Le rôle des grands-parents

Coup sur coup, Benoît XVI a prononcé deux discours importants, abordant les plaies de notre société emportée dans le tourbillon maléfique de la "culture de mort".
Après le divorce, et l'avortement (Les "plaies" de l'avortement et du divorce ), c'est le tour du rôle des grands-parents, et, plus largement, de la place des "vieux" dans la société, avec une dénonciation ferme de l'euthanasie.
Il y a donc une grande cohérence dans le discours.
A côté de l'enseignement théologique du pape-savant, il y a donc l'enseignement moral du pape-pasteur.
On peut déplorer, comme l'avait fait Sandro Magister à propos des "homélies cachées du successeur de Pierre", que cet enseignement reste totalement confidentiel, accédant (parfois) à l'opinion publique à travers le filtre médiatique fait de mots clés-convenus (on me pardonnera de ne pas les rappeler!), de raccourcis simplistes, et de condescendance, voire de ricanement.
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Que les grands-parents soient présence vivante dans la famille, dans l'Église et dans la societé
Texte original en italien: http://korazym.org/news1.asp?Id=28412
05/04/2008
Ma traduction:


Discours prononcé par le Pape lors de l'audience aux membres de l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical pour la Famille, sur le thème "les grands-parents : leur témoignage et leur présence dans la famille ".
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Messieurs les Cardinaux, vénérés Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce, chers frères et soeurs !

Je suis heureux de vous rencontrer au terme de la XVIIIe Assemblée Plénière du Conseil Pontifical pour la Famille, qui a eu pour thème : "Les grands-parents: leur témoignage et leur présence dans la famille ".
Je vous remercie d'avoir accueilli ma proposition de Valence, où je disais : "Jamais, sous aucun prétexte, les grands-parents ne doivent être exclus du domaine familial. Ils sont un trésor que nous ne pouvons pas arracher aux nouvelles générations, surtout lorsqu'ils donnent un témoignage de foi ".
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Le thème sur lequel vous avez débattu est très familier à chacun. Qui ne se souvient de ses grands-parents ? Qui peut oublier leur présence et leur témoignage dans le foyer domestique? Combien parmi nous en portent le nom, en signe de continuité et de reconnaissance? C'est une coutume dans les familles, après leur départ, d'en rappeller l'anniversaire avec la célébration de la Messe de suffrage et, si possible, avec une visite au cimetière. C'est, en même temps que d'autres gestes d'amour et de foi, la manifestation de notre gratitude envers eux. Pour nous, ils se sont donnés, se sont sacrifiés, dans certains cas ils se sont même immolés.

L'Église a toujours eu à l'égard des grands-parents une attention particulière, en leur reconnaissant une grande richesse sous l'angle humain et social, autant que sous celui religieux et spirituel. Mes vénérés Prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II - dont nous venons de célébrer le troisième anniversaire de la mort - sont intervenus à plusieurs reprises en soulignant la considération que la communauté ecclésiale a pour les personnes âgées, pour leur dévouement et leur spiritualité. En particulier, Jean-Paul II, pendant le Jubilée de l'An 2000, convoqua en septembre sur la Place Saint-Pierre le monde du "troisième âge" et dans cette circonstance il dit "Malgré les limitations survenues avec l'âge, je conserve le goût de la vie. J'en remercie le Seigneur. Il est beau de pouvoir se dépenser jusqu'à la fin pour la cause du Règne de Dieu ". Ce sont les mots contenus dans le message qu'environ un an auparavant, en octobre 1999, il avait adressé aux personnes âgées, et qui conserve intacte son actualité humaine, sociale et culturelle.

Votre Assemblée Plénière a débattu sur le thème de la présence des grands-parents dans la famille, dans l'Église et dans la societé, avec un regard capable de comprendre le passé, le présent et le futur.
Analysons brièvement ces trois moments.
Dans le passé les grands-parents avaient un rôle important dans la vie et dans la croissance de la famille. Même lorsque l'âge avançait, ils continuaient à être présents avec leurs enfants, leurs petits-enfants et peut-être même les arrière-petits-enfants, en donnant un témoignage vivant de sollicitude, de sacrifice et d'un don de soi quotidien sans réserves. Ils étaient les témoins d'une histoire personnelle et communautaire qui continuait à vivre dans leurs souvenirs et dans leur sagesse.
Aujourd'hui, l'évolution économique et sociale a amené de profondes transformations dans la vie des familles. Les anciens, parmi lesquels beaucoup de grands-parents, se sont retrouvés dans une sorte de "zone de parking" : certains s'aperçoivent qu'ils sont un poids pour la famille et préfèrent vivre seuls ou en maison de retraite, avec toutes les conséquences que ces choix comportent.
De toutes parts, il semble malheuresement que progresse la "culture de mort", qui atteint aussi la saison du troisième âge. Avec une insistante croissante, on en vient même à proposer l'euthanasie comme solution pour résoudre certaines situations difficiles.
La vieillesse, avec ses problèmes liés aussi aux nouveaux contextes familiaux et sociaux, à cause du développement moderne, doit être évaluée avec attention et toujours à la lumière de la vérité sur l'homme, sur la famille et sur la communauté. Il faut toujours réagir avec force à ce qui déshumanise la societé. Les communautés paroissiales et diocésaines sont fortement interpellées par ces problématiques et cherchent à venir à la rencontre des exigences actuelles des parsonnesâgés. Il y a des associations et des mouvements ecclésiaux qui ont embrassé cette cause importante et urgente. Il faut s'unir pour vaincre ensemble chaque marginalisation, parce qu'il n'y a pas qu'eux -les grands-pères et les grands-mères, les personnes âgées - à être emportés par la mentalité individualiste, tout le monde l'est. Si les grands-parents, comme on le dit souvent, constituent une précieuse ressource, il faut mettre en oeuvre des choix cohérents qui permettent de les valoriser au mieux.

Que les grands-parents redeviennent une présence vivante dans la famille, dans l'Église et dans la societé. En ce qui concerne la famille, que les grands-parents continuent à être des témoins d'unité, de valeurs fondées sur la fidélité à un unique amour qui engendre la foi et la joie de vivre.
Ce que l'on nomme nouveaux modèles de famille, et le relativisme envahissant ont affaibli ces valeurs fondamentales du noyau familial. Les maux de notre societé - comme vous l'avez justement observé au cours de vos travaux - ont besoin de remèdes urgents. Face à la crise de la famille ne pourrait-on repartir de la présence et du témoignage de ceux - les grands-parents - qui ont les valeurs et les projet les plus forts? On ne peut, en effet, projeter le futur sans se référer à un passé chargé d'expériences significatives et de points de référence spirituelle et morale. En pensant aux grands-parents, à leur témoignage d'amour et de de fidélité à la vie, il revient en mémoire les figures bibliques d'Abraham et de Sarah, d'Elisabeth et de Zacharie, de Joachim et d'Anne, et aussi des vieux Simeon et Anne, ou même Nicodème : tous nous rappellent comme dans chaque âge les Seigneur demande à chacun l'apport de ses talents.
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