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Le mauvais pasteur

La presse italienne contre le Pape: un prêtre anonyme témoigne contre le magistère d'Humanae Vitae (4/10/2008)

Voici comment la "grande" presse - ici en Italie - attaque le message du pape dans sa confirmation des précepts indiqués par Humanae Vitae (Les 40 ans d'Humanae Vitae ): parmi le concert d'indignation prévisible des dévots de la permissivité sexuelle, le Corriere della Sera propose l'interviewe d'un prêtre anonyme. (anonyme = "corbeau", ou lâche??)
Autrement dit, srictement rien dans ce témoignage, qui pourrait tout aussi bien avoir été inventé pour la circonstance, n'a la moindre valeur. D'ailleurs, les confidences sonnent faux. Pour tout dire, elles sont assez invraisemblables, et je n'y crois pas. L'unique but est de peindre à gros traits le portrait d'une Eglise en déphasage total avec la réalité des gens, sous la houlette d'un pape du retour en arrière.
Le portrait fait penser à une sorte de synthèse catastrophique du clergé libéral.
Le risque est que cela peut marcher, car l'audience est énorme!

Ce n'est pas à moi de condammer ce personnage virtuel (et plutôt... comment dire, olé-olé!), mais au cas improbable où le témoignage serait réel, ce prêtre qui, en société passerait probablement pour un brave homme, que fait-il dans l'Eglise? Plus préoccupé d'être populaire, et donc de suivre l'évolution des moeurs, que d'expliquer aux jeunes qui lui sont confiés le message du Christ, il ferait peut-être un très bon éducateur social (encore qu'un peu mou), ou à la rigueur un bénévole oeuvrant dans un centre de planning familial.
Il devrait lui aussi faire son examen de conscience, en commençant par cette question: suis-je un bon pasteur?

Et combien sont-ils, comme lui? C'est toute la question.

Le quotidien "Il Giornale" donne heureusement de son côté, la parole à une journaliste, membre du comité national italien de bio éthique, Lucetta Scaraffia.
Elle reconnaît que "l'adhésion à Hulmanae Vitae requiert courage et anti conformisme". Elle rend hommage au pape qui élève la voix "au moment où l'utopie de la libération sexuelle, la promesse de la félicité gratuite offerte à tous se révèle en faillite". Répète que les méthodes naturelles de contrôle des naissances sont très efficaces, mais se heurtent aux laboratoires pharmaceutiques pour les raisons qu'il est facile d'imaginer (selon elle, l'une de ces méthodes, dûe à Billing, est même utilisée en Chine!!). Et pour finir, elle constate que le Pape s'adresse "à une partie du clergé qui évite le problème, parce qu'elle sait ne pas être capable de convaincre les fidèles, qu'elle n'a pas la force intellectuelle de s'opposer à une opinion publique si alignée" (source: paparatzinger-blograffaella...)

Illustration en grandeur nature avec l'entretien qui suit.

Le confesseur

« Ils ne nous le disent même plus »
Aldo Cazzullo
http://www.corriere.it/...
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« Ils ne le confessent même plus. Ils ne le considèrent pas comme un péché. La déloyauté, si. La masturbation, les jeux sexuels entre garçons, et même, parfois, la pilule du lendemain. Mais le préservatif, décidément non. Une fille m'a demandé : Qu'est-ce que cela enlève à l'amour, un morceau de caoutchouc?. Il n'a pas été facile de lui répondre ».
Il y a, dans un quartier périphérique de Rome, un curé - « n'écrivez pas mon nom », demande-t'il en souriant, « autrement je serais excommunié » - de grande expérience et de grande humanité. Études de théologie à Rome; formation dans une paroisse de campagne, dans une province autrefois démocrate-chrétienne, aujourd'hui avec beaucoup d'électeurs la Ligue du Nord; puis retour dans la capitale. Son église est dans un quartier populaire - des gens des faubourgs, et de la petite bourgeoisie -, mais elle est également fréquentée par les habitants aisés des villas de la Via Cassia toute proche. « Cependant, le fossé d'autrefois a disparu, lorsque parmi les bourgeois, au moins les femmes, il y avait plus de rigidité, et les classes populaires avaient des modes de vie plus décomplexées. Aujourd'hui les jeunes sont tous, ou presque, décomplexés ».
Le curé ne trahirait jamais un secret personnel reçu en confession. Mais il accepte de raconter comment s'élargit chaque jour davantage la distance entre les précepts et la vie, dénoncée hier encore par le Pape.
« On confesse rarement les rapports prénuptiaux. De même que les rapports avec les prostituées. Et de préservatif, dans le confessionnal, on ne parle jamais. Pour la pilule, c'est encore pire. Une seule fois, une fille de 17 ans qui avait pris la pilule du lendemain a ressenti le besoin d'en parler devant les autres jeunes: elle l'a vécu comme un épisode abortif (fatto abortivo), comme une chose qui ne se fait pas. Les méthodes naturelles, indiqués par l'Eglise, ils ne savent pas ce que c'est. Nous en parlons, vers le milieu des cours prénuptiaux (ndt: et pourquoi pas avant? qui, sinon lui, peut en parler?): la méthode Ogino-Knaus, la courbe de température ... Ils écarquillent les yeux . Ce sont des questions auxquelles il est difficile de répondre. "Pourquoi le préservatif est-il un péché et pas le coït interrompu, qui peut se conclure de façon peu respectueuse pour la femme ? ". Je réponds que s'il y a consentement de la femme, ce n'est pas un manque de respect, que de toute façon le coït interrompu n'est pas conseillé, et que de toutes façons, il ne doit pas y avoir d'onanisme. Mais je m'aperçois que je suis très loin. L'impression est que plus l'Église radicalise sa position, plus les jeunes la perçoivent comme lointaine, et donc se sentent libres ».
Il n'en a pas toujours été ainsi.
« Lorsque j'étudiais la théologie, je me rappelle que dans plusieurs basiliques romaines, les confesseurs enquêtaient, ils posaient des questions précises, ils entraient dans les détails; jusqu'à ce que leurs supérieurs ne leur demandent plus. Dans un diocèse du Nord profond, les curés étaient très moralistes, ils inculquaient une mentalité rigide. Chaque dimanche après-midi, aux Vêpres, ils apprenaient à faire l'examen de conscience, commandement par commandement, et ils s'arrêtaient particulièrement au sixième : « Demandez-vous si vous avez respecté votre corps et celui de votre conjoint, si vous avez eu des rapports impurs… ». Ainsi les fidèles se confessaient en récitant les formules anciennes : « J'ai commis des actes impurs », « j'ai eu des rapports incorrects », et même : « J'ai forniqué ». Un homme me raconta qu'il avait mis dix ans à découvrir comment sa femme était faite: il pensait que faire l'amour avec la lumière allumée était un péché. Mais on voyait aussi les nouvelles générations changer, cohabiter avant le mariage, sourire lorsque le curé commençait son homélie en dénonçant deux jeunes surpris en relation intime devant l'église. Aujourd'hui, il arrive de recevoir des confidences, mais plus facilement hors du confessionnal. Il m'arrive d'être le premier à savoir qu'une femme est enceinte, ou a des difficultés à le rester. Mais pour le reste il n'y a pas moyen: "Si nous nous aimons, quel mal y a-t'il?". "La pilule, c'est le gynécologue qui me l'a donné pour ma santé, pourquoi ne devrais-je pas la prendre? ".
Ils font coïncider sexe et amour, ils les confondent : "Oui, nous nous sommes quittés, mais à ce moment-là nous nous aimions".
Ils me disent que l'Église devrait s'occuper de l'Évangile, pas du sexe ; et ils ne me comprennent pas, lorsque je réponds que même ainsi nous prêchons l'Évangile ».

« Ce Pape est considéré comme très intelligent, mais lointain. Je ne le vois pas ainsi, mais les fidèles considèrent que l'Église a accompli un pas en arrière, qu'elle est plus traditionaliste, moins miséricordieuse. Il est arrivé la même chose avec Jean Paul II, au début; ensuite ils ont appris à l'aimer.
J'ai emmené un groupe de jeunes à Sydney pour les Journées mondiales de la Jeunesse, je les ai vus très sensibles aux messages forts de Benoît XVI. On commence à trouver ici et là des filles qui croit en la chasteté, qui vivent la virginité jusqu'au mariage. Je crois qu'il est juste d'indiquer aux jeunes, même décomplexés, un objectif, un changement, un chemin. Je suis un confesseur, pas un enquêteur: j'invite à l'examen de conscience; je ne pose pas trop de questions, je cherche à faire en sorte qu'ils y arrivent tous seuls (ndt: cela me rappelle une méthode d'éducation, et d'enseignement, qui a atteint ses limites, avec les résultats que l'on sait). Et, lorsqu'ils me font remarquer qu'il y a des péchés plus graves, je leur réponds qu'ils ont raison (ndt: mais bien sûr! il y a aussi des péchés plus graves que de voler, que n'encourage-t'il pas ces jeunes à le faire?)».

En France

Pour ce qui est de la couverture médiatique en France, Europe 1 s'était encore une fois surpassé.
La station a consacré une séquence à la lettre du Saint-Père, sur ce qui est qualifiée de "bulle" papale!
L'émission démarre, bizarrement, (serait-ce du dépit, de la part de ceux qui avaient dûment préparé et anticipé l'échec?), car cela est a priori sans rapport, par la constatation que la visite "d'état"(!!) de Benoît XVI en France a finalement été un succès: "souvenez-vous des 250.000 personnes aux Invalides...". Mais évidemment, il aurait soigneusement alors évité les questions qui fâchent. Celles qui resurgissent aujourd'hui.
J'ai écouté les "réponses aux auditeurs" de Frédéric Lenoir, entre amusement (c'est tellement prévisible) et exaspération (c'est tellement de mauvaise foi).
Patrice de Plunkett en dit ce qu'il faut en dire, non sans humour: Lenoir, successeur de Duquesne – mais en retard d’une époque (http://plunkett.hautetfort.com/.. ). Il faut lire aussi les commentaires.
Et, pourquoi pas, (ré)écouter l'émission d'une demi-heure, où l'"historien des religions", spécialiste auto-proclamé, s'est débattu avec les contradictions de son discours: http://www.europe1.fr/popup/reecoute/ - il faut avoir un peu de patience pour atteindre le passage intéressant.
Ce que j'ai noté, c'est que seulement 4 auditeurs ont participé au débat (preuve que les gens ne sont pas si intéressés que cela, est-ce bon ou mauvais signe?): deux "contre", assez affligeants, dont le premier avait manifestement fait sa culture théologique dans le Da Vinci Code, évoquant "l'histoire d'amour de Jésus avec la prostituée Marie-Madeleine", alors que les deux "pour" (deux femmes) ont offert des témoignages remarquablement cohérents et argumentés.

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Allen, Accattoli et les autres Un rabbin au Synode