Sur le chemin de Rome, les Anglicans hésitent



Un article du blog de Damian Thomson, "Holy Smoke", traduit par mon amie Marianne (15/5/2008)

Des anglicans prêts à se convertir au catholicisme?
Marianne m'écrit:
Voici un petit texte qui montrerait que les évêques n'obéissent guère au Pape.
Disons, "des évêques", ce serait sans doute plus juste.
Comment comprendre que des prélats puissent mettre des obstacles à la conversion des anglicans au catholicisme ?


SUR LE CHEMIN DE ROME…
Sur le chemin de Rome, les Anglicans hésitent
Damian Thompson
blogs.telegraph.co.uk.../holysmoke/...
Au moins un des « évêques volants »* de l’Église d’Angleterre est prêt à se convertir au catholicisme, à l’instar de milliers d’Anglicans. Qu’est-ce qui les arrête ?
Selon une source haut placée, ils ne peuvent tout simplement pas affronter l’hostilité des évêques actuels (catholiques romains) d’Angleterre et du Pays de Galles.

Le pape est disposé à accueillir les derniers convertis.
Il y a quatre visiteurs épiscopaux (appelés aussi flying bishop ou évêques volants) et, selon mes informations, un ou peut-être deux veulent devenir Catholiques romains, quitte à sacrifier leur statut d’évêques.
Il y a un enthousiasme formidable pour le pape Benoît XVI chez les Anglo-Catholiques qui aiment son insistance théologique sur la beauté de la liturgie. De son côté, le pape est extrêmement désireux de les recevoir au bercail.
Ce n’est pas le cas des évêques d’Angleterre et du Pays de Galles (catholiques romains) qui sont presque uniformément libéraux. Au début des années 1990, les évêques forcèrent Basil Hume** à élever les plus d’obstacles possibles sur la voie des Anglicans qui voulaient se convertir au Catholicisme. Pour de nombreux observateurs (dont je fus), ce fut une profonde déception.
Quelques prêtres anglicans extraordinairement talentueux ont traversé le Tibre. On peut diviser ceux qui restent en quatre grands groupes :
1. Les Anglo-Catholiques (anglicans) qui acceptent désormais la prêtrise des femmes. Je n’aurais jamais cru, il y a 15 ans, que tant de gens si « clochettes et encens » accepteraient cette innovation, mais ils l’ont fait.

2. Le clergé anglo-catholique qui, malgré leur ritualisme très romain, entretiennent des relations que ne toléreraient pas les autorités catholiques. Du coup, ils lèvent le pont-levis.

3. Les Anglo-Catholiques qui croient encore – contre toute évidence – qu’ils pourront préserver leur prêtrise réservée aux hommes et attendent que leurs camarades anglicans finissent par s’apercevoir de leurs erreurs.

4. Les Anglo-Catholiques qui savent que les jeux sont faits, qu’il n’y aura jamais de réunion de l’Église anglicane avec Rome et que leur avenir est dans la conversion.

C’est ce dernier groupe qui souffre le plus. Ceux qui en font partie veulent saisir leur chance tant que la chaire de Pierre est occupée par un théologien brillant qui reconnaît les qualités particulières de l’Anglo-Catholicisme. Ils admirent l’audace de Benoît qui a enlevé aux évêques diocésains le pouvoir de faire obstacle à la messe latine traditionnelle et a encouragé l’établissement de congrégations qui utiliseraient uniquement le missel de 1962. Pourrait-il faire des arrangements du même genre à l’égard des ex-Anglicans ?

Pour le moment, la réponse est décourageante. Les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles ont mené une campagne sournoise de résistance aux réformes liturgiques du pape. Jusqu’ici, ils ont réussi : depuis que le pape a changé les règles l’année dernière, le nombre des messes traditionnelles du dimanche n’a guère augmenté.

La hiérarchie n’a pas plus de sympathie envers les Anglo-Catholiques conservateurs qu’elle n’en a envers la Société pour la Messe Latine. Elle ne fera que le strict minimum pour recevoir les convertis. Le paradoxe, c’est que de nombreuses paroisses anglo-catholiques célèbrent la liturgie d’une manière qui correspond bien plus à l’esthétique de l’adoration selon Benoît XVI que ne le font les services de fortune, bâclés, que l’on trouve dans les paroisses catholiques ordinaires.

Pas étonnant que les évêques volants soient malheureux et désorientés. S’ils se soumettent à Rome, ils souhaiteraient le faire sous un pontificat qui soit vraiment sympathique. Mais qui sait combien de temps va-t-il durer ? La meilleure solution serait qu’au cardinal Murphy-O’Connor, le pape désigne un successeur qui soit à son image dit le Père Aidan Nicols, dominicain. Toutefois, il y a peu de chance que cela se produise. Nous allons vers une autre occasion manquée.

* Les flying bishop ou évêques volants, ne reconnaissent pas l’ordination des femmes, contrairement au reste de l’Église anglicane.
* Basil Hume (1923-1999), prélat anglais catholique romain. Fut archevêque de Westminster et président de la conférence des évêques d’Angleterre et du Pays de Galles.


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A noter, pour l'information, que le Forum catholique a consacré récemment un "fil" à la question des prêtres anglicans convertis au catholicisme... (www.leforumcatholique.org/..)
Il y a une contribution de Daniel Hamiche (blog americatho)


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