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Création, foi et science

Discours du Saint-Père devant l'Académie Pontificale des Sciences.

Voir ici: Science et foi ne se contredisent pas
Un discours érudit, profond et accessible à la fois, sur un thème complexe.
Texte original en italien reproduit sur le blog de Raffaella.

Ma traduction (1er/11/2008)

Je suis heureux de vous saluer, vous, membres de l'Académie Pontificale des Sciences, à l'occasion de votre assemblée plénière, et je remercie le professeur Nicola Cabibbo pour les mots aimables qu'il m'a adressés en votre nom.

Dans le choix du thème "Compréhension scientifique de l'évolution de l'univers et de la vie" , vous cherchez à vous concentrer sur un domaine de recherche qui soulève un grand intérêt. En effet, aujourd'hui beaucoup de nos contemporains désirent réfléchir sur l'origine fondamentale des êtres, sur leur cause, sur leur fin et sur le sens de l'histoire humaine et de l'univers. Dans ce contexte, il est naturel que s'élèvent des questions relatives au rapport entre la lecture que les sciences font du monde, et celle qui est offerte par la révélation chrétienne.
Mes prédécesseurs le Pape Pie XII et le Pape Jean Paul II ont observé qu'il n'y pas d'opposition entre la compréhension de la création par la foi et l'épreuve des sciences empiriques.

Au début, la philosophie a proposé des images pour expliquer l'origine du cosmos sur la base d'un ou plusieurs éléments du monde matériel. Cette genèse n'était pas considérée comme une création, mais plutôt comme une mutation ou une transformation. Elle impliquait une interprétation en quelque sorte horizontale de l'origine du monde.
Un progrès décisif dans la compréhension de l'origine du cosmos a été la considération de l'être en tant que tel et l'intérêt de la métaphysique pour la question fondamentale de l'origine première et transcendante de l'être participé. Pour se développer et évoluer, le monde doit d'abord être, et donc être passé du rien à l'être. Il doit être crée, en d'autres termes, par le premier Être qui est tel par essence.

Affirmer que le fondement du cosmos et de ses développements est la sagesse venue du Créateur n'est pas dire que la création concerne seulement le début de l'histoire du monde et de la vie. Cela implique plutôt que le Créateur fonde ces dévelopements et les soutient, les fixe et les maintient constamment.

Thomas d'Aquin a enseigné que la notion de création doit dépasser l'origine horizontale du déploiement des évènements, c'est-à-dire de l'histoire, et par conséquent toutes nos modalités purement naturalistes de penser et de parler de l'évolution du monde. Thomas a observé que la création n'est ni un mouvement ni une mutation. Elle est plus plutôt le rapport fondateur et constant qui lie les créatures au Créateur puisque Lui est la cause de tout être et de tout devenir (cf Summa theologiae, I, q. 45, a.3).
"Evoluer" signifie littéralement "dérouler un rouleau de parchemin", c'est-à-dire, lire un livre. L'image de la nature comme livre a ses origines dans le christianisme et est restée chère à beaucoup de scientifiques.

Galilée voyait la nature comme un livre dont l'auteur est Dieu ainsi qu'il l'est des Écritures. C'est un livre dont l'histoire, l'évolution , l'écriture" et le sens est "lu" par nous selon les différentes approches des sciences, en présupposant constamment la présence fondamentale de l'auteur qu'on a voulu y révéler.

Cette image nous aide à comprendre que le monde, loin d'avoir été causé par le chaos, ressemble à un livre ordonné. Il est un cosmos. Malgré les éléments irrationnels, chaotiques et destructifs survenus au cours des longs processus de changement du cosmos, la matière en tant que telle est "lisible" . Elle possède une "mathématique" innée. L'esprit humain, donc, peut s'engager non seulement dans un "cosmographie" qui étudie des phénomènes mesurables, mais aussi dans un " cosmologie" qui discerne la logique interne visible du cosmos.

Au début, nous pourrions ne réussir à voir ni l'harmonie du tout, ni les relations entre les parties individuelles, ni leur rapport avec le tout. Toutefois, il reste toujours une vaste gamme d'évènements intelligibles, et le processus est rationnel puisqu'il révèle un ordre de correspondances évidentes et de finalités indéniables: dans le monde inorganique entre microstructure et macrostructure, dans le monde animal et organique entre structure et fonction, et dans le monde spirituel entre connaissance de la vérité et de aspiration à la liberté.
La recherche philosophique et expérimentale découvre graduellement ces ordres. Elle perçoit qu'ils agissent pour se maintenir en vie, en se défendant des déséquilibres et en dépassant les obstacles. Grâce aux sciences naturelles nous avons beaucoup agrandi notre compréhension de l'unicité de la place de l'humanité dans le cosmos.

La distinction entre un simple être vivant et un être spirituel, qui est capax Dei, indique l'existence de l'âme intellective d'un libre objet transcendant. C'est pourquoi le Magistère de l'Église a constamment affirmé que "chaque âme spirituelle est crée directement par Dieu" - elle n'est pas "produite" par les parents - et elle est immortelle" (Catéchisme de l'Église catholique, n. 366). Cela met en évidence les éléments distinctifs de l'anthropologie et invite la pensée moderne à les explorer.

Illustres académiciens, je désire conclure en rappellant les mots que vous a adressés mon prédécesseur le Pape Jean Paul II en novembre 2003 : " Je suis de plus en plus convaincu que la vérité scientifique, qui est en elle-même participation à la Vérité divine, peut aider la philosophie et la théologie à comprendre de plus en plus pleinement la personne humaine et la Révélation de Dieu sur l'homme, une révélation accomplie et rendue parfaite en Jésus Christ. Pour cet important enrichissement réciproque dans la recherche de la vérité et du bien de l'humanité, je vous suis profondément reconnaissant, avec toute l'Église".

Sur vous, sur vos familles et sur tous ceux qui sont associés à l'oeuvre de l'Académie Pontificale des Sciences, j'invoque de tout coeur les bénédictions divines de sagesse et de paix.

(©L' Osservatore Romano - 1er novembre 2008)

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