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Béatification de Pie XII: prendre son temps

C'est du moins l'avis de Luigi Accattoli (13/10/2008)

Sur son blog, Accattoli fait un commentaire qui a l'air juste - car l'objection du temps peut venir à l'esprit, en effet - mais qui est en réalité très contestable.

Diamo tempo agli ebrei per capire Pio XII (ma traduction):

Donnons du temps aux juifs pour comprendre Pie XII

Je trouve raisonnable la décision du pape d'offrir - à lui et à tout le monde - « un temps de réflexion » avant de donner le feu vert pour la phase finale de la cause de béatification de Pie XII.
Un peu de temps en plus aidera aussi les juifs à accepter l'évènement: la rencontre qui s'est tenue à Rome vingt jours auparavant, à l'initiative de la fondation juive « Pave the Way » et l'interviewe de Paolo Mieli (mon directeur au Corriere della Sera), juif du côté de son père, indiquent que l'attente ne sera pas longue.
Du reste, il est opportun de compléter les vérifications historiques sur la figure de papa Pacelli (ndt: pour trouver quoi de plus?): la période de son pontificat est sur le point d'être mise à la disposition des chercheurs, dans les archives du Vatican. Et si la béatification n'est pas prononcée par le pape allemand - il ressent peut-être lui-même sa nationalité comme une complication au moins psychologique dans le grand débat - cela ne sera pas plus mal.
De la même façon, ce serait bien que les polonais attendent encore un peu la proclamation de l'exemplarité de Jean Paul II (ndt: il n'y a aucun rapport!). Nul doute que Pacelli, Wojtyla, Montini et Luciani (pas encore proclamés) étaient des saints, tout comme Roncalli et Sarto et Mastai Ferretti (déjà proclamés) et comme Ratti, Della Chiesa et Pecci, qui n'ont jamais été proposés. Mais parmi toutes les canonisations, les moins urgentes sont - à mon avis - celles des papes, que l'on dit déjà « saints » de leur vivant, et dont l'exemplarité est déjà proposée ad excessum (ah bon??)dans la vie ordinaire de la catholicité.

Accattoli verserait-il dans le "bonisme", en feignant de croire que le temps aplanira les difficultés?

Malheureusement, comme le dit un commentaire (décidément, les commentaires des blogs sont parfois bien meilleurs que les billets), "dans ce cas, le temps n'a fait qu'empirer les choses; dans l'immédiate après-guerre, les juifs avaient parfaitement compris le sens et la valeur de l'oeuvre de Pie XII. Le ressentiment, l'attaque systématique, et la légende noire qui ont obscurci la mémoire du pape Pacelli sont venus bien après, dans les années soixante".
Contrairement à Accattoli, John Allen, plus subtil, cette fois, écrivait déjà de son côté en juin 2007: La meilleure solution: la béatification maintenant (lire (ici et ).

Quant à la remarque sur la nationalité allemande de Benoît XVI, qui serait un obstacle à sa décision,... elle est simplement déplacée, pour ne pas dire choquante. Disons que c'est une regrettable concession au politiquement correct, impensable dans un autre contexte.
Enfin, il me paraît clair qu'aucune canonisation n'est urgente (de toutes façons, l'Eglise, c'est bien connu, prend son temps pour tout, et ce n'est pas un journaliste qui va lui en rappeler la nécessité). Mais je ne vois pas pourquoi, celle d'un Pape - bien visible, et donc exemplaire, et donc utile - le serait moins que d'autres.
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A la défense de Pie XII Le Pape lit la Bible