Tornielli, un catholique qui s'engage

Il est à l'origine des "fuites" sur les accords en cours entre le Vatican et la FSPX. Il a reçu un courrier abondant sur son site. Et il s'explique (2/7/2008)


Il convient de dire qu'Andrea Tornielli est un catholique modéré, ce qui signifie que ce n'est pas un idéologue, encore moins un militant.
Mais cela ne semble pas l'empêcher d'avoir de fortes convictions, et le courage (il en faut, dans le milieu des medias) de les exprimer.
Je souscris presque à 100% à ses propos.

J'avais un préjugé de sympathie pour les tradis, mais je dois dire que, sans mettre tout le monde dans le même sac, plusieurs lectures l'ont bien émoussé. Et cette fois, trop, c'est trop.
Je continue quand même à espérer que les choses vont s'arranger, au moins avec les gens de bonne foi, qui représentent sûrement (?) la majorité.
Article ici: http://blog.ilgiornale.it/tornielli/

Ma traduction


Lefebvre, le syllabus, et la liberté religieuse

Mgr Fellay a répondu de manière interlocutoire (ndt: ou "préjudiciel", il s'agit d'un terme juridique) au cardinal Castrillòn: le dialogue continue, mais selon le calendrier dicté par les lefebvristes, lesquels, après le Motu proprio qui libéralise la messe antique (une des requêtes "préalables" faites au pape, comme "don" pour toute l'Eglise), réclament aujourd'hui la révocation (unilatérale, cad sans que la fraternité elle-même fasse le moindre geste) de l'excommunication prononcée en 1988.

Je voudrais ici aborder le thème de ce que l'on nomme les problèmes "doctrinaux" que Menzingen (ndt: le siège de la FSPX en Suisse) veut discuter avec Rome.
Je ne peux m'empêcher de faire la remarque qu'une table de discussion "paritaire" entre le Saint-Siège et le groupe né du mini-schisme de Lefebvre m'apparaît déjà en soi comme une exagération, mais laissons cela de côté.

En ce qui concerne le "problème" de la liberté religieuse (ndt: une des pierres d'achopement de la réconciliation), je voudrais préciser que le Concile Vatican II, dans le décret “Dignitatis humanae” ne définit pas de manière positive comme un droit celui d'embrasser l'erreur, ou une fausse religion, mais plutôt sanctionne l'existence (sacro-sainte) d'une zone franche, un espace neutre à l'intérieur duquel nul ne peut être contraint d'embrasser une religion, ni empêché de le faire.
Nemo cogatur, nemo impediatur”, tel fut la formule exprimée de façon synthétique par le Serviteur de Dieu Paul VI pour définir parmi les droits humains celui de la liberté religieuse.
Il ne s'agit donc pas d'indifférentisme, ni de mettre toutes les religions sur le même plan, mais plutôt d'affirmer que chaque être humain a le droit de ne pas être contraint, et de ne pas être empêché, a le droit à une zone franche.
A ceux qui se réfèrent au Syllabus (ndt: où, en 1864 Pie IX, dans son encyclique Quanta Cura, énumèra quatre-vingts propositions condamnées touchant aux idées modernes de l'époque : du libéralisme au socialisme en passant par le gallicanisme et le rationalisme, cf Wikipedia), au-delà de la lapalissade relative au fait que le Pape d'aujourd'hui n'est plus Pie IX, et que les circonstances historiques ont changé, il convient de dire que précisément l'appel à la liberté religieuse fut l'une des "armes" qui a permis, et permet encore la survivance des chrétiens dans beaucoup de circonstances où ils sont une petite minorité.

Attaquer le pape comme l'a fait De Gallareta (ndt: Alfonso de Galarreta, l'un des quatre évêques sacrés par Monseigneur Lefebvre, voir ici:
http://christus.imperat.over-blog.com/article-20791063.html) - à mon humble avis, un jugement qui dénote par ailleurs une intelligence limitée - parce que, aux USA, il a parlé de liberté religieuse, signifie être ancré dans une vision du monde - et non pas de la foi - d'ancien régime (ndt: en français dans le texte): ce qui est justement un des vices fondamentaux de la Fraternité, qui ne sait plus faire la distinction entre ce qui est essentiel dans la foi (et le combat pour une liturgie qui ne dévalue pas le sens du sacré en fait partie), et ce qui ne l'est pas.
Du point de vuse politico-social, les lefebvristes sont pour l'état catholique (et "sous-sous monarchique"): c'est tout à fait leur droit, heureusement, dans l'Eglise, il doit y avoir de la place pour tout et tous. Mais qu'ils ne prétendent pas l'imposer comme quelque chose qui appartient au depositum fidei, en disant que Rome s'est éloignée de la foi de toujours parce que le Concile (composé du pape et des évêques du monde entier) a déclaré que chaque homme a le droit de ne subir ni contrainte ni empêchement en matière de religion.


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