histoire de la musique, histoire de la pensée.

© Copyright Il Giornale, 6 luglio 2008



Le "look vintage" de Benoît XVI
Al Papa piace la globalizzazione solidaristica

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