L'écologie humaine du pape

Ce qu'il a dit exactement lors des voeux à, la Curie (23/12/2008)


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Beaucoup cherchent à recruter l'autorité morale immense que représente le Saint-Père au profit de la cause de l'environnement. Il est clair que des pressions s'exercent sur son entourage à ce sujet (voir ici: Le Vatican et le réchauffement climatique).
Or, cette cause est ambigüe, il est facile de comprendre pourquoi (*): l'écologie politique a instrumentalisé une inquiètude légitime, et considère l'homme (dont elle ne respecte pas la dignité au sens où l'entend l'Eglise) comme un facteur de pollution et même un ennemi de la "planète".

Ce qu'il en pense vraiment n'est pas mystère:
Pour lui, l'écologie est avant tout humaine.

J'ai malgré tout l'impression qu'il a profité de l'occasion solennelle du Discours à la Curie pour faire le point, et lever les équivoques sur le sujet. C'est ce que disait hier le compte rendu à chaud d'une Agence italienne ( Une douce fermeté ), en évoquant une mise au point ... que le Pape a jugée nécessaire en ce qui concerne les interprétations "vertes" de son Magistère.
On ne saurait être plus clair, en effet, pour exprimer que l'écologie est un problème global (qui implique la nature ET l'homme), exigeant donc une réponse cohérente, qui n'est pas celle du mouvement "écolo":
Oui, les forêts tropicales méritent notre protection, mais l'homme comme créature, dans laquelle est inscrit un message qui ne signifie pas contradiction de notre liberté, mais sa condition, ne la mérite pas moins.
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Voici donc exactement ce qu'il a dit (ma traduction):


[ A propos de l'Esprit Saint]
Il y a avant tout l'affirmation qui nous arrive dès le début du récit de la création: on y parle de l'Esprit créateur qui flotte sur les eaux, crée le monde et le renouvelle continuellement.
La foi dans l'Esprit créateur est un contenu essentiel du Credo chrétien. Le fait que la matière porte en soi une structure mathématique, est rempli de l'esprit, c'est le fondement sur lequel reposent les sciences de la nature modernes.
Ce n'est que parce que la matière est structurée de manière intelligente, que notre esprit est en mesure de l'interpréter et de la remodeler activement. Le fait que cette structure intelligente provienne du même Esprit créateur qui nous a donné l'esprit à nous aussi, comporte à la fois un devoir et une responsabilité.
Dans la foi liée à la création, c'est le fondement ultime de notre responsabilité envers la terre. Elle n'est pas simplement notre propriété que nous pouvons exploiter selon nos intérêts et nos désirs. Elle est plutôt don du Créateur qui en a dessiné les systèmes intrinsèques et avec eux nous a donné les signaux d'orientation auxquels nous conformer comme administrateurs de sa création. Le fait que la terre, le cosmos, reflètent l'Esprit créateur, signifie aussi que leurs structures rationnelles qui, au-delà de l'ordre mathématique, deviennent presque palpables à l'expérience , portent en elles-mêmes une orientation éthique. L'Esprit qui les a modelées, est plus que des mathématiques - c'est le Bien en personne qui, au moyen du langage de la création, nous indique le chemin de la vie juste.

Puisque la foi dans le Créateur est une partie essentielle du Credo chrétien, l'Église ne peut pas et ne doit pas se limiter à ne transmettre à ses fidèles que le message du salut.
Elle a une responsabilité pour le créé et doit aussi faire valoir cette responsabilité en public.
Et en le faisant elle doit défendre non seulement la terre, l'eau et l'air comme dons de la création appartenant à tous. Elle doit aussi protéger l'homme contre sa propre destruction.

Il est nécessaire qu'il y ait quelque chose comme une écologie de l'homme, comprise dans le sens juste.
Ce n'est pas une métaphysique dépassée, si l'Église parle de la nature de l'être humain comme homme et femme et demande que cet ordre de la création soit respecté.
Ici, il s'agit de fait de la foi dans le Créateur et de l'écoute du langage de la création, dont le mépris serait une auto-destruction de l'homme et donc la destruction de l'oeuvre même de Dieu.
Ce qui souvent est exprimé et entendu avec le terme « gender », se ramène en définitive à une auto-émancipation de l'homme du créé et du Créateur. L'homme veut se faire tout seul et disposer toujours davantage, et exclusivement tout seul, de ce qui le concerne. Mais de cette façon il vit contre la vérité, il vit contre l'Esprit créateur.

Oui, les forêts tropicales méritent notre protection, mais l'homme comme créature, dans laquelle est inscrit un message qui ne signifie pas contradiction de notre liberté, mais sa condition, ne la mérite pas moins.



Sur ce sujet

Benoît XVI et l'environnement:
La touche verte de Benoît:
A Loreto, le Pape et l'écologie:
Le Pape vert:
Environnement encore:


(*) Sémantique

Il suffit de voir comment le sens du mot écologie (un mot encore assez peu utilisé hors du champ technique, il y a une trentaine d'annés) a évolué.

J'ai eu la curiosité de consulter la définition du "Robert" qui me rappelle que l'écologie , du grec "oikos" qui signifie "maison" (et qui nous renvoie à la maison de la grande famille humaine dont nous parle souvent le Pape), est "l'étude des milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu".

Un autre dictionnaire de la langue française, plus récent, donne aussi comme définition: " mouvement de défense de l'environnement et de lutte contre la pollution"
Quelle est celle de ces deux définitions que le citoyen lambda connaît?
Répondre à la question, c'est situer le problème.


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