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Pour Pie XII

Discours aux participants à un congrès sur "L'héritage du magistère de Pie XII, et le Concile Vatican II". Ou la conception du ministère apostolique selon Benoît XVI (9/11/2008)

Texte original en italie ici: http://212.77.1.245/news_services/bulletin/news/...
Ma traduction.
Voir ici: Le vrai Pie XII, dans une exposition
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Indépendamment du fait (par ailleurs souligné dans la presse italienne) que cet hommage vaut reconnaissance des vertus héroïques justifiant la signature du décret fatidique, c'est un discours assez extraordinaire, parce qu'on a l'impression que le Saint-Père, en plus de souligner la continuité de l'Eglise et l'apport du magistère de Pie XII à Vatican II, semble tracer le portrait de son propre pontificat, nous proposant sa vision personnelle de la mission du Pape.

Samedi matin, le Saint-Père a reçu en audience les participants à un congrès sur "L'héritage du magistère de Pie XII, et le Concile Vatican II", à l'initiative de l'Université Pontificale Grégorienne du Latran, pour le 50ème anniversaire de la mort de Pie XII.
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J'ai apprécié le thème sur lequel vous avez concentré votre attention.
Depuis quelques années, en parlant de Pie XII, l'attention s'est concentrée de manière excessive sur une seule problématique, de surcroit traitée de manière plutôt unilatérale. A l'exclusion de toute autre considération, cela a empêché une approche adaptée à une figure de grande épaisseur historico-théologique comme l'est celle du Pape Pie XII.
L'ensemble de l'imposante activité accomplie par ce Pontife et, de manière spéciale, son magistère sur lequel vous vous penchez durant ces jours, est une preuve éloquente de ce que je viens d'affirmer.
Son magistère se signale en effet par sa vaste et bénéfique ampleur, comme par son exceptionnelle qualité, de sorte qu'on peut bien se dire qu'il constitue un précieux héritage dont l'Église a fait et continue à faire son trésor.

J'ai parlé de la « vaste et bénéfique ampleur » de ce magistère.
Il suffit de se rappeller, à ce sujet, des Encycliques et des nombreux discours et messages radio contenus dans les vingt volumes de ses « Enseignements ». Ce sont plus de quarante Encycliques qu'il a publiées. Parmi elles se détache « Mystici Corporis », dans laquelle le Pape affronte le thème de la vraie et intime nature de l'Église. Avec une grande ampleur, il met en lumière notre profonde union ontologique avec le Christ et- en Lui, pour Lui et avec Lui - avec tous les autres fidèles animés de son Ésprit, qui se nourrissent de son Corps et, transformés en Lui, lui permettent de continuer et d'étendre dans le monde son oeuvre salvifique.
Deux autres encycliques sont intimement liées avec « Mystici Corporis » : « Divino afflante Spiritu » sur la Sainte Écriture et « Mediator Dei » sur la Sainte Liturgie, dans lesquelles sont présentées les deux sources auxquelles doivent toujours puiser ceux qui appartiennent au Christ, Chef de ce Corps mystique qui est l'Église.

Dans ce contexte d'ample souffle, Pie XII a traité des diverses catégories de personnes qui, par la volonté du Seigneur, font partie de l'Église, tant avec des vocations qu'avec d'autres tâches: les prêtres, les religieux et les laïques. Ainsi il a formulé de sages règles sur la formation des prêtres, qui doivent se distinguer par l'amour personnel du Christ, la simplicité et la sobrieté de leur vie, la loyauté envers leurs Évêques et la disponibilité envers ceux qui sont confiés à leurs soins pastoraux.
Dans l'Encyclique « Sacra Virginitas », ensuite, et dans d'autres documents sur la vie religieuse, Pie XII a mis en lumière l'excellence du « don » que Dieu concède à certaines personnes en les invitant à se consacrer totalement au service du prochain dans l'Église. Dans une telle perspective, le Pape insiste fortement sur le retour à l'Évangile et à l'authentique charisme des Fondateurs et des Fondatrices des différents Ordres et Congrégations religieuses, en exposant même la nécessité de quelques saines réformes.
Nombreuses ont été ensuite les occasions dans lesquelles Pie XII a traité de la responsabilité des laïques dans l'Église, en profitant en particulier des grands Congrès internationaux dédiés à ces thématiques. Il affrontait volontiers les problèmes des professions individuelles, en indiquant, par exemple, les devoirs des juges, des avocats, des opérateurs sociaux, des médecins : à ces derniers, le Souverain Pontife dédia de nombreux discours en illustrant les règles déontologiques qu'ils doivent respecter dans leur activité.
Dans l'Encyclique « Miranda prorsus », ensuite, le Pape s'arrêta sur la grande importance des moyens modernes de communication, qui de manière toujours plus incisive allaient influencer l'opinion publique. Justement pour cette raison, le Souverain Pontife, qui valorisa au maximum la nouvelle invention de la Radio, soulignait le devoir des journalistes de fournir des informations véridiques et respectueuses des règles morales.

Aux sciences aussi, et aux extraordinaires progrès accomplis par elles, Pie XII porta son attention. Tout en admirant les conquêtes dans ce domaine, le Pape ne manquait pas de mettre en garde contre les risques qu'une recherche insouciante des valeurs morales pouvait comporter. Un seul exemple suffit : le discours qu'il a prononcé sur la scission réussie de l'atome est resté célèbre ; avec une extraordinaire clairvoyance, toutefois, le Pape mettait en garde sur la necessité d'empêcher à tout prix que ces progrès scientifiques géniaux ne soient utilisés pour la construction d'armes mortelles qui pourraient provoquer des catastrophes immenses et même la destruction totale de l'humanité. Comment ne pas se rappeller, ensuite, des discours longs et inspirés concernant la réforme de la societé civile, nationale et internationale, pour laquelle il indiquait comme fondement la justice, vraie base pour une cohabitation pacifique entre les peuples : « opus iustitiae pax ! ».
L'enseignement mariologique de Pie XII mérite aussi une mention particulière, qui eut son sommet dans la proclamation du dogme de l'Assomption de Marie Très sainte, moyen par lequel le saint-Père entendait souligner la dimension eschatologique de notre existence et exalter aussi la dignité de la femme.

Que dire de la qualité de l'enseignement de Pie XII ? Il était opposé aux improvisations : il écrivait avec le plus grand soin chaque discours, soupesant chaque phrase et chaque mot avant de les prononcer en public. Il étudiait attentivement les diverses questions et avait l'habitude de demander conseil à des éminents spécialistes, lorsqu'il s'agissait de thèmes qui demandaient une compétence particulière. Par nature et tempérament, Pie XII était un homme mesuré et réaliste, étranger à l'optimisme facile, mais il était aussi exempt du danger de ce pessimisme qui ne convient pas à un croyant. Il abhorrait les polémiques stériles et était profondement méfiant envers le fanatisme et le sentimentalisme.

Ces attitudes intérieures témoignent de la valeur et de la profondeur, mais aussi de la fiabilité de son enseignement, et expliquent l'adhésion confiante qu'on lui réserva, pas seulement de la part des fidèles, mais aussi de beaucoup de personnes n'appartenant pas à l'Église. Considérant la grande ampleur et la haute qualité du magistère de Pie XII, on en vient à se demander comment il a pu faire tant de choses, tout en se consacrant aux nombreuses autres tâches de Souverain Pontife: le gouvernement quotidien de l'Église, les nominations et les visites des Évêques, les visites des Chefs d'État et des diplomates, les innombrables audiences concédées à des personnes privées et à des groupes divers.

Tout le monde reconnaît à Pie XII une intelligence peu commune, une mémoire de fer, une remarquable familiarité avec les langues étrangères et une sensibilité considérable. On a dit qu'il était un diplomate accompli, un éminent juriste, un excellent théologien. Tout cela est vrai, mais cela n'explique pas tout. Il y avait aussi en lui l'effort continu et la ferme volonté de s'offrir lui-même à Dieu sans s'épargner et sans égard pour sa santé délicate.
Tel a été le vrai mobile de son comportement : tout naissait de son amour pour son Seigneur Jésus Christ et de l'amour pour l'Église et pour l'humanité. Il était en effet avant tout le prêtre en union constante et intime avec Dieu, le prêtre qui trouvait la force pour son immense travail dans de longues pauses de prière devant le Très Saint Sacrement, en entretien silencieux avec son Créateur et Rédempteur. C'est de là qu'il tirait l'origine et l'élan de son magistère, comme d'ailleurs de toutes ses autres activités.

On ne doit donc pas s'étonner que son enseignement continue encore aujourd'hui à répandre sa lumière dans l'Église. Cinquante ans sont maintenant passés depuis sa mort, mais son magistère polyédrique et fécond reste encore pour les chrétiens d'aujourd'hui d'une valeur inestimable. Certainement l'Église, Corps Mystique de Christ, est un organisme vivant et vital, non pas figé dans ce qu'il était il y a cinquante ans. Mais le développement se produit dans la cohérence. Pour cela, l'héritage du magistère de Pie XII a été recueilli par le Concile Vatican II et reproposé aux générations chrétiennes suivantes. Il est connu que dans les interventions orales et écrites présentées par les Pères du Concile Vatican II, on peut relever plus de mille références au magistère de Pie XII. Tous les documents du Concile n'ont pas un appareil de Notes, mais dans les documents qui en ont, le nom de Pie XII apparaît plus de deux cents fois. Cela veut dire que, à l'exception de la Sainte Écriture, ce Pape est la source la plus fréquemment citée. On sait en outre que les notes apposées à de tels documents ne sont pas, en général, de simples renvois explicatifs, mais constituent souvent de véritables parties intégrantes des textes conciliaires ; ils ne fournissent pas seulement des justifications en support de ce qui est affirmé dans le texte, mais une clé d'interprétation.

Nous pouvons donc bien dire que, dans la personne du Souverain Pontife Pie XII, les Seigneur a fait à son Église un don exceptionnel, pour lequel nous devons tous lui être reconnaissants.
Je renouvelle, par conséquent, l'expression de mon appréciation pour l'important travail que vous aves accompli dans la préparation et dans la déroulement de ce Symposium International sur le Magistère de Pie XII et souhaite que l'on continue à réfléchir sur le précieux héritage laissé à l'Église par l'immortel Pontife, pour en tirer des applications profitables aux problématiques qui émergent aujourd'hui.

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