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La fausse prière du bon Pape Jean

Un apocryphe de Jean XXIII trop opportun, et le " contre " de Tornielli. Dossier (22/12/2008)

Manipulation, ou « hoax »: dans le contexte difficile de la béatification différée de Pie XII, et peut-être du prochain voyage du Saint-Père en Terre Sainte, la Repubblica tire à nouveau sur la laisse (qu’on me pardonne cette expression), après différents articles hostiles (Tous les 'non' du Pape par exemple) en publiant en pleine page un article qu'on hésite à qualifier, sur un pontife qui n’est évidemment plus là pour recadrer, et qui LUI aurait été « sensible au dialogue interreligieux et à l'œcuménisme » (sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’œcuménisme, ce que l’auteur de l’article semble ignorer).
La réponse d'Andrea Tornielli, auteur d'un livre sur Pie XII (« un homme sur le trône de Pierre ») ne se fait pas attendre, et elle est musclée.
Décidément, anniversaire oblige, le « bon » Pape fait la une de l’actualité, au moins en Italie. Toujours dans le but évident de diviser l’Eglise. Et comme s'il y avait de "bons" et de "méchants" papes!
Lire ici: Jean XXIII, la vocation d'un Pape

Contexte récent (entre autre)

Italie: Polémique sur le Vatican et les Juifs en 1938
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(Lu sur Internet en français)
L'Eglise catholique n'a pas suffisamment aidé les Juifs visés par les lois raciales imposées sous le régime de Benito Mussolini, a estimé le président conservateur de la chambre des députés, Gianfranco Fini.
"Nous devons nous demander pourquoi la société italienne dans son ensemble a accepté la législation antijuive et pourquoi, à quelques louables exceptions, il y a pas eu plus de démonstrations de résistance. Pas même, cela me peine de l'admettre, de la part de l'Eglise catholique", a dit Fini.
Lui-même ancien fasciste et fondateur de l'Alliance nationale, qui a remplacé le Mouvement social italien de Mussolini, Gianfranco Fini s'exprimait à l'occasion d'un événement marquant le 70e anniversaire de ces lois raciales. Les lois en question, datant de 1938, avaient exclu les juifs des écoles et administrations publiques, avant de conduire à la déportation de plusieurs milliers d'entre eux vers les camps de concentration nazis.
Radio Vatican s'est immédiatement indignée des propos de l'ex-ministre des Affaires étrangères, qui relancent le débat sur le rôle de l'Eglise pendant la Seconde Guerre mondiale. "Il n'est pas vrai que l'Eglise italienne ne s'est pas opposée aux lois raciales de 1938", lit-on sur le site Internet de la radio.
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La Repubblica a relayé complaisamment les propos du "repenti", qui ne fait pourtant pas partie de la même chapelle, c'est le moins que l'on puisse dire...:

LOIS RACIALES : elles furent une infamie, soutient Gianfranco Fini, post fasciste de Alleanza Nazionale , et l’Eglise ne fit pas assez pour s’y opposer. Le leader de la droite prend de plus en plus de positions “iconoclastes”qui tentent de l’accréditer comme futur leader du centre droit, à la fin du règne Berlusconi ...
(Revue de presse internationale du nouvel Obs)

La fausse prière du bon Pape

Andrea Tornielli
http://www.ilgiornale.it/...
(21/12/2008)
Une page entière sur la Repubblica d'hier révélait un exceptionnel « inédit » de Jean XXIII, une « prière pour les juifs » que le « bon Pape » - désormais au seuil de la mort - aurait écrit en reconnaissant les fautes des chrétiens qui sur le front porteraient, selon le texte, « la marque de Caïn ».
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Un document significatif et important, qui sera récité ce soir au monastère Sainte Cécile de Rome par l'acteur Guido Roncalli (lequel, disons le tout de suite, n'est lié par aucun lien de parenté avec le Bienheureux Pontife) dans un spectacle au titre suggestif mais erroné « Roncalli lit Roncalli ».
Dommage cependant que la « prière » soit un faux, démenti répétitivement, et en plus depuis de nombreuses années.
Un apocryphe, donc, dont il n'existe aucun autographe et dont on ne connaît aucun détail sur l'origine, rendu connu pour la première fois par l'ex-jésuite Malachy Martin sous pseudonyme en 1965, et déclaré absolument faux par tous les collaborateurs de Jean XXIII, en premier lieu par son secrétaire, Mgr Loris Capovilla, qui avait été le gardien attentif et fidèle des papiers du Pontife bergamasque.
La Repubblica écrit qu'arrivé désormais au terme de sa vie, le Pape Roncalli, en mai 1963, « dans la clôture de sa chambre dans le Palais apostolique, au Vatican », consacra « ses dernières forces au peuple juif sous la forme d'une prière composée presque d'un jet sur une feuille blanche, devant le Crucifix ». En laissant ainsi à la postérité « une demande de pardon claire et passionnée pour les « fautes » commises par les chrétiens au cours des siècles par leur attitude antisémite ».
Le document exceptionnel, écrit le quotidien, « jusqu'à présent largement inédit en Italie », avait été publié « seulement partiellement, en 1965 sur un journal hollandais et brièvement évoqué la même année sur un périodique italien, semble t’il à l'initiative d'un jeune prélat américain qui avait pris part au Concile comme expert et était très ami depuis lors avec le Pontife ».
Teste important et dérangeant, tombé inexplicablement « dans l'oubli pendant 45 ans », avant que l'acteur homonyme mais sans lien de parenté, et le quotidien fondé par Eugenio Scalfari, ne le découvrent et le relancent.



En réalité, le motif d'oubli existe bel et bien, et il est fondé.
« Il s'agit d'un faux, Jean XXIII n'a rien à voir avec cette prière - explique au Giornale Mgr Capovilla - et la première fois qu'il fut rendu public, il fut promptement démenti ».
L'épisode entier a été reconstitué en son temps par le père jésuite Jean Caprile sur Civiltà Cattolica (le 18 juin 1983), sur la base des papiers conservés dans les archives de la « Fondation Jean XXIII » de Bergame. On découvre ainsi que la première à divulguer l'apocryphe, sans par ailleurs indiquer de sources ni de témoignages d'authenticité, est la revue de l'« American Jewish Committee », dans un article signé d'un certain « Cartus », pseudonyme de l'ex-jésuite Malachy Martin.
C'est sur ce dernier que pointent, depuis des décennies, les plus grands soupçons autour de la fabrication de l'apocryphe. Capovilla, qui avait déjà démenti à l'époque, renchérit aujourd'hui : « C'est une pure invention, et il me déplaît qu'on ait pu croire authentique une prière qui ne correspond pas au style et à l'esprit du Pape Jean, lequel ne se serait pas jamais permis de dire que les chrétiens portent imprimée « la marque de Caïn » sur le front. Les textes roncalliens ont été étudiés de très près, et publiés, il n'existe aucune trace de cette prière parmi les papiers du Pontife et ceux qui la citent n'ont jamais pu produire le moindre contrôle sur son authenticité, une authenticité qui est démentie par le texte même ».

Guido Roncalli, l'acteur qui la récitera ce soir, a présenté récemment son spectacle au Vatican, au cardinal-Gouverneur, mais à cette occasion la sensationnelle prière « inédite » semble n'avoir pas été récitée.
Il n'y avait pas besoin de ce texte pour savoir que Jean XXIII a toujours témoigné de l'attention envers les juifs, en prenant des décisions importantes qui ont contribué à changer le climat après des siècles d'antijudaïsme chrétien. Non seulement comme nonce apostolique à Istanbul - pendant la guerre et, cela doit être rappelé, toujours avec l'accord du Secrétariat d'État de Pie XII - lorsqu'il sauva beaucoup de juifs de la déportation ; mais aussi comme Pape, lorsqu'il décida d'abolir la huitième supplique du Vendredi Saint, qui définissait les israélites « perfidis ». Et ensuite en décidant que le Concile Vatican II, par lui convoqué, s'occuperait de la question juive. Dans la déclaration « Nostra aetate » les pères conciliaires abolirent l'accusation de « déicide » qui avait été indistinctement adressée au peuple juif.

Signaler cette enième erreur historique, ne signifie donc pas méconnaître l'existence d'un virage roncallien dans les rapports avec les juifs, même s'il convient peut-être de rappeler qu'une mise au point sur le fait que ce « perfidis » devait s'entendre seulement dans son sens de « dépourvus de foi » en Jésus, avait déjà été faite publiquement, en son temps, par Pie XII.
La complexité de l'histoire devrait mal se prêter à des batailles journalistiques qui re-proposent la « vulgate » des Papes bons et des Papes mauvais, comme cela arrive continuellement avec la légende noire de Pie XII « antisémite » et « philo-nazi ». De plus en plus souvent on assiste à une confusion des rôles : archivistes d'institutions, (même d'illustres institutions), qui s'auto-attribuent des diplômes d'historiens, professeurs d'histoire qui écrivent dans les journaux et accusent les journalistes de ne pas être compétents et de ne pas avoir de titres pour s'occuper de cette matière, mais qui ne sont pas tout à fait exempts d'aveuglements remarquables, dont leurs titres académiques ne les mettent pas à l'abri : il suffit de rappeler la polémique sur le « document terrifiant » - mais incomplet et présenté sans le nécessaire contexte - qui accusait Pie XII d'avoir refusé de rendre les enfants juifs à leurs parents après la Shoah, publié par le Corriere della Sera en décembre 2004; également le récent montage de Sergio Luzzatto contre Padre Pio qui se serait faits les stigmates avec de l'acide et, dernièrement, les « révélations » de Giuseppe Casarrubea et Mario Cereghino, relancées par ANSA et reprises dans La Repubblica, sur les documents relatifs aux entretiens du Pape Pacelli avec les diplomates anglo-américains dans les jours suivants la razzia du ghetto juif de Rome : les spécialistes les avaient retrouvés dans les archives américaines et avaient pensé qu'ils étaient inédits, sans savoir qu'ils étaient tres connus et publiés dans des dizaines de livres, ainsi que largement commentés dans Civiltà Cattolica.

La Repubblica: Jean XIII - Je prie pour les juifs

La Repubblica
20 décembre 2008
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« Pardonne-nous, Seigneur, de n'avoir pas compris la beauté de Ton peuple élu… pardonne-nous, parce qu'au cours des siècles nous ne savions pas ce que nous faisions contre les juifs… ».
C'est un Pape âgé, très malade, cloué au lit car frappé d'un mal incurable, qui écrit ces mots peu de jours avant de mourir. C'est Jean XXIII, dans le siècle Angelo Giuseppe Roncalli, par antonomase le Bon Pape, le père du Concile Vatican II et du renouvellement ecclésial consécutif, que Jean Paul II béatifiera en 2000 sous les projecteurs du monde entier, faisant de lui une des plus importantes icônes du grand Jubilée de 2000.
Cependant, jusqu'à présent, presque personne ne savait que le futur bienheureux Jean XXIII, dans la réclusion de sa chambre dans le Palais apostolique, au Vatican, vers la fin du mois de mai 1963 - il mourra après une longue agonie le soir du 3 juin à l'âge de 82 ans - consacra ses dernières forces au peuple juif, sous la forme de prière composée presque d'un jet sur une feuille blanche, devant le Crucifix en présence duquel chaque nuit, il se recueillait en prière avant de dormir.
C'est une demande de pardon claire et passionnée pour les « fautes » commises par les chrétiens au cours des siècles, par leurs comportements antisémites, que le pape Roncalli intitule, significativement, « Prière pour les juifs ».
Un geste accompli presque d'instinct, sincère, écrit avec une grande passion et dicté par un fort désir de « purification intérieure » pour les fautes anti-juives des chrétiens, qui anticipe de plusieurs années les deux étapes historiques de rapprochement vers le peuple juif accomplies par Jean Paul II, la visite à la Synagogue de Rome en 1986 et la demande de pardon pour les fautes et les omissions des chrétiens envers les juifs dans le mea culpa du Jubilée de 2000.
Et qui explique aussi, d'une certaine façon, la naissance du texte conciliaire Nostra Aetate, approuvé en 1965, par lequel l'Église catholique s'ouvrit au dialogue interreligieux et annula l'accusation anachronique de déicide avec laquelle pendant presque deux mille ans tous les juifs étaient apostrophés.
La Prière aux juifs est un document jusqu'à présent largement inédit en Italie. Il n'avait été publié que partiellement en 1965, sur un journal hollandais, et brièvement évoqué la même année sur un périodique italien, semble t’il à l'initiative d'un jeune prélat américain qui avait pris part au Concile comme expert et était très ami depuis lors avec le Pontife. Le même prélat en avait parlé par la suite au cours d'une rencontre interconfessionnelle, aux Etats Unis d'Amérique. Depuis lors, on en avait perdu la trace.
Le texte de Jean - une quinzaine de lignes à peine - après presque 45 ans d'un inexplicable oubli sera lu intégralement en public pour la première fois demain après-midi au monastère Sainte Cécile, à Rome, dans le cadre du récital "Roncalli lit Roncalli" interprété par un descendant de Jean XXIII (ndt: étrange formulation, d’autant plus que ledit Roncalli n’a aucun lien de parenté avec Jean XXIII, voir ci-dessous), l'acteur Guido Roncalli qui - accompagné de la violoncelliste Michele Chiapperino - présentera une série de documents du Pape Roncalli, publiés et inédits, relatifs tant à son pontificat qu'aux années passés dans les nonciatures apostoliques en Turquie et en France.
Le récital a été présenté il y a une dizaine de jours au Vatican en présence du cardinal-gouverneur Giovanni Lajolo - mais sans la lecture de la prière pour les juifs qui demain constituera inévitablement, le clou de la rencontre, qui - prédit Guido Roncalli - « doit avoir un caractère et une position encore plus oecuménique ».
Dans la lettre le mot « pardon » est cité plusieurs fois. En disant certes que le Christ est mort et ressuscité non seulement pour les chrétiens, mais pour tous les hommes, même les juifs, Jean XXIII demande au Seigneur « de nous pardonner parce que pendant tant de siècles nos yeux étaient si aveugles qu'ils n'étaient plus capables de voir encore la beauté de Ton peuple élu, ni de reconnaître dans la face de tous les juifs les traits de nos frères privilégiés… ».
Une expression qui évoque de manière impressionnante une autre phrase célèbre, celle avec laquelle Jean Paul II en 1986 dans la Synagogue de Rome salua les juifs en les appelant « nos frères aînés ».

« Pardonne-nous, Seigneur », lit-on encore dans la prière du Pape Roncalli : pardonne-nous pour les nombreuses « injustices » subies par les juifs au cours des siècles passés et pour les « fautes » commises par les chrétiens envers eux.
Fautes, manquements et injustices que le Bon Pape associe, avec « regret », au premier délit relaté dans le premier livre de la Bible, la Genèse, où on parle de l'assassinat d'Abel par la main de Caïn.
La conclusion du texte est marquée d'un fort impact théologique puisque Jean XXIII va presque jusqu'à « emprunter » les paroles par lesquelles Jésus, sur le Golgotha, du haut de la croix, avant d'expirer, demanda à son Père de pardonner à ceux qui le tuaient.
Seigneur, « pardonne-nous », conclut en effet le Pape Roncalli, « parce que les chrétiens ne savaient pas ce qu'ils faisaient » contre les juifs.
« Si d'une part la récitation faite au Vatican a été pour moi un honneur immense, comme hôte du successeur de Jean XXIII (ndt : en réalité, ce Roncalli-là n’a pas été reçu par Benoît XVI… qui est plutôt le successeur de Pierre), le récital de demain - commente Guido Roncalli - sera particulièrement pertinent pour évoquer à nouveau un pontife sensible au dialogue interreligieux et à l'oecuménisme, et qui sur le point de mourir, a senti comme son devoir d'écrire des mots très beaux et très profonds pour demander pardon au juifs, en une sorte de testament ». -

ORAZIO ROCCA

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