Les dix choses qui tiennent à coeur à Benoît XVI

Présentation à Rome de la version italienne du dernier livre de John Allen. (31/7/2008)



Juste avant les vacances d'été, en 2007, John Allen avait informé les visiteurs de son site qu'il travaillait à un livre sur les grandes tendances du catholicisme.
C'est sans doute la traduction en italien de cet ouvrage qui vient ici d'être publiée.

Il s'agit d'une synthèse tout à fait remarquable des trois premières années de pontificat!

Article du site http://www.stpauls.it/ , reproduit sur le blog de Raffaella.
Ma traduction




 

Les dix choses qui tiennent à coeur à Benoît XVI
A la découverte des "éléments fondamentaux de la foi" que le Pape Benoît enseigne depuis toujours avec clarté et extrême simplicité, en accord avec la profondeur de son magistère.
------------------------------------
Le correspondant à Rome de l'influente revue américaine National Catholic Reporter, vaticaniste pour la chaîne de télévision CNN, John Allen, est l'auteur de nombreux essais sur les Papes, le Vatican et l'Eglise catholique en général.
Récemment, il a écrit une sorte de vademecum sur les thèmes les plus significatifs du magistère du Pape Benoît XVI.
Il s'intitule "Le 10 cose che stanno a cuore a Papa Benedetto", et il y a toutes les raisons de croire que ce sont bien là les questions qui caractérisent le mieux l'enseignement du Pape Ratzinger.

Dans l'introduction du petit livre, l'auteur écrit que "même si Benoît XVI est un des théologiens les plus autorisés de notre temps, le but de son Pontificat n'est pas de construire une nouvelle "grande théorie" pour la théologie catholique. De même que sa volonté n'est pas de remodeler le visage de l'Eglise selon le sentiment personnel de l'homme Joseph Ratzinger. Au contraire, la priorité du Pape Benoît est de réintroduire les éléments fondamentaux de l'annonce évangélique et de la tradition chrétienne dans le monde d'aujourd'hui, s'efforçant de montrer leur cohérence avec les vérités les plus profondes de l'existence humaine. Benoît XVI ne cherche pas à couvrir d'habits captivants les enseignement de base du catholicisme, mais plutôt à conduire les hommes d'aujourd'hui à voir ces enseignements avec un regard neuf, mettant de côté les préjugés et les incompréhensions qui se sont accumulés au cours des siècles".
La présentation, nécéssairemnt sommaire de ces "10 choses qui tiennent à coeur au Pape Benoît" confirme cet énoncé, nous faisant retouver, en une extrême synthèse ces "fondamentaux de la foi" que le Pape Ratzinger a su depuis toujours présenter avec extrême simplicité et clarté, à parité avec la profondeur de son magistère.
En nous servant des propres mots du Pape Benoît XVI, voici exposées les "10 points" dont John Allen a dressé la liste.

1. Dieu est amour
-------------
Enlevez tout le reste et vous trouverez que le coeur du message chrétien est celui-ci: Dieu est amour. Le fondement de l'être, Celui qui a créé et soutient tout ce qui existe, est amour. Dans le langage de la foi, nous appelons Dieu cette réalité d'amour.
Puisque c'est le point central autour auquel tourne tout le patrimoine de la foi et de la doctrine du christianisme, il n'est pas vraiment surprenant que le Pape Benoît ait choisi d'intituler sa première Lettre encyclique - qui d'habitude est considérée comme "programmatique" d'un Pontificat - Deus Caritas est - Dieu est Amour". Et nous connaissons bien les profonds contenus de l'encyclique Deus Caritas est, déjà plusieurs fois présentés et médités dans le Magistère de l'Église et dans nos catéchèses ordinaires.

2. Jésus est le Seigneur
-------------
En mai 2007 Joseph Ratzinger a publié son premier livre depuis qu'il est devenu Pape : Jésus de Nazareth, un volume de plus de 400 pages, première partie d'un essai [dix chapitres, qui vont du Baptême de Jésus dans le Jourdain jusqu'à la confession de Pierre et la Transfiguration] auxquels d'autres suivront [sur les récits de l'enfance du Seigneur]. Une oeuvre qui dit toute la passion du Pape Benoît pour Jésus-Christ , dont il entend toujours partir, contre toute tentative "révisioniste" de la figure du Fils de Dieu, qui s'est fait homme pour le salut de l'humanité de tous les temps. Si bien que - comme John Allen le résume bien - "rappeler au monde qu'en Jésus de Nazareth, nous voyons la révélation définitive du sens et du destin final de la vie, est la pierre angulaire de la Papauté de Benoît XVI".

3. La vérité et la liberté sont les deux faces de la même médaille
-----------------------
Il a été écrit à juste titre que, "si l'on cherche un mot qui puisse résumer le message de Benoît XVI aux hommes de notre temps, ce mot pourrait être à bon droit: vérité".
La devise épiscopale du Pape Benoît est "Cooperatores veritatis - Collaborateurs de la verité" . Ici, nous nous limitons à rappeler que, la veille du Conclave qui l'a élu Pape en Avril 2005, le Cardinal Ratzinger désigna de manière mémorable le principal défi auquel l'Église Catholique se trouve confrontée comme étant la "dictature du relativisme" . Avec ce terme il indiquait le fait que le refus d'une vérité objective - ou de vérités indépendantes de l'époque et de la culture, valides partout et pour tous - est devenu l'opinion commune. Et c'est vraiment au danger mortel du relativisme doctrinal et éthique que le Pape Benoît en appelle avec insistance, ayant reconnu en lui la racine de chaque erreur et de chaque perversion qui ravagent les consciences du monde contemporain.

4. Foi et raison ont besoin l'une de l'autre
--------------------
La leçon que le 12 Septembre 2006, Benoît XVI tint à l'Université de Ratisbonne, en Allemagne, où il avait autrefois enseigné la Théologie, avait pour titre : "Foi, raison et Université". Au-delà des polémiques éclatées par la faute des Arabes, à cause de la célèbre citation que Papa Ratzinger fit du dialogue entre un Empereur byzantin du XIV-ème siècle et un lettré persan, dans lequel l'Empereur critiquait Mahomet et l'islam, le thème de la "lectio magistralis" était fort clair. Benoît XVI a résumé le témoignage de la Bible et de l'Église chrétienne des origines de cette façon : Dieu est Logos, la raison créatrice elle-même. Ainsi, "ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu". Le christianisme présuppose la rationalité de Dieu et, sur la base de cette conviction, le christianisme lui-même doit être selon la raison. Abandonner l'usage de la raison humaine, transformer la foi chrétienne en une forme de fondamentalisme religieux serait incohérent avec la rationalité intrinsèque à Dieu lui-même.
Plus généralement, selon le Pape Benoît , la foi et la raison ont désespérément besoin l'une de l'autre, d'abord parce qu'elles sont en harmonie entre elles puisque la raison présuppose la foi, dans le sens que l'attitude mentale qui connote jusqu'à la recherche scientifique de la nature de la part de l'homme a ses racines dans la tradition judéo-chrétienne, que les scientifiques d'aujourd'hui veuillent ou non le reconnaître. Et à son tour, cet enseignement du Pape Benoît XVI ne peut pas être accusé de fondamentalisme religieux, puisque c'est l'histoire de la science elle-même qui le met en évidence.

5. L'Eucharistie est le coeur de la vie chrétienne
-----------------------
Lorsque Benoît XVI se rendit à Cologne, en Allemagne, pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, en Août 2005, beaucoup d'Allemands s'attendaient à ce que le Pape réclame un engagement sur différents fronts, depuis la fréquention de plus en plus réduite de la Messe jusqu'aux dissenssions internes à l'Église et au refus répandu de garantir à la religion un rôle public.
Au contraire, le Pape Benoît proposa un message qui était à la fois plus soft mais aussi plus radical. Dans son homélie conclusive il choisit de méditer sur l'Eucharistie, le don que le Christ a fait de lui-même sous la forme du pain et du vin, employant une métaphore mémorable [celle de la "fission nucléaire dans le plus intime de l'être"] pour décrire les conséquences de ce don, en parlant à un million de jeunes auxquels il avait donné rendez-vous pour les JMJ.
Par la suite, en Mars 2007, Benoît XVI rendit publique l'Exhortation apostolique "Sacramentum Caritatis" contenant les conclusions du Synode des Évêques sur l'Eucharistie, qui s'était tenu au Vatican en Octobre 2005. Ce document contient la réflexion ratzingerienne la plus articulée sur le thème de l'Eucharistie, Mystère à croire, à célébrer, à vivre, à annoncer et à offrir au monde : réellement, une vraie "summa theologica" sur le Mystère eucharistique.

6. Le Christianisme est un message positif
----------------------
Un des aspects saillants du Pontificat de Benoît XVI est la volonté de présenter son message dans une "clé" positive. Par exemple, lorsque le Saint-Père visita l'Espagne, en Juillet 2006, beaucoup s'attendaient à une confrontation dramatique avec le Premier Ministre socialiste José Luis Rodríguez Zapatero, dont le Gouvernement s'était heurté [et continue de se heurter] avec l'Église sur différents fronts : le divorce, l'avortement, le mariage homosexuel, l'euthanasie et la négation du financement public pour les Écoles Catholiques.
Beaucoup de Catholiques attendaient feu et flammes du Pape. Au contraire, il fut particulièrement positif, se concentrant sur les fondements de la foi chrétienne, sans s'engager directement sur aucune des questions des conflits entre État et Église. Par la suite, plusieurs journalistes de la télévision allemande demandèrent à Benoît XVI ce qui s'était passé. Et il répondit : "Le Christianisme, le Catholicisme n'est pas une collection d'interdits: c'est un choix positif. Et il est très important que nous nous rappellions de cela, parce qu'il s'agit d'une idée qui aujourd'hui a été presque complètement abandonnée". En d'autres termes, le Pape veut que les Chrétiens fassent resplendir la "bonne nouvelle" de la foi à travers leurs vies, de sorte que sa beauté intime puisse devenir à nouveau visible dans un monde accoutumé à concevoir le Christianisme comme à peine plus qu'un ensemble exigeant de règles, avec beaucoup d'interdits et peu de propositions " positives".

7. L'Église forme les consciences, mais reste en dehors de la politique
-----------------------
Le Pape Benoît a écrit dans sa première Encyclique "programmatique"- Deus Caritas est - que "la justice est le but et donc aussi la mesure intrinsèque de toute politique". Selon la vision morale de Benoît XVI, un Chrétien doit travailler à un ordre social juste; ce qui entre autre implique une attention spéciale envers les pauvres.
En s'adressant aux Évêques latino-américains le 13 Mai 2007, le Pape s'est exprimé de façon positive sur ce que les tenants de la "théologie de la libération" ont appelé "l'option préférentielle pour les pauvres", disant qu'"elle est implicite dans la foi christologique en un Dieu qui s'est fait pauvre pour nous". Avec toutes les conséquences d'une telle affirmation.
En vérité, le Pape Benoît a parlé de façon répétée pour la défense des pauvres, souvent dans un langage ayant des implications politiques très concrètes. En même temps, il a rendu clair que le rôle de l'Église est d'affirmer des valeurs morales et non de fournir des directives politiques concrètes pour traduire ces valeurs en décisions législatives précises : " Ce n'est qu'en restant indépendante que [l'Église] peut enseigner les grands principes, les valeurs inaliénables, guider les consciences et offrir un choix de vie qui va au-delà de la sphère politique" , ajouta-t'il alors avec une extrême clarté.

8. L'importance de l'identité catholique
---------------------
Dans ses innombrables écrits et dans les interventions de son Magistère, le Pape Benoît ne cesse de souligner à quel point de nombreux Catholiques se trouvent aujourd'hui plus à leur aise avec les supposées valeurs de la modernité sécularisée qu'avec la tradition de l'Église. Aujourd'hui, remettre en valeur le sentiment de la " différence catholique" - une version théologique de ce que les sociologues appellent "politique de l'identité" - a été et continue à être sous différentes formes le travail de toute la vie de Joseph Ratzinger.
Il s'agit d'idées exprimées en particulier dans livre-interviewe de 1984 " Rapport sur la foi" , dans lequel le Card. Ratzinger disait à Messori : " Parmi les tâches les plus urgentes que les Chrétiens doivent affronter, il y a celle de récupérer la capacité d'être non-conformistes; c'est-à-dire la capacité de s'opposer à beaucoup des dérives de la culture qui les entoure".

9. Le Christ et l'Église sont inséparables
--------------------------
Benoît XVI est bien conscient que beaucoup d'hommes et de femmes d'aujourd'hui voient en Jésus de Nazareth une figure fascinante, mais en même temps, ils se trouvent en conflit avec un certain nombre d'aspects de la religion chrétienne traditionnelle. Par suite, la tentation naturelle est d'opter pour Jésus en "sautant" la médiation de l'Eglise.
Mais en fin de compte - souligne le Pape Benoît - on ne peut pas vraiment aimer Jésus-Christ et suivre ses enseignements sans faire partie de la famille de la foi que lui-même a créée. "Entre le Christ et l'Eglise - dit-il - il n'y a aucune contradiction: ils sont inséparables, malgré les misères des hommes qui composent l'Eglise". Par conséquent, en réponse au slogan "Oui au Christ, non à l'Eglise", Benoît insiste: "Dire 'oui' au Christ, c'est dire 'oui' à l'Eglise"

10. La vertu de la patience
---------------------
Le Pape Benoît enseigne au monde par l'exemple de sa vie sainte, plus encore que par son extraordinaire magistère de grand "docteur" de l'Eglise des temps modernes. Dans un monde impatient, comme l'est aussi souvent le monde ecclésiastique, Benoît XVI est un homme très patient.
Donc, le "décalogue" du magistère du Pape Benoît XVI dit ce qui lui tient le plus à coeur, mais aussi ce qui devrait tenir le plus à coeur à chaque croyant.



Gênes: le "facteur Benoît"
Bilan du voyage aux Etats-Unis (II)

Version imprimable