Libération d'otages en Colombie

La salle de presse du Vatican, par la bouche du père Lombardi, est plus réservée que ce que les dépêches d'agence laissent supposer en France (7/7/2008)



LIBERATION D'OTAGES EN COLOMBIE

CITE DU VATICAN, 3 JUILLET 2008 (VIS). Hier soir, le P.Federico Lombardi, SJ, Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, a commenté la libération de quinze personnes en Colombie, dont Mme Ingrid Bétancourt: "C'est une bonne nouvelle, un soulagement et un motif d'espoir pour le pays. C'est également un signal d'espérance pour de nombreuses autres personnes dans le processus de pacification d'un pays qui a trop souffert de la violence. Ces libérations répondent aux appels du Pape et des évêques, aux attentes de toute l'Eglise".

Puis le P.Lombardi a évoqué les divers appels lancés par Benoît XVI en faveur de la libération par les FARC de tous leurs otages, dont l'ex candidate à la présidence colombienne. Dans le message adressé hier à la Conférence épiscopale pour son premier centenaire, le Saint-Père avait encouragé les évêques colombiens à être des hommes de concorde, rappelant leurs constants efforts pour que cessent les violences, les rapines et les enlèvements qui coûtent si cher à la population. Il demandait ardemment à Dieu de faire cesser au plus tôt cette situation afin que la Colombie retrouve une paix juste et stable, un climat d'espérance et de prospérité.


Commentaire

Je me réjouis, bien sûr, que Madame Bétancourt (voir ici: Bio) ait retrouvé la foi durant sa captivité.
Pourquoi pas?
Cela n'empêche pas l'annonce (par elle? sa famille? un "raccourci" médiatique?) de l'invitation du Pape d'être un peu prématurée. Il la recevra peut-être... mais à sa demande à elle.


Quelques titres de Google-actualités


Une dépêche de l'AFP reproduite sur La Croix.fr, et citée par Yves Daoudal, rétablit les faits:

« Le pape a fait parvenir hier à Madame Ingrid Betancourt un message de félicitations », a indiqué vendredi un porte-parole du Vatican dans une déclaration à la presse. « Le souhait respectable et compréhensible de Madame Betancourt d'être reçue par le pape pourra être exaucé dès que le permettront les engagements du Saint-Père. »


De son côté, l'Agence Zenit relate plutôt prudemment:


Ingrid Betancourt pourrait être reçue par Benoît XVI
...
« La date n'est pas encore fixée mais le Vatican a confirmé ma rencontre avec le pape : c'est un rendez-vous que je ne peux pas manquer », a expliqué Ingrid Betancourt durant sa conférence de presse à Bogota, à l'ambassade de France.

Le 7 février 2008, Benoît XVI avait salué la mère d'Ingrid Betancourt, Yolanda Pulecio, présente à l'audience générale du mercredi dans la salle Paul VI du Vatican, par quelques mots en lui tenant la main.

Mme Pulecio a ensuite évoqué cette rencontre avec des journalistes de Colombie : « Je suis très émue, avait-elle confié, j'ai eu beaucoup de mal à retenir mes larmes pendant que j'expliquais au pape qui j'étais et de qui j'étais la mère. Le pape m'a dit : ‘Je prie pour cette jeune femme et je connais bien la situation difficile dans laquelle elle se trouve' ».


A l'époque (et c'est repris aujourd'hui) la presse avait dit que la mère d'Ingrid Betancourt avait été reçue par le pape.
Ce n'était pas exactement le cas.


Bio

Le Monde reproduit dans son édition du 6-7 juillet un article de Sylvie Kauffmann, datant du 1er Janvier 2003.
J'avoue qu'en lisant ce portrait, j'ai du mal à comprendre l'enthousiasme de la planète catholique...

Extrait:
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Qu'y a-t-il donc chez Ingrid Betancourt qui émeut tant ? Il y a, d'abord, du conte de fées dans cette enfance dorée, entre un père d'une grande culture, ministre de l'éducation puis ambassadeur à l'Unesco, et une mère reine de beauté reconvertie dans le social pour petits orphelins, qui a appelé ses filles Astrid et Ingrid parce qu'elle adorait les contes d'Andersen.

Née dans une très bonne famille de Bogota qui lui inculque l'amour de la Colombie, la petite Ingrid grandit dans les salons d'un immense appartement de l'avenue Foch à Paris où se succèdent les plus grands noms de l'intelligentsia latino-américaine. Pablo Neruda la fait sauter sur ses genoux... Un conte de fées où tout n'est pas rose, puisque la brutalité du divorce de ses parents la blesse profondément. Washington, Paris, Bogota, Paris, un an en pension à Sidmouth, dans une bonne école anglaise, Bogota puis, en 1980, retour à Paris, où elle va faire Sciences Po. Elle y fait deux rencontres importantes : Fabrice Delloye, jeune diplomate français qui deviendra son mari, et Dominique de Villepin, alors jeune chargé de conférences à Sciences Po, avec lequel elle ne perdra jamais le contact ; un ami précieux et sûr auquel elle demande régulièrement conseil, y compris pendant les années de l'Elysée, et même s'il arrive à ces deux êtres au caractère bouillant, disent des amis, de « s'engueuler ».

« Je veux être président de la République de mon pays », décrète-t-elle à son futur mari lorsqu'elle le rencontre, à 18 ans. Lui ne connaît de la Colombie que son image de violence et ne souhaite pas s'y installer. Après les études d'Ingrid, le couple, bientôt comblé par la naissance de Mélanie puis de Lorenzo, va couler des jours heureux à Quito, aux Seychelles, à Los Angeles...
Ingrid a acquis la nationalité française par son mariage, mais elle ne parvient pas à oublier la Colombie sous les bombes, d'autant plus que sa mère s'y est fait élire député et qu'un drame va les bouleverser toutes les deux : l'assassinat en plein meeting, en 1989, de Luis Carlos Galàn, candidat à l'élection présidentielle favorable à l'extradition des narcotrafiquants vers les Etats-Unis, avec lequel Yolanda Pulecio, la mère d'Ingrid, fait campagne.
En janvier 1990, « l'appel de la Colombie » est trop fort : Ingrid quitte le nid familial et part pour Bogota à la rencontre de son nouveau destin. L'année suivante, Fabrice se fait nommer à Bogota, amène les enfants. « Tu vois, plaisante-t-elle, il a fallu qu'on se sépare pour que tu viennes vivre ici ! »
Ingrid Betancourt et la Colombie font connaissance, et c'est la surprise des deux côtés. Bombardée conseillère technique dans un cabinet ministériel, elle voyage, découvre les moeurs politiques locales. A 32 ans, elle décide de se présenter au Congrès. Le carnet d'adresses de Papa et Maman, certes, lui sert, mais, pour le reste, elle ne fait rien comme eux : ils n'auraient pas eu, par exemple, l'idée de distribuer des préservatifs aux feux rouges pour encourager les électeurs à « protéger la Colombie du sida de la corruption » en votant pour elle.
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etc..
Lire la suite ici: http://www.lemonde.fr/...l-otage-liberee_....html


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