La famille blessée au coeur

Benoît XVI, le Pape de la famille. Traduction d'un article de Zenit-Italie (26/5/2008)


Les trois cercles du Pape

De retour de Turquie, comme c'est la coutume après chaque déplacement, le Pape, lors de l'audience générale suivante (6 décembre 2006), avait dressé le bilan de son voyage.
Et il avait expliqué en ces termes imagés -et fort beaux-, la mission du Successeur de Pierre (voir ici: beatriceweb.eu/Blog06/.. )
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[Sa mission] se déroule en cercles concentriques:
- Dans le cercle intérieur, le successeur de Pierre confirme dans leur foi les catholiques.
- Dans le cercle intermédiaire, il rencontre les autres chrétiens.
- Dans le cercle extérieur, il s'adresse à ceux qui ne sont pas chrétiens, et à l'humanité toute entière.
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C'est ce troisième cercle qui m'est venu à l'esprit, en lisant ce très intéressant texte de Zenit en italien. Une constatation froide et chiffrée, tout sauf moralisatrice, simplement réaliste.

Dans le premier cercle, Le Pape nous enseigne la proximité avec Jésus: nous essayons de le suivre, c'est simple et beau à la fois, mais il sait qu'il s'adresse à un petit troupeau.
...
Dans le troisième, il reste la seule grande voix au monde qui s'élève, pour nous avertir -avant qu'il ne soit trop tard- que nous sommes, nous, européens, et plus largement, l'Occident, en train "de prendre congé de nous-mêmes".
Et pour une raison toute simple à comprendre. Les "princes" qui nous gouvernent, et qui devraient prévoir, c'est-à-dire pourvoir à l'avenir, plutôt que prévenir les sondages, mais qui ne cessent de se tromper, feraient bien de l'écouter, au lieu de focaliser leur attention sur le "pouvoir d'achat des ménages" (quels ménages?), un concept tout droit issu du marketing, ce qui ne peut pas mener bien loin.

Le Saint-Père l'a encore rappelé lors de l'homélie de la messe du Corpus Domini: <Fête du Corpus Domini>
"Il ne suffit pas d'avancer, il faut voir vers où on va. Le "progrès" ne suffit pas si il n'y a pas de critères de référence. Au contraire, si on court en dehors de la route, on risque de finir dans un précipice, ou de toutes façons de s'éloigner plus rapidement du but..."

Je me répète, mais certains tentent de nous faire croire que Benoît XVI est le pape de l'environnement.

Bien sûr que non! Il est le Pape de la vie et de la famille.
Malheureusement, l'un des deux "combats" est plus "médiatiquement correct" que l'autre... pour le moment.


Texte original en italien: http://www.zenit.org/rssitalian-14473

Ma traduction:


Pouvons-nous nous permettre d'abandonner la famille ?

De lourdes conséquences sociales et économiques se profilent
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John Flynn, LC
ROME, dimanche, 25 mai 2008 (ZENIT.org).

- La désintégration de la famille pèse déjà considérablement sur les contribuables. Selon un rapport publié en avril, le coût annuel rejoindrait les 112 milliards de dollars (71.6 milliards d'euro) rien qu'aux Etats Unis. Ce rapport, intitulé « The Taxpayer Costs of Divorce and Unwed Childbearing : First-Ever Estimates for the Nation and All 50 States », a été publié par quatre instituts de recherche : Institute for American Values, Georgia Family Council, Institute for Marriage and Public Policy-Families Northwest.

« L'étude montre pour la première fois que du divorce et de la procréation extra-matrimoniale dérivent des coûts économiques considérables - en plus des dommages pour les enfants - qui pèsent sur les contribuables », a affirmé David Blankenhorn, président de l'Institute for American Values, dans un communiqué de presse relatif au rapport.

Le mariage est plus qu'une institution sociale ou morale, observe l'étude. C'est une institution économique qui, lorsqu'elle échoue, engendre des coûts très élevés pour les institutions locales, d'état et fédérales. Selon le rapport, il s'agit au moins de 112 milliards de dollars (71.6 milliards d'euro) par an, soit environ mille milliards de dollars (639 milliards d'euro) pour la décennie écoulée. Le gouvernement fédéral supporte le poids le plus lourd, 70.1 milliards de dollars (44.8 milliards d'euro), suivi par les 33.3 milliards de dollars (21.3 milliards d'euro) imputés aux États et les 8.5 milliards de dollars (5.4 milliards d'euro) au niveau local.

Ces coûts dérivent d'une série de causes : augmentation du financement des programmes de lutte contre la pauvreté ; augmentation du financement des programmes pour la justice pénale et pour l'éducation ; diminution des recettes fiscales dues à l'augmentation du nombre de personnes adultes qui jouissent d'un revenu moindre à cause des opportunités réduites d'une vie vécue dans la pauvreté.
Selon l'étude, le soutien public au mariage et à la famille constituerait une politique économique saine et nécessaire. Rien qu'une légère réduction du taux de divorce comporterait une épargne de milliards de dollars par an. Quelques États s'en aperçoivent. Le rapport cite l'exemple du Texas, qui récemment a alloué 15 millions de dollars (9.6 millions d'euro) pour financer deux ans d'éducation au mariage et d'autres programmes. Selon l'étude, aussi, une simple réduction inférieure à 1% du nombre des faillites familiales, comporterait un bénéfice économique pour les contribuables de cet Etat.

Changements dramatiques
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Le rapport parcourt les profonds changements qui sont intervenus sur la famille dans les dernières décennies.

-- Entre 1970 et 2005, le pourcentage d'enfants vivant avec deux parents mariés s'est écroulée de 85% à 68%.

-- Plus d'un tiers des enfants aux Etats Unis naissent aujourd'hui hors du mariage : 25% parmi les blancs non hispaniques ; 46% parmi les hispaniques ; 69% parmi les afro-américains.

-- En 2004, presque 1.5 millions d'enfants sont nés de mères non mariées.

-- Après 1980 on a enregistré une légère baisse des divorces, mais ceci s'est accompagné d'une augmentation de la procréation extra matrimoniale, de sorte que le pourcentage global des enfants qui vivent avec un seul parent ait augmentée constamment entre 1970 et 1998, avec seulement une légère baisse après 1998.

Selon le rapport il faut donc vérifier s'il existe un rapport direct entre cette désagrégation de la famille et l'augmentation de la dépense publique.
Les auteurs proposent donc une série d'éléments à l'appui cette thèse.
Il existe une vaste documentation - observent-ils - selon laquelle le divorce contribue à la pauvreté des enfants qui le subissent.
Des analyses, il ressort qu'une grande partie de l'augmentation de la pauvreté enregistrée parmi les mères divorcées est bien causée par le divorce, affirme le rapport, citant une étude récente.
Les effets du divorce sur les enfants ont en effet été bien documentés. L'étude cite lune recherche universitaire selon laquelle ces conditions impliques des taux plus élevés de criminalité et de délinquance.

L'écroulement du revenu
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L'expérience d'autres Pays confirme le rapport américain.
En Angleterre, entre 1991 et 1997, la réduction moyenne du revenu de la mère, après la séparation, a été de 30%, selon l'étude publiée par l"Institute for Social and Economic Research de l'Université d'Essex. Le 5 Mars dernier, dans un article sur cette étude, le quotidien The Guardian a observé que depuis quelques années le déclin a considérablement ralenti. Entre 1998 et 2004, la baisse de revenu n'a été que de 12%. Les chercheurs attribuent une partie de cette amélioration à l'augmentation des niveaux de soutien économique de la part de l'État.
La désintégration des familles crée aussi des problèmes dans les écoles, selon le quotidien britannique Telegraph du 19 Mars. L'affaiblissement de la famille traditionnelle, selon l'Association of Teachers and Lecturers, qui compte 160.000 membres, crée une sorte de « cercle vicieux » entre échec scolaire, pauvreté et criminalité.

Le Telegraph observe que ces préoccupations se placent en un moment où les données officielles montrent que le nombre de parents isolés en Grande-Bretagne, au cours de la dernière décennie, a augmenté de 250.000 unités, atteignant presque 2 millions.
Une autre conséquence pour les enfants, dérivant des faillites familiales, est l'aggravation dans leur santé mentale.
Le 24 avril, le quotidien Times de Londres a reproduit une étude commandée par la Children's Society, selon lequel plus d'un quart des jeunes de moins de 16 ans se sentent déprimés à cause des stress dérivant de la famille, des amitiés et de l'école.
Des milliers d'enfants ont participé à cette étude. Pour beaucoup d'entre eux la rupture de la famille a eu des conséquences négatives.

La crise en Europe
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L'Europe aussi souffre des grands changements sur la famille, comme cela a été mis en évidence dans une récente étude publiée par l'agence de presse du Vatican « Fides ». Dans une dossier intitulé « la crise de la famille en Europe », Fides expose des informations provenant de nombreuses études et organisations.
La population européenne va bientôt entamer son déclin, alors que son vieillissement en est déjà à un stade avancé, a averti Fides. Chaque 25 secondes il se pratique un avortement dans les 27 Pays de l'Union européenne - selon le rapport - pendant que chaque jour 3 écoles sont fermées à cause du manque d'élèves. Les hommes et les femmes renvoient l'instant du mariage et, en 2005, presque 1.9 millions d'enfants sont nés hors mariage.
Dans plusieurs Pays, environ la moitié des naissances est le fait de mères isolées ou en concubinage. Le nombre des divorces continue à augmenter, déversant ses conséquences sur des millions d'enfants. Dans ce contexte, Fides souligne en outre que seulement une petite partie des 27% du produit interne brut que l'Europe dépense dans le secteur social est destinée au soutien des familles, lesquelles évidemment ne sont pas considérées comme une priorité.
Le rapport affirme en effet que « les institutions et les législations en Europe considèrent la famille comme un héritage historique, plutôt que comme une institution qui peut appartenir au futur ».
Par conséquent - poursuit le rapport - les gouvernements ne s'emploient pas activement au soutien la famille basée sur le mariage contracté de façon stable entre un homme et une femme, mais ils encouragent l'affirmation de différentes formes de cohabitation. En outre le consentement à l'adoption d'enfants de la part de personnes isolées, de couples de fait et de couples homosexuels, s'affirme de plu en plus.

Une réalité fondamentale
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Benoît XVI, bien conscient de la difficile situation dans laquelle se trouve la famille, a exhorté de façon répétée les autorités publiques à soutenir le mariage. Le respect et le soutien de la famille fondée sur le mariage a « une importance prioritaire », a affirmé le Pape le 10 janvier passé, lors de la rencontre avec les autorités de la Région Latium, de la Commune et de la Province de Rome.
« Nous voyons chaque jour, malheureusement, combien sont insistantes et menaçantes les attaques et les incompréhensions vis-à-vis de cette fondamentale réalité humaine et sociale », a observé le Pape. « Il est donc plus que jamais nécessaire que les Administrations publiques ne secondent pas de telles tendances négatives, mais au contraire offrent aux familles un soutien convaincu et concret, dans la certitude d'agir ainsi pour le bien commun », a t’il exhorté.
Sur ce même thème, le Pape s'arrêté aussi le 16 mai dernier, lors d'une rencontre qui s'est déroulée à Rome avec les représentants du Forum des associations familiales et de la Fédération européenne des associations familiales catholiques, en observant que de la part de nombreuses familles, s'élève un cri, une demande d'aide qui interpelle les autorités civiles. « Par conséquent, l'engagement d'unir les forces pour soutenir, par tous les moyens possibles, les familles du point de vue sociale et économique, juridique et spirituel apparaît de plus en plus urgent », a affirmé le Pontife.
Le Saint Père a donc loué l'engagement de mobiliser les citoyens à l'appui de l'initiative pour « un fisc à la mesure de famille ». Une initiative dont il y aurait un besoin urgent dans beaucoup de Pays du monde.
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Sur le même thème, Zenit-Italie propose aussi ces jours-ci un texte de Mgr Grzegorz Kaszak, Sécrétaire du Conseil Pontifical pour la famille: La situazione generale della famiglia oggi (http://www.zenit.org/rssitalian-14468 ) que je vais essayer de traduire dès que je trouve un moment...


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