Le "vaticaniste français de référence"

HT, dans Le Monde, prétend analyser "Le pape Benoît XVI et ses intégristes". (2/7/2008)


A l'instant me tombe sous les yeux le dernier billet d'HT, et j'avoue qu'il me prend de court, même s'il est parfaitement prévisible. Faut-il en parler?
Il me vient à l'idée que cet homme est un pince-sans-rire, et qu'il s'amuse bien de ses provocations.
Car il provoque, et il ne peut l'ignorer. Il sait de façon certaine que l'ensemble du monde catholique traditionnel, ou plutôt non progressiste, va se ruer sur son article pour l'affubler de noms d'oiseaux. La rançon de la gloire, en quelque sorte. Il n'a rien à perdre, tout à gagner, à ce petit jeu.
...
Voyons ce qui l'occupe cette fois encore.
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- Il traite Mgr Lefebvre d'"esprit borné", si ça lui fait plaisir, ça ne me gêne pas, d'autant plus qu'à sa façon, Tornielli n'a pas dit autre chose, et ça ne m'a pas choquée. Et puis entre l'évêque rebelle et le journaliste obsédé, l'esprit le plus étroit n'est peut-être pas celui qu'on pense...
- Il ne digère manifestement pas que "après deux décennies... les tradis sont toujours là".
Mais qu'est-ce que cela peut bien lui faire?. Il y a des quantités de gens qui sont "toujours là", qui ne me plaisent pas, et que je suis bien obligée de supporter. Même lui, la preuve!

- Là où j'aime nettement moins, c'est quand il se permet d'écrire:
Les traditionalistes ont trouvé un allié avec le pape allemand. Les fidèles s'étonnent des audaces que prend Benoît XVI en matière liturgique, à rebours de toute une évolution enregistrée depuis Vatican II. Le maître des cérémonies de Jean Paul II a été remplacé. Benoît XVI a rétabli le trône pourpre bordé d'or des papes préconciliaires, renoncé au "bâton pastoral" de ses prédécesseurs, symbole d'une Eglise plus humble, et ressorti la "férule" en forme de croix grecque du pape le plus réactionnaire du XIXe siècle (Pie IX). Il a restauré l'usage de la distribution de la communion à genoux et par la bouche, "destinée à devenir la pratique habituelle des célébrations pontificales", a déclaré dans L'Osservatore romano Mgr Guido Marini, son cérémoniaire.


La France risque d'être stupéfaite

Et surtout (est-ce une menace?):
"La France risque d'être stupéfaite lors de la visite de Benoît XVI en septembre."

Voilà qui me laisse sans voix, et qui m'inquiète, car lui, et pas moi, possède le pouvoir médiatique!

Elle sera stupéfaite, je le crois, mais pas dans le sens qu'il imagine. Chercherait-il à préparer ses lecteurs?

Pour la fin de l'article, on dirait presque qu'il joue à l'admirateur déçu: "Ne fais pas ça, Benoît, je te croyais plus intelligent"
Au moment de l'élection, certains avaient insinué qu'il avait "fait campagne pour Ratzinger", dont il avait souligné "l'élégance et la classe" et il n'est pas impossible qu'il ressente du dépit que ses espoirs de "changement" dans le sens qu'on imagine aient été démentis par les faits. Depuis le début du pontificat, il surveille avec une malveillance goguenarde ce qu'il appelle des "dérapages", même lorsqu'il s'agit d'actes superbes et mémorables (Ratisbonne); un vrai succès bien apparent, au sens médiatique, aurait sans doute du mal à passer.
L'allusion à Florès d'Acaïs (et à Habermas), comme caution, est franchement déplacée, sans parler de "son meilleur ennemi" Hans Küng. Si Joseph Ratzinger/ Benoît XVI a accepté de débattre avec eux, c'est par goût de la confrontation intellectuelle, mais avant tout parce qu'il y voyait son devoir. Au moins pour le premier, ce n'était certainement pas par goût.

Mais surtout, quand il écrit que "le cap a été fixé, il y a plus de quatre décennies, lors de Vatican II, maintenu par Paul VI et Jean Paul II", il en rajoute dans la mauvaise foi. Ainsi, quand le cap est fixé dans un sens qui l'arrange, il est bon! Il est trop facile de lui objecter "L'Eglise est en marche". Car c'est un comble que ce soit des gens opposés à toute référence au passé, partants pour tous les bouleversements, et toutes les remises en question, qui se permettent d'écrire qu'un cap a été fixé!!!

Je retiens pour finir une phrase très déplaisante; j'ignore de quel milieu il vient, mais le propos me semble relever de la condescendence germanoprataine envers un campagnard, auquel, intellectuellement, il n'arrive pas à la cheville:
Benoît XVI peut-il aller jusque-là ? Serait-il vraiment ce pape qui n'aurait jamais réussi à s'affranchir de son modèle bavarois où la messe, la famille, l'angelus des champs et la musique des villes étaient au coeur du quotidien?


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