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Une leçon "ratisbonnienne" pour Paris

C'est ce qu'attend "Il Foglio" - d'Italie... (9/9/2008)


Dans la série "Que pense-t'on de nous à l'étranger?", en relation bien sûr avec la prochaine visite de Benoît XVI, un très bon article italien.
Il est moins "scolaire" que celui de John Allen(Benoît XVI et la "minorité créative" de France ), c'est-à-dire qu'il ressemble moins à un exposé d'élève de prépa, moins touffu aussi, mais révèle une bonne connaissance de notre vie politique et sociale.

Article original ici: http://www.ilfoglio.it/...
Ma traduction:

Avant le voyage en France de Benoît XVI
Riccardo Piol, "Il Foglio", 9 septembre
Pourquoi Benoît XVI prépare une leçon ratisbonnienne pour Paris
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Le Pape qui a fait du binôme raison-foi un des points clé de son magistère visite la patrie de la déesse raison.
Benoît XVI est attendu à Paris pour le 12 septembre.
Le motif principal du voyage est le 150-ème anniversaire des apparitions de la Sainte-Vierge à Lourdes, mais les deux jours dans la capitale transalpine ne seront pas un simple appendice à ceux passés dans les Pyrénées. Au contraire, le programme parisien a une riche substance: la visite à Sarkozy, deux brèves rencontres avec la communauté juive et celle musulmane, la Messe avec les jeunes sur l'Esplanade des Invalides, et surtout l'intervention devant 600 représentants du monde de la culture transalpine, mais pas seulement. Au Collège des Bernardins Benoît XVI parlera en français et dans le contexte qu'il aime le plus, celui de l'Université, mais il parlera à la France pour s'adresser aussi à tout le Vieux continent.
Il arrivera à 17 heures 30 le vendredi 12.
Et il y a tout lieu de croire à une sorte de nouveau Ratisbonne.

La France qui attend le Pape est un peu le miroir de l'Europe d'aujourd'hui, elle vit de manière aiguë les mêmes interrogations et les mêmes crises qui caractérisent le reste du continent. Benoît XVI arrive en France alors que la trinité laïque de la République ne jouit pas d'une excellente santé. La valeur de la laicité qui a fait le lit de l'idéal "liberté, égalité, fraternité" est en train de craquer: vulnérable face aux thèmes de la cohabitation civile, on pense aux événements des banlieues parisiennes ; muette sur l'essentiel de l'existence, comme dans le cas de la demande d'euthanasie de Chantal Sébire, jeune femme défigurée par une tumeur.
Dans un pays qui aux dires mêmes de son président a besoin de recommencer à espérer, le voyage de Benoît XVI intéresse un peu tout le monde, croyants et non-croyants.

Les catholiques - selon les statistiques 75% de la population - souffrent depuis longtemps d'une crise qui a ses racines les plus récentes en 68. Si d'un coté il est vrai que « les églises en France ne sont pas vides », comme a tenu à le préciser l'archevêque de Paris, le cardinal Vingt-Trois, de l'autre, le scenario présenté par le faible nombre de futurs prêtres est tout aussi réel: pour tout le pays, les seminaristes sont à peine plus de 1.500. Le fait que depuis quelques années on ait enregistré une petite reprise des vocations fait qu'on attend de la rencontre du Pape avec l'épiscopat français, programmée le 14 septembre à Lourdes, une invitation à être plus audacieux. Mais dans l'immédiat ce sera la Messe de l'Esplanade des invalides qui servira de "papier PH" pour l'état de santé de l'église française.
Le 13, on attend au moins 200 mille participants, et s'il en était ainsi , ce serait un belle marque de vitalité, une nouvelle secousse, à laquelle il conviendrait cette fois de donner suite, après la marée océanique des JMJ de 97.

Cependant, il n'y a pas que les catholiques qui regardent avec intérêt le voyage de Benoît XVI.
Le président Sarkozy, auquel le Pape rendra la visite de décembre 2007 au Vatican, l'attend certainement aussi.
Le locataire de l'Elysée n'est pas un champion du catholicisme. Mais il doit être passé beaucoup d'eau sous les ponts si, après un Mitterrand qui, au nom du principe de laïcité snoba le titre de chanoine honoraire de la Basilique de Saint-Jean de Latran, le temps est venu d'un Sarkozy qui a été à l'inverse bien content de l'accepter, qui, à la cérémonie d'intronisation a fait un discours sur les racines chrétiennes de la France et qui a dit, à l’Osservatore Romano, que le christianisme est un « message d'audace extrême et d'espérance totale » qui ne peut pas « être annoncé de manière atténuée ».

Celle que l'on définissait autrefois comme « la fille aînée de l'église » est aujourd'hui un pays qui, malgré son histoire (la grande mosquée de Paris date de 1926), a du mal, dans ses relations avec le monde islamique. C'est un pays qui continue à débattre sur la séparation entre la religion et l'état, sanctionnée en 1905.
Laïcité et cohabitation civile sont en même temps un credo et une blessure. Sarkozy a affirmé qu'aujourd'hui en France « on manque d'intellectuels chrétiens, les grandes voix qui se sont fait entendre dans les débats pour faire progresser la société».

Le 12 septembre, à Paris, Benoît XVI arrive.


Sur Il Foglio, et Giuliano Ferrara, à propos du mouvement "athée-dévot" en Italie, voir ici: http://benoit-et-moi.fr/2008-I/

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Benoît XVI et la "minorité créative" de France Le pape des surprises tranquilles