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La tournée italienne d'Ingrid Betancourt

... vue par un journal italien: "la gauche est folle d'Ingrid mais elle ne rêve que du Pape" (3/9/2008)

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Le journal italien réputé "conservateur", Il Tempo, livre, non sans ironie, il me semble, le récit le plus détaillé de la visite d'Ingrid Betancourt à Castelgandolfo, ou plutôt de ce qu'il vaudrait mieux nommer sa tournée italienne.
Il en ressort pour moi un sentiment de malaise - est-elle une mystique touchée par la grâce, ou une actrice consommée?- conforté par le fait que la blogospère catholique, en France, qui s'était elle aussi entichée de l'icône, allant jusqu'à la créditer de miracle (je n'en sais rien, mais je soupçonne qu'eux non plus), a donné peu d'écho à cette visite, dont on ne voudrait retenir que le visage radieux de bonté du Saint-Père. C'est ce que j'ai fait.

Pour le moment, elle fait le grand écart, elle est peut-être sincère, mais il faudra bien qu'elle choisisse, si elle ne veut pas se mettre dans la même situation impossible qui, en Italie, a fait imploser le gouvernement Prodi, dans son alliance insensée avec un patchwork idéologique trop hétéroclite pour être viable. Car l'idée de rassembler tout le monde, dans la fraternité ..("si nous réussissons, dans la fraternité, le monde deviendra vraiment bleu", cela me fait penser à Ségolène Royal), au-delà des clivages politiques, est un rêve de petite fille riche, ou une ficelle de communication... ou les deux.
Elle ne peut ignorer que cette gauche qui la courtise, peut-être sur un malentendu, tourne résolument le dos au Saint-Père sur les grands thèmes de la morale humaine. Il est curieux qu'elle ait choisi de ce côté le clan de la bien-pensance. Quoique l'on pense (à tort, selon moi) de Silvio Belusconi, il est étrange que dans sa frénésie, elle ne l'ait pas rencontré, et je ne suis pas certaine qu'il ne s'agit que d'une incompatibilité d'agendas.
Son langage plaît forcément à cette gauche, lorsqu'elle dit par exemple « ... les gens ont peur de perdre ce qu'ils ont, et refusent leur prochain. Ils refusent celui qui vient d'ailleurs. Et je sais combien il est difficile de se sentir refusé. Mais si nous changeons notre mode de penser, le futur pourra changer ». Grands principes en forme de lieux communs. On imagine comment de tels propos peuvent être compris, et récupérés.
N'est pas Soljenitsyne qui veut, et nul doute qu'elle y a aussi pensé, ou au moins dans son entourage, on y a pensé pour elle, lorsqu'elle dit refuser le consumérisme ambient - mais est-elle la mieux placée pour tenir ce genre de propos?

Et sa façon de capter l'attention - l'émotion - de son auditoire pourrait bien être celle d'une communicatrice experte, formée à cela, comme elle l'a été avant sa captivité.

On ne peut évidemment écarter totalement l'option qu'elle soit parfaitement sincère, et qu'il s'agisse du "plan de Dieu".
Après tout, le Saint-Père a consacré sa catéchèse d'aujourd'hui (3 septembre) au chemin de Damas.
Mais elle doit faire ses preuves, ce qui ne veut pas forcément (ou surtout pas) dire prendre "un fauteuil à l'Unesco", une sinécure qui ne devrait pas devenir héréditaire...

Sinistra pazza per Ingrid ma lei sogna solo il Papa
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Article en italien ici: http://iltempo.ilsole24ore.com...
Ma traduction (j'ai cherché les informations sur les personnalités italiennes évoquées nécessaires à la compréhension de l'article )



La gauche est folle d'Ingrid mais elle ne rêve que du Pape
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Le regard baissé intimidé, fragile, cachant parfois des pleurs. Elle sourit, par moments, mais ses yeux disent autre chose. Comme si elle était encore troublée.

Ingrid Betancourt entre à pas lents au siège de la Province de Rome. Elle vient d'arriver de Castel Gandolfo, où elle a rencontré le Pape. Elle s'est agenouillée, l'a embrassé, lui a confié les instants les plus bouleversants de ses annéess de captivité, dans la forêt. Benoît XVI, racontera-t'elle ensuite au public, lui a donné la force, en ces jours difficile. Et rencontrer « l'être de lumière - comme elle l'appelle - est la réalisation d'un rêve ».
Devant un peloton de journalistes, elle est accompagnée par Luca Zingaretti (ndt: acteur italien, frère de Nicola, président centre-gauche de la province de Rome depuis avril 2008, et membre du groupe socialiste au parlement européen).

Elle répond en espagnol ou en français .
De politique, elle ne veut pas parler : « Ce n'est pas ma priorité ».
Même si elle est en course pour un fauteuil à l'Unesco. Et les rencontres avec les principaux représentants de la gauche italienne ne semblent pas la troubler. Elle veut parler d'autre chose. Elle veut communiquer au monde son message de cohabitation, de paix. De foi.
Zingaretti la courtise. Piero Fassino (homme politique italien, communiste membre du PCI, "il traversa la délicate période de transformation du PCI en Parti Démocratique de Gauche encore appelé Démocrates de gauche", cf Wikipedia) , parmi les journalistes, l'écoute, extasié. Walter Veltroni, le soir précédent, l'a lui aussi a invité à dîner avec tous les membres de la famille. Le secrétaire du Pd (Partito Democratico, l'alliance de la gauche italenne, défaite par Berlusconi aux précédentes élections) l'a courtisée, à coups de compliments et d'embrassades .
Et le président de la Province de Rome qui lui assure gîte et couvert jusqu'à demain, déjeunera avec elle après la conférence de presse avec Giuliana Sgrena (ndt: journaliste du quotidien communiste Il Manifesto, prise en otage en Irak en 2005, dont la libération avait donné lieu à la mort d'un agent des services secrets italiens).

Betancourt est pour le moment la plus courtisée par la gauche italienne.
Mais elle n'a d'oreilles et de coeur que pour Ratzinger.
« Je marchai depuis l'aube jusqu'au coucher de soleil - raconte la colombienne - un soir nous avons campé et je me suis étendue, angoissée, comme toujours. Désespérée, parce que je ne savais pas ce qui m'attendait de la part des Farc. Parmi les rares distractions, il y avait une radio. Je l'allumai et j'entendis le Pape prononcer mon nom » (ndr: je ne sais pas quand le Pape a prononcé son nom, la journaliste de La Croix avait affirmé avant qu'il ne l'avait jamais fait).
Ingrid s'émeut. Et avec elle, ceux qui au même instant traduisent ses mots. La foule applaudit.
« Cette voix a été comme une lumière, un espoir ».

Ce jour-là, elle commence à prier pour un miracle. « Pas ma libération. Je voulais un signe, quelque chose qui m'indique l'instant où quelque chose pouvait changer ». Elle était prisonnière depuis six ans et demi. Et le 20 juin dernier, un des chefs de la guérilla lui dit que des hommes allaient venir pour les libérer. Pour Ingrid c'était le miracle. Le 2 Juillet, elle est à nouveau libre. Elle se souvient dans un soupir. « Il y a quelqu'un qui sait nous écouter », tel est le message qu'elle veut porter aux italiens.
« Dans vos esprits - dit-elle en se tournant vers les caméras - il faut que se crée l'espace nécessaire pour la paix. Utilisez la voie démocratique, la loi. La voie pour vaincre est le coeur ».
Le soliloque de Betancourt assume de plus en plus la ressemblance avec un Angelus. Elle se rappelle que, lorsqu'elle était dans la forêt, le monde extérieur lui semblait beau, « mais une fois sortie je me suis aperçue que les gens ont peur de perdre ce qu'ils ont, et refusent leur prochain. Ils refusent celui qui vient d'ailleurs. Et je sais combien il est difficile de se sentir refusé. Mais si nous changeons notre mode de penser, le futur pourra changer ».

L'enfant de la politique consacre tout son discours aux valeurs catholiques. Critique le consumérisme excessif, « il faut une vie plus sobre, en ce monde. Si nous réussissons, dans la fraternité, le monde deviendra vraiment bleu ».

La voix de Benoît XVI à la radio, la rencontre d'hier, la foi, les valeurs catholiques. Betancourt veut porter ces enseignements dans le monde. « Ouvrez votre coeur au-delà des calculs politiques. Parce que notre génération doit prendre des décisions. Maintenant ».

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