Le Pape ne suit pas l'agenda politique

Toujours à propos du "silence" (désormais rompu) sur le Tibet, un article de Paolo Rodari (21/3/2008)


Le Pape ne suit pas l'agenda politique
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Hier (ndt: voir ici: Le Pape et le Tibet: la réponse ), les paroles du Pape devant les nouvelles en provenance du Tibet sont arrivées, mesurées et claires, au terme de l'audience générale du mercredi. Paroles qui ont rappelé la nécessité du dialogue et, en même temps, le fait qu' "avec la violence on ne résout pas les problèmes, mais on ne fait que les agraver".
Paroles prononcées après qu'une grande partie de l'opinion publique l'ait critiqué pour ne pas avoir mentionné le Tibet au cours du discours qui a précédé la récitation de l'Angelus dimanche dernier place Saint Pierre.
À ce sujet, le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, s'exprime (dans "Il Riformista") :
"Dimanche le Pape a ressenti la nécessité de rappeler avec force les souffrances des chrétiens en Iraq et il l'a fait. Il l'a fait avec une intervention forte et dure vis-à-vis de la guerre qui depuis cinq ans déchire ce pays. La mort de l'évêque chaldéen, évidemment, lui a suggéré la necessité de dédier une appel uniquement à la tragique situation vécue en Iraq. Peut-être les gens ont-ils été étonnés que cet appel n'ait pas été suivi par une allusion au Tibet. Mais je ne crois pas qu'il l'ait fait par insensibilité envers le Tibet, mais plutôt à cause de la gravité de la situation irakienne.
Le Pape, en effet, ne parle pas comme autorité politique mais comme autorité morale et il est donc normal qu'il dédie son appel avant tout aux situations où ce sont les chrétiens, et surtout les catholiques, qui souffrent. Ce sont généralement les évêques dans le monde et les nonces apostoliques qui font part au Pontife des difficultés des communautés individuelles, en lui demandant donc une intervention. Et c'est ce qui est arrivé dimanche. Mais cela, je le répète, ne signifie pas que le Pape n'ait pas à coeur toutes les populations du monde, et en particulier les populations qui souffrent le plus ou qui se voient piétiner leurs droits. Cela signifie plutôt qu'il parle comme autorité morale et que, donc, l'agenda de ses interventions ne peut pas être dicté par cette instantanéité, je dirais presque "presenzialisitica" que les autorités politiques sont appelées à respecter. Et parce qu'il peut difficilement attirer à chaque fois l'attention sur chaque situation qui en elle-même le mériterait ".

Il reste de toute façon le fait que les mots de Benoît XVI sont arrivés après une certaine "pression" exercée de l'opinion publique :
"Sans doute, Benoît XVI - dit le père Lombardi - n'est pas étranger aux urgences que l'opinion fait siennes. Mais il faut lui laisser le temps de réfléchir et de s'informer. Aussi parce que la situation au Tibet est très complexe et chaque mot est pesé par le Pontife avec une attention particulière. Entre autre, vis-à-vis de la Chine, le Pape a employé des mots clairs à l'occasion de la Lettre aux catholiques chinois de l'été passé, une lettre qui ne cache pas les difficultés mais qui en même temps souhaite l'ouverture d'un dialogue sérieux".

Bénit XVI consacre habituellement des mots aux situation les plus difficiles du monde dans les Messages de Pâques, Noël et dans le discours au corps diplomatique. Et il n'est pas exclu que dimanche prochain, il puisse encore parler du Tibet.
"Je ne sais pas - dit encore Lombardi - si dimanche prochain Benoît XVI parlera encore du Tibet. Je sais cependant que les situations qui mériteraient ses appels sont multiples. Aujourd'hui sur Radio Vatican, par exemple, nous avons rappelé la difficile situation de la Somalie. Cela pour dire que les situations difficiles dans le monde sont nombreuses ". .


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