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Les nombres et la foi (2)

Troisième volet de la série d'articles de l'Avvenire sur le thème "Foi et raison" (12/1/2009)


Bienheureuse mathématique :

http://www.avvenire.it/Cultura/Beata+matematica.htm


Une liste de très grands mathématiciens de l'histoire, qui ont été des croyants d’une manière fervente et authentique.
Ils sont nombreux, et on ne parle presque jamais d’eux.
Telle est la réponse argumentée et « empirique » qui doit être donnée à ceux qui doutent qu'on puisse être, en même temps, mathématiciens et croyants ».
Le professeur Maurizio Brunetti, mathématicien, formé en Grande-Bretagne et aujourd’hui professeur à l'Université Frédéric II de Naples, ne s'arrête pas à Ennio De Giorgi (1928-1996), génie et homme de foi charismatique.
Brunetti remonte aux trois derniers siècles. Et il va même plus en arrière. Dans la liste il n'exclut pas Leibniz, Newton ou Descartes, qui certes n’étaient pas athées; il énumère par contre ces mathématiciens dont la foi active s'exprimait par des choix de vie qui la rendaient particulièrement reconnaissable.
Et il place au premier rang le turinois Francesco Faà di Bruno (de 1825-1888), que l'Église a proclamé bienheureux en 1988.

Les Faà di Bruno étaient une famille de scientifiques, de religieux et de héros. Francesco était prêtre, son frère Giuseppe était un père Pallottino et il se consacra aux missions ; quant à Emilio, il mourut dans son bateau naufragé à Lissa.
« Le nom de Francesco Faà di Bruno est lié à de considérables contributions, surtout à une élégante formule pour calculer les dérivées d'ordre supérieur d'une fonction composée. Sa vie fut tellement aventureuse qu'on pourrait en tirer un film : militaire, musicien, architecte, ingénieur - en 1856, ému par la condition des non- voyants, ce fut sa soeur Marie Luigia, qui conçut et fit breveter un bureau pour aveugles - et, surtout, prêtre et fondateur d’un ordre religieux.
Faà di Bruno avait été élève d'Augustin Louis Cauchy, un des pères de l’analyse mathématique, lui aussi homme de foi vécue. Il fut en effet parmi les fondateurs de l'Association pour la Protection de le Religion Catholique et de la Société Catholique des Bons Livres. Les oeuvres scientifiques de Cauchy ont été rassemblées en 27 volumes. Un grand scientifique, mais aussi un grand homme qui se dépensait en innombrables oeuvres de charité et d'apostolat culturel : « bien qu’accablé par toutes sortes d'occupations, il trouvait le temps et l'esprit pour aller visiter les pauvres dans leurs taudis » raconte Faà di Bruno. Le mathématicien français avait aussi beaucoup à coeur la sanctification des fêtes : grâce à ses pressions, beaucoup de magasins furent contraints de fermer durant les jours fériés, permettant ainsi aux employés d'aller à Messe ».

On ne parle jamais de ces personnages.
« Pourtant ils sont exceptionnellement intéressants. Je pense au mathématicien suisse Leonard Euler. De religion protestante, tous les soirs il réunissait sa nombreuse famille et lisait un chapitre de la Bible. Euler raconte qu’il a accompli beaucoup de ses découvertes alors qu'il avait un enfant dans les bras et d’autres marmots qui se roulaient à ses pieds.
Des mathématiciens croyants sont archiconnus par tous les étudiants aux prises avec les examens de géométrie et d'analyse mathématique. Par exemple, Jacques Binet, Charles Hermite et aussi le bohèmien Bernard Bolzano, celui du théorème de Bolzano-Weierstrass, dont on se rappelle les tentatives pour prouver logiquement que la religion catholique - révélée, et donc dépositaire de réponses aux questions fondamentales - est la religion parfaite, non seulement parmi les religions qui existent, mais même parmi toutes celles concevables. Pour lui, la religion était « la quintessence de toutes les vérités qui nous guident à la vertu et au bonheur » ».

Etes-vous croyant ?
« J'ai grandi dans Alleanza cattolica (), en me nourrissant de sa spiritualité ignacienne. Mon cas n'est pas un cas isolé. Selon une enquête menée aux Etats-Unis, les mathématiciens sont la catégorie de scientifiques où le pourcentage d'athées est le plus bas. Mais, s'il est vrai que la science ne permet que parfois de trouver Dieu, il est cependant certain que c’est Dieu qui a fait trouver la science à l'homme ».

Cela parce qu’on peut connaître la réalité ?
« Faisons une considération. Pour que l’idée de formuler un modèle mathématique pour le mouvement d'une pomme qui tombe à terre vienne à l’esprit de Newton, il fallait une base certaine: croire qu'une pomme tomberait toujours selon la même modalité, une minute, un jour ou cent ans après. C’est vraiment ce fondement sur le caractère logique de la création, qui n’est partagé que par les cultures occidentales, qui a permis à la science moderne de naître et se développer. L'univers a ses lois, il n'est pas capricieux. Des historiens de la science comme Edward Grant et Stanley Jaki ont vu dans la venue du christianisme une condition nécessaire – et même suffisante - pour la naissance de la science moderne, c’est-à-dire celle qui laisse de côté toute considération de nature non quantitative, éliminant les déductions de caractère philosophique et se limitant à utiliser les moyens des mathématiques pour interpréter les données expérimentales ».

Une science donc, qui naît bien avant le siècle XVIIème siècle et éclôt déjà dans le Moyen âge chrétien.
« Les mathématiques, que ce soit celles plus abstraites et symboliques, ou bien celles appliquées à la physique, prennent leur envol à des époques où la « température religieuse » est haute. L’algèbre voit d’abord le jour entre le huitième et le neuvième siècle dans monde islamique et, avant que ne prévale la perspective théo-philosophique des ( ?) mutakallimum - selon laquelle l'énonciation d'une loi physique serait en contradiction avec l'omnipotence d'Allah -, des manuels de dynamique des fluides furent aussi publiés. Dans l'Europe médiévale chrétienne, deux des quatre disciplines du quadrivium, c'est-à-dire l'arithmétique et la géométrie, appartenaient aux mathématiques (les deux autres étant l’astronomie et la musique, ndt). La naissance de la science moderne en sera pour cette raison anticipée de quelques siècles. Jusqu'à il y a peu de temps, on en célébrait l'anniversaire en rappelant la publication en 1687 des Philosophiae Naturalis Principia Mathematica d'Isaac Newton. Certes, cette oeuvre est à tout point de vue moderne. Toutefois Newton reconnut, s’appropriant ainsi l'aphorisme médiéval de Bernard de Chartres, être « un nain sur les épaules de géants ». Ces géants, aujourd'hui, ont été identifiés : Giordano Nemorario, qui au XIIe siècle avait déjà formulé les lois de la statique ; Nicola Oresme, qui avait résolu l'objection la plus forte contre l'hypothèse d'une Terre en mouvement ; Giovanni Buridano, quil formula la notion de « force à distance », arrivée à Newton à travers Albert de Saxe, Leonardo da Vinci, Giambattista Benedetti et Galileo Galilei ».

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Panne d'idées Les nombres et la foi (1)