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Géopolitique: la nouvelle donne Vatican-USA

... avec l'élection de Barack Obama. Une très intéressante analyse dans Il Foglio. (13/11/2008)

Article original en italien, reproduit sur le blog de Raffaella.

Ma traduction.

Un coup de téléphone aimable renvoie à plus tard les problèmes entre Obama et le Vatican
La politique étrangère rapproche le président élu de Benoî XVI, mais sur les thèmes éthiques la bataille sera dure.

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Un coup de téléphone aimable, sans allusion aux cellules souche, tel est celui de Barack Obama à Benoît XVI, mardi dernier, a expliqué le père Federico Lombardi.
Dans le même temps, les agences de presse du monde entier tapaient des dépêches sur les inquiètudes de la Conférence épiscopale des Etats Unis pour les choix « pro choice » de la nouvelle Administration (« le bien commun ne peut pas être incarné de façon adéquate dans une societé où l'enfant à naître peut être légalement tué », a dit le cardinal Francis George, archevêque de Chicago).
Et cela, juste au moment où les propos du président du Conseil Pontifical pour la santé, le cardinal Javier Lozano Barragán, concernant la recherche sur les cellules souche embryonnaires, faisaient le tour du monde.

Le coup de fil « de remerciement » marque de manière informelle le début des rapports entre le nouveau président américain et le Pape ; ils auront le temps de mieux se connaître, mais les dossier importants des années à venir sont déjà tous sur la table.
Benoît XVI aura l'opportunité de les analyser de manière approfondie avec le secrétaire d'état Tarcisio Bertone et en consultant ses représentants diplomatiques en terre américaine (Diplomatie "sacrée" ) : le nonce apostolique pour les Etats Unis, Mgr Piero Sambi, mais aussi Mgr Celestino Migliore, l'observateur du Vatican au Palais de Verre. Et il pourra compter également sur les avis des prélats des Etats-Unis en fonction prés du Saint Siège. Parmi lesquels, fraîchement arrivé à Rome, l'ex-archevêque de Saint Louis, Raymond Burke, remarqué pour ses positions pas vraiment libérales.

La dernière photographie américaine de Joseph Ratzinger remonte seulement à avril dernier, mais elle semble déjà appartenir à une autre époque de histoire. Le voyage du Pape aux Etats Unis, l'excellent accueil de la nation - et même le succès médiatique - les rapports plus que cordiaux entre Benoît XVI et George W. Bush, la vision partagée sur beaucoup de choses : la préoccupation pour le destin de l'occident, la foi comme frein au relativisme moral, l'opposition à l'avortement et à la bioéthique de Frankenstein.

Avec Barack Obama, au contraire, les ligne d'une vision commune pourraient s'estomper. Ou du moins, comme le dit Vittorio Emanuele Parsi, professeur de Relations Internationales à l'Université Catholique de Milan, se différencier : « Si on regarde la conception de la politique internationale, il existe quelques lignes qui indiquent la possibilité d'une bonne convergence entre la nouvelle Administration et le Vatican. Par exemple, l'abandon définitif de la doctrine de la guerre préventive, et la disposition moins musclée dans les relations internationales. Plus généralement, avec Obama nous devrions revenir à une gestion plus multilatérale de la politique étrangère, et cela est traditionnellement le souhait de l'Église catholique ».
Dans le même temps, cependant, les points de vue changeront : « Prenons l'Afrique, continent qui tient beaucoup à coeur à l'Église. Obama pourra lui aussi montrer davantage d'attention à son développement, mais sur les méthodes de lutte contre le Sida il n'y aura probablement pas la même syntonie de vues que Ratzinger avait avec Bush ».

Les rapports bilatéraux entre Washington et le Vatican sont pour l'instant excellents, et une rapide détérioration n'est pas concevable.
La situation sur le front des rapports internes entre le président élu et l'église catholique américaine est plus complexe, on le sait.
À Baltimore se déroule en ce moment la réunion automnale d'un épiscopat plus que jamais divisé dans son jugement sur Obama (No retreat, no surrender ). Mais aujourd'hui, l'annonce de la possible signature de la part du nouveau président du Freedom of Choice Act sur l'avortement a immédiatement rassemblé les évêques sur des positions anti Obama. Avec le risque d'élargir la fracture avec ces 54% de catholiques qui ont au contraire voté pour le candidat démocrate, ignorant ouvertement les indications de la hiérarchie.

Dans l'évolution des relations entre l'Eglise et l'Administration, beaucoup dépendra du degré d'attention qu'Obama accordera aux autres sujets chers aux catholiques, depuis la Justice sociale jusqu'aux fonds pour l'éducation. Il est probable que dans l'avenir, la diplomatie vaticane devra beaucoup travailler avec les instances supranationales (Onu, Fao,Oms), explique encore Parsi : sur des questions comme les politiques de natalité et de développement, la nouvelle Administration américaine pourrait ête amenée à suivre une ligne que le Saint Siège pourrait plus difficilement partager, une position voisine de celle des pays du nord de l'Europe ou de la Chine. En somme, les tensions sur les thèmes éthiquement sensibles pourraient dépasser rapidement les frontières.

Mais ce ne sont pas seulement les dossiers sur les rapports bilatéraux et sur les grands scenari dans les instances supranationales qui préoccupent la diplomatie vaticane.
La phase politique qui s'ouvre avec la fin de la présidence Bush, où le conflit avec l'islam radical a été détérminant, de même que le rappel de la matrice occidentale du christianisme, est très complexe.
Le pontificat de Benoît XVI a souvent été défini comme « plus eurocentrique » par rapport à celui de ses prédécesseurs. Mais il ne faut pas oublier que l'église catholique n'est pas seulement une entité globale, elle est maintenant supranationale dans sa structure hiérarchique et diplomatique, et Benoît XVI n'a certes pas inversé la tendance. Il suffit de rappeler que cettes année, avec les dernières nominations, pour la première fois la majorité des 104 nonces apostoliques (les ambassadeurs du Pape) n'est plus composée d'italiens, mais viennent de l'Inde, des Etats Unis, avec une forte présence hispanophone et francophone. Le point de vue de l'église est donc de plus en plus multilatéral.

Le front le plus chaud est évidemment toujours celui de l'islam. À Rome vient de se conclure le premier séminaire du forum catholique-musulman, et hier le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux, en a tiré les conclusions (positives) dans une longue interviewe sur l'Avvenire. Avant de partir pour le Palais de Verre, où depuis hier se déroule un sommet interreligieux dédié aux thèmes de la paix et du dialogue, promu et organisé par l'Arabie saoudite.
Les tensions post-Ratisbonne semblent donc loin, pour le Vatican ("le fait de revenir constamment sur ce thème semble par moments écoeurant", dit Tauran), mais la situation de souffrance des chrétiens iraquiens, victimes d'un nettoyage ethnique, effet collatéral de la guerre, les plus en difficulté pour l'instant avec ceux qui vivent en Inde, tient beaucoup à coeur à Benoît. Ce n'est pas un hasard si, lors de l'Angelus du 26 octobre, le Pape les avait réunis dans un appel douloureux « pour que la légalité et la cohabitation civile soient tout de suite rétablies » là où « les chrétiens sont les victimes d'intolérances et de cruelles violences, tués, menacés et forcés à abandonner leurs maisons ».

Irak et Inde ne sont cependant que deux des situations les plus délicates pour le Saint-Siège. Il est significatif que le cardinal Oswald Gracias, le président de la Conférence des évêques indiens, ait été parmi les premiers en Asie à commenter l'élection d'Obama, en soulignant l'implicite valeur multiethnique : « La victoire historique d'un afro-américain reflète l'efficacité de la démocratie », a-t'il dit, rappelant les similitudes avec l'Inde, « une mosaïque de groupes différents, qui s'acceptent les uns des autres dans leurs diversités culturelles, qui vivent et travaillent ensemble ».
Pour en rester à l'Asie, l'Eglise a vu au cours des derniers mois un refroidissement des rapports avec la Chine, qui semblaient en bonne voie, pour la prudence du Pape sur la question tibétaine. Mais les évêques chinois n'ont pas été autorisés à participer au récent Synode sur la parole de Dieu, et le raidissement à l'improviste de Pékin a mis en difficulté la diplomatie du Pape. Et le dossier chinois est probablement aussi lié à la crise avec le gouvernement vietnamien, qui pourrait revenir sur la décision attendue d'ouvrir des rapports diplomatiques.
Dans toutes ces situations, pendant des années, le rôle international de l'Église avait pu compter sur le rivage sûr d'une vision partagée avec les Etats-Unis (surtout, l'appel pour la liberté religieuse en Chine de Bush, pendant son voyage à Pékin). Maintenant l'église devra attendre de connaître les intentions d'Obama, et chercher entretemps des rivages plus multilatéraux.

La situation actuelle n'est pas non plus très brillante dans la zone latino-américaine, la « chasse gardée » des Etats Unis. Là vit plus de la moitié des catholiques de la planète, mais les actuels gouvernements « izquierdisti » ne semblent pas particulièrement intéressés par le Vatican. Non seulement Hugo Chávez, mal vu par l'épiscopat vénézuélien, ou l'"indigéniste" bolivien Evo Morales, qui semble faire davantage de clins d'oeil à ce qui reste de l'église de la « libération » qu'à l'actuelle hiérarchie de matrice wojtylienne; au Paraguay, l'embarras suscité par le président Fernando Lugo, ex évêque suspendu à divinis, ne pourrait pas être plus explicite.
Le Chili et le Mexique mettent en avant des politiques sur la famille et en faveur l'avortement qui risquent de servir aussi de modèle à d'autres pays.


Et puis il y a le grand continent africain, que l'église catholique a toujours témoigné avoir à coeur, où les catholiques sont plus de 150 millions, 17% de la population, pour lequel se prépare un nouveau grand synode qui se déroulera à Rome du 4 au 25 octobre 2009, et où le Pape se rendra en 2009, au Cameroun et en Angola.
Mais l'Afrique est aussi le continent le plus fragile, le plus à risque pour la pénétration de l'islam radical et, en même temps, des sectes chrétiennes.
Barack Obama a des origines kenyotes, le Kenya a été un des premiers pays à fêter son élection, mais c'est là que des pirates somaliens sont venus enlever deux religieuses catholiques : le symbolisme ne pourrait pas être plus explicite.

En outre c'est précisément en Afrique, plus qu'en Asie, que les politiques de planning familial, de stérilisation forcée, d'avortement, promues par différentes agences internationales, ont le plus d'incidence. C'est contre ces politiques pour l'Afrique que l'église catholique se bat depuis longtemps. Et ainsi, on en revient au thème des changements d'attitude possibles de la nouvelle Administration d'Obama dans les instances supranationales, après les années où Bush avait fermé la porte à l'Onu et à ses politiques favorables à l'avortement.
Pour cette raison, il y a évidemment beaucoup d'attente autour de la nomination du nouvel ambassadeur américain à l'Onu. On sait qu'un des noms qui circulent est celui, chargé de symbole et prestigieux de Caroline Kennedy. Une catholique, mais ceci pourrait ne pas constituer une garantie.

© Copyright Il Foglio, 13 novembre 2008

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