Actualités De l'étranger Images Miscellanées Courrier Favoris Index Archives Plan
Accueil De l'étranger

De l'étranger


Elections américaines John Allen L'agenda du Saint-Père Lettre au sénateur Pera Pie XII Voyage en Terre Sainte Dernières entrées

Jacques Julliard (athée et anticlérical)

... conquis par Benoît XVI, après le discours aux Bernardins. Encore un article de Tracce. Traduction (10/11/2008)

Après celui sur Laurent Lafforgue - Le Pape et le mathématicien - (d'une autre qualité, parce que profondément sincère), encore un article de la revue Tracce, que j'ai traduit plutôt à titre d'information qu'autre chose.
Que Jacques Julliard, dont il est facile de trouver la bio sur la Toile, s'exprime ainsi sur le pape ne m'étonne pas vraiment.
En Mai 2007, j'avais déjà relevé sous sa plume une belle critique de Jésus de Nazareth (http://beatriceweb.eu/Blog/... ).
Depuis, j'ai eu l'occasion de voir et lire plusieurs fois le personnage, qui m'est plutôt sympathique.
Mais aussi, qui manque de conviction: très répandu dans les medias, et très brillant (ou habile), il intervient chaque semaine sur LCI dans une émission de pseudo-débat, où il est "opposé" à Luc Ferry. C'est dans une de ces émissions que le suffisant Luc Ferry, philophe de "profession", ex-ministre de l'Education, a cru intelligent de déclarer qu'il n'avait rien compris au discours du Saint-Père. Jacques Julliard a paru surpris - je crois - , mais sa réaction bien molle m'a laissé aussi laissé supposer qu'il n'avait aucune envie de se mouiller pour défendre une idée qui ne lui rapporterait rien.

9 novembre 2008
Le Pape en France, Jacques Julliard (athée et anticlérical) conquis par Benoît XVI: "Si la foi vient à manquer, c'est l'irrationalité qui l'emporte" (Tracce)
Fabrizio Rossi
---------------

Athée, de gauche, « culturellement anticlérical ».
Pourtant même le co-directeur du Nouvel Observateur a été conquis par Benoîtt XVI.
Motif? La défense de la raison. « Et son humanité »

« Psychologiquement athée, culturellement anticlérical, spirituellement chrétien ». Ainsi se définit Jacques Julliard, 75 ans, directeur adjoint du Nouvel Observateur, un des plus grands magazines français.
Ex syndicaliste (en 68, à la Sorbone, il était leader de la Confédération française démocratique du travail), dans le « cas Ratisbonne», il s'était déjà rangé dans les colonnes de son hebdomadaire aux côtés de Benoît XVI : « Est-il si étrange qu'au pays de Voltaire, il faille défendre le Pape et l'Église du fanatisme? ».
Un Pontife avec lequel il partage l'amour pour trois auteurs, Péguy, Bernanos et Claudel, auxquels Julliard vient de consacrer un livre dans lequel il relit le monde moderne à travers leur plume prophétique.

- Monsieur Julliard, le 12 septembre dernier, vous étiez un des 700 intellectuels qui aux Collège des Bernardins ont écouté l'intervention de Benoît XVI « au monde de la culture». Quelle a été votre impression?
- Avant tout, j'ai été frappé du contraste avec le portrait qui en avait été fait en France : plutôt qu'un dogmatique et un ultraconservateur, nous avons rencontré un homme de dialogue, qui parle d'intellectuel à intellectuels. J'ai été surpris par la chaleur humaine et une certaine douceur qu'il avait.

- À quoi est dû, selon vous, l'accueil chaleureux qu'il a rencontré?
- Il a été acclamé non pas comme Benoît XVI mais comme Pape, c'est-à-dire symbole d'unité. Dans un monde où tout se brise, le caractère universel du catholicisme (« la seule Internationale qui tienne », selon Charles Maurras) reste sa force. Avec la nature de son message.

- Quel a été l'impact de ce discours sur le monde de la culture laïque ?
- Je crois qu'il a été été bien reçu. C'est ce que m'a dit Jean Daniel lui-même (directeur du Nouvel Obs, ndt, pour les étrangers): beaucoup d'intellectuels non catholiques ont été frappés du fait que le Pape se soit adressé non seulement aux catholiques, mais aux intellectuels tout court (en français dans le texte).

- Cela semble paradoxal : une leçon sur la raison en France, patrie de la raison…
- Je crois que la chose la plus importante est cette volonté de l'Église de dialoguer avec le rationalsme, en combattant l'irrationalisme engendré par la peur. Pensons à la vague de spiritualisme et de new age très à la mode à notre époque : on tente de réduire la foi à une sorte de magie. Je suis frappé, pourtant, de constater que chaque fois que la foi chrétienne vient à manquer, ce n'est pas le rationalisme qui en tire profit, mais l'irrationalisme. C'est pourquoi il est très important que Benoît XVI mette en avant la réflexion sur le rapport entre foi et raison.

- Le Pape a dit que « le christianisme n'est pas simplement une religion du livre dans le sens classique ». Quelle valeur a cette affirmation pour vous ?
- L'Église a toujours dit que la tradition est, avec les Écritures, source de foi. Je pense que le Pape a voulu ainsi affirmer aussi l'originalité du catholicisme par rapport à l'islam et au protestantesime. Pour lui, le catholicisme est une religion bien précise, qui ne doit pas être diluée dans un vague déisme.

- Le Pape a comparé la confusion actuelle à celle du monde dans lequel vivaient les moines où « rien ne semblait résister ».
- Je crois qu'il a beaucoup parlé des moines également pour souligner que le monachisme est l'alliance entre travail manuel et pensée. Là, il y a une leçon importante pour le monde moderne, dans lequel la culture est contrariée par les media, par l'argent… Pour Benoît XVI, la vraie base de toutes les activités humaines et, donc, aussi de la culture, est en Dieu.

- Comment voyez-vous la syntonie entre le Pape et l'Elysée sur la laïcité positive ?
- Tous les deux ont insisté sur un fait à mon sens incontestable : l'Occident a des racines chrétiennes et il est totalement absurde de vouloir les ignorer ou les nier.
La laïcité n'a pas besoin d'épithètes : ni positive, ni négative, pas mêmerépublicaine. Feindre d'ignorer, sous prétexte de laïcité, les bases chrétiennes des valeurs occidentales est contraire à la laïcité. Cette laïcité vide signifie rayer l'histoire. Ce serait un cléricalisme athée, pas la laïcité.

© Copyright Tracce, octobre 2008

Version imprimable

Une homélie mémorable Le 25 décembre est une date historique