Quand le Pape se fait "papa"

Un très bel article de l'Avvenire, à propos de la mise en garde du Saint-Père contre les accidents de la route, lors de l'Angelus du 17 août à Castelgandolfo (23/8/2008)

Qui pourra encore dire qu'il vit dans sa tour d'ivoire, et qu'il est éloigné des préoccupations quotidiennes des gens?


Avant la prière d'Angelus, ce jour-là, le Saint-Père a fait allusion à deux sujets d'actualité, dont l'un a été particulièrement commenté par les medias, au moins italiens.
Il s'agissait du racisme (je voudrais y revenir plus longuement, mais j'ai du mal à reprendre mon travail de traduction, et je n'ai d'autre choix que de traduire, car les commentaires dans la presse italienne, partiellement repris en France, ont été particulièrement riches d'enseignement), et les accidents de la route.

C'est de ce dernier thème qu'il est question ici.
L'actualité qui servait de support à sa réflexion était un très grave accident de la circulation qui s'était produit peu avant sur une autoroute du nord de l'Italie - en partie dû à de violentes chutes de pluie.

L'article ci-dessous, du quotidien de la CEI, joue sur l'homophonie, en italien, entre les mots "Papa" (le pape) et Papà (le père, dans le registre affectueux).
Contrairement à ce qu'affirme l'auteur de l'article, ce n'était pas la première fois que Benoît XVI s'exprimait sur ce thème, et dans un registre identique. En juin 2005, je me trouvais en effet à Rome pour un des premiers angelus de ce pontificat. Benoît avait déjà alors très paternellement fait allusion aux accidents de la circulation, au point que le lendemain, un quotidien italien dont je ne me souviens plus le nom, disponible à mon hôtel, titrait sur le ton de la plaisanterie affectueuse: "Il Papa fa la mamma"!!

Voir ici: Le pape, en juin 2005


Avant l'Angelus, le Saint-Père:

Traduction: Zenit
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Je voudrais proposer aujourd'hui une [..] intention de prière, étant donné les nouvelles qui arrivent, spécialement en cette période de nombreux et graves accidents de la route. Nous ne devons pas nous habituer à cette triste réalité ! Le bien de la vie humaine est trop précieux en effet et il est trop indigne de l'homme de mourir ou de se retrouver invalide pour des causes que l'on pourrait éviter dans la majeure partie des cas. Il faut certes un plus grand sens de la responsabilité. Avant tout de la part des automobilistes, parce que les accidents sont dus souvent à l'excès de vitesse et à des comportements imprudents. Conduire un véhicule sur des voies publiques exige un sens moral et un sens civique. Pour promouvoir ce dernier, une constante action de prévention, de vigilance et de répression est indispensable de la part des autorités préposées. Mais en Eglise nous nous sentons directement interpellés au plan éthique : les chrétiens doivent avant tout faire un examen de conscience personnel sur leur conduite en tant qu'automobilistes. Les communautés doivent en outre éduquer chacun à considérer la conduite aussi comme un domaine dans lequel défendre la vie et exercer concrètement l'amour du prochain.


"Allez doucement", l'Avvenire

"Allez doucement". L'invitation d'un bon Papà.

Paolo Mosca, L'Avvenire

J'avoue que la tentation de mettre un accent sur le dernier "a" de Papa (ndt: en italien, chacun sait que Pape se dit Papa, avec l'accent tonique sur la première syllabe, alors que Papà, avec l'accent tonique sur la seconde syllabe, est l'équivalent de notre papa) m'est venue à l'esprit lors des derniers jours (stoïques) de Jean Paul II. L'envie de lui dire: merci, Papà Wojtyla, pour ce que tu as dit, fait, rêvé avec nous.
Et voilà, dimanche dernier, cette tentation m'est revenue: quand Benoît XVI, avant l'Angelus, à Castelgandolfo, a eu des mots vraiment paternels pour des créatures de tous âges. Oui, désormais, Joseph Ratzinger est devenu Papà pour nous tous. Mots simples, mais profonds, parce que jaillis du coeur d'un théologien, un intellectuel des problèmes moraux et religieux: "Vous ne pouvez pas mourir sur les routes pour un banal dépassement: la vie humaine est un bien trop précieux pour être jetée sur l'asphalte d'une route de vacances".

L'exemple de vacances intelligentes, du reste, c'est lui qui nous l'a donné, dans la verdure de Bressanone.

Lecture, réflexion, nouvelles pages écrites pour la seconde partie du livre "Jésus de Nazareth", sonates à quatre mains au piano avec son frère Mgr Georg, promenades avec lui, dans le souvenir de leur jeunesse en Bavière, et prière à l'aube et au crépuscule.

Certes, à nous, commun des mortels, ce serait trop de demander une pause aussi spirituelle: mais nous demander plus de prudence au volant, et même un "je vous salue Marie", avant un voyage, ce n'est pas nous rogner les ailes, mais nous prendre symboliquement par la main, un par un, et nous traiter comme ses enfants. Donc, merci, Papà Ratzinger. Vos adversaires disaient, au début du Pontificat, que vous aviez un caractère allemand, donc difficile, renfermé.
A trois ans de votre élection, on voit en lumière votre vrai caractère: doux, respectueux, paternel.

Et Ratzinger nous dit encore: "Nous ne devons pas nous habituer à cette triste réalité des morts sur les routes, à nous retrouver invalides pour des raisons qui, dans la plupart des cas, pourraient être évitées".

C'est vraiment un père prévenant, amoureux de la vie et du miracle de la naissance de chaque créature. Certes, ce reportage vu mille fois dans les journaux télévisés, d'un camion déviant sur la gauche, terminant sa course sur la voie opposée de l'autoroute Venise-Trieste , et provoquant un désastre (ndt: un très grave accident de la circulation survenu le 7 août dernier) aura certainement frappé la sensibilité de Papà Ratzinger, et pas seulement la nôtre.
Pourquoi courir? A quel mystérieux rendez-vous devons-nous arriver en avance? Le désir de vivre toutes les émotions possibles nous amène à la névrose d'appuyer sur l'accélérateur: l'important est de battre des records de vitesse, entre deux péages.
Il n'y a pas de temps pour jouir d'un paysage, faire une pause pour une photo de notre merveilleux pays. ...
Mais Ratzinger vient au devant de nos névroses, non pour les justifier, plutôt pour les aider.
...
Encore merci, Papà Ratzinger. Il nous sera difficile d'oublier votre invitation à la prudence lancée depuis Castelgandolfo.
Et aussi parce que vous l'avez fait avec le sourire: une attitude optimiste désormais inconnue aux leaders de la planètes. Jusqu'à Dimanche dernier, c'était Saint-Christophe le protecteur des créatures au volant. Désormais, il faut lui adjoindre Papà Ratzinger.

Merci au Pontife, qui avec prévenance et douceur nous a rappelé nos responsabilités au volant.

© Copyright Avvenire, 21 août 2008


Le pape, en juin 2005

http://www.vatican.va/...benedict_xvi/angelus/2005....

La fin du mois de juin marque pour les pays de l'hémisphère nord de la planète le début de la saison estivale et pour de nombreuses personnes, commence le temps des vacances. Tandis que je souhaite à tous de pouvoir vivre de façon sereine quelques jours de repos mérité et de détente, je voudrais lancer un appel à la prudence à tous ceux qui prennent la route pour rejoindre les divers lieux de villégiature. Chaque jour, malheureusement, et en particulier le week-end, on enregistre sur la route des accidents dans lesquels de nombreuses vies humaines sont tragiquement brisées, et dont plus de la moitié des victimes sont des jeunes. Au cours des dernières années, on a beaucoup fait pour prévenir ces événements tragiques, mais on peut et doit faire plus avec la contribution et l'engagement de tous. Il faut combattre la distraction et la superficialité, qui peuvent détruire en un instant son propre avenir et celui des autres. La vie est précieuse et unique: elle doit être toujours respectée et protégée, également à travers un comportement correct et prudent sur les routes.

Que la Vierge Marie, qui nous accompagne sur notre chemin quotidien de la vie, veille sur ceux qui voyagent et obtienne miséricorde pour les victimes de la route. A l'approche imminente de la fête des saints Apôtres Pierre et Paul, c'est à Elle, Reine céleste des Apôtres, que nous confions l'Eglise et son action missionnaire dans le monde entier.


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