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Le Vatican et le Moyen-Orient selon J. Allen

15/1/2009

Vatican, Israel lock horns over Gaza violence (again)
http://ncrcafe.org/node/2360
(je laisse le titre en anglais, n’étant pas sûre de ma traduction…)

Le Vatican et Israël se défient (s'opposent) à propos des violences à Gaza (une fois de plus)

Aucune crise au Moyen-Orient ne saurait être complète sans un mini drame impliquant la prétendue partialité du Vatican dans sa critique d'Israël, et comme si on n'attendait que cela, l'éruption a eu lieu cette semaine.
Mercredi, un responsable israélien s'est plaint que le Vatican a avalé "la propagande du Hamas," à la suite des commentaires du cardinal Renato Martino, président du Conseil pontifical pour la justice et la paix, comparant la bande de Gaza à un "immense camp de concentration."
"Des remarques qui semblent se fonder sur la propagande du Hamas, tout en ignorant ses nombreux crimes ... ne mènent pas les gens vers la vérité et la paix», a objecté mercredi après-midi le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor.

Pour les observateurs avertis, il n'est pas surprenant que Martino soit dans l'oeil du cyclone.

Alors que la plupart des diplomates du Vatican semblent presque photo-phobiques dans leur aversion pour les feux de la rampe, Martino a le génie d'attirer l'attention sur lui-même. Mes lecteurs se rappellent, par exemple, qu'en 2003 Martino a accusé les troupes américaines de traiter le prisonnier Saddam Hussein «comme une vache», et dit qu'il ressentait «pitié» et «compassion» pour l'ancien dirigeant irakien - commentaires qui n'avaient pas été appréciés par certains Américains, pour ne rien dire des victimes du régime de Saddam Hussein.

Pour rendre justice à Martino, le texte intégral de ses observations sur la bande de Gaza apparaît comme plus équilibrée que la franche « morsure » citée ci-dessus.
Voici ce qu'il a dit, le 7 janvier dans un entretien avec le site Web italien Il Sussidiario:
«Les conséquences de l'égoïsme sont la haine pour l'autre, la pauvreté et l'injustice. Et ce sont toujours les populations sans défense qui en font les frais. Regardons les conditions de Gaza : elles ressemblent de plus en plus à un grand camp de concentration. ... Mais il faut une volonté des deux parties, parce que toutes les deux sont coupables. Les israéliens et des palestiniens sont des fils de la même terre et il faut les séparer, comme on le ferait avec deux frères. Mais c'est-là est une considération que le « monde », malheureusement, ne comprend pas. S'ils ne réussissent pas à se mettre d'accord, alors quelqu’un d'autre doit sentir le devoir de le faire. Le monde ne peut pas regarder sans rien faire "

Pourtant, même dans ce contexte, Martino n'est pas naïf, après avoir passé 16 ans comme observateur du Vatican à l'Organisation des Nations Unies. Il devait savoir que sa référence à un "camp de concentration" ne pourrait empêcher aux gens d'évoquer l'image crue, répandue dans les milieux extrémistes arabes et islamique, comparant Israël à l'Allemagne nazie. Des caricatures montrent couramment l'étoile de David tordue en une croix gammée, les Forces de défense israéliennes déguisé en SS, et ainsi de suite. Le commentaire a été, par conséquent, l'équivalent diplomatique d'un doigt dans l'oeil. (sans parler de la sagesse douteuse d'un officiel du Vatican invoquant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, l'ère des camps de concentration, puisque la question de l'acquiescement Chrétien à l'Holocauste reste un point extrêmement sensible dans les relations Chrétiens / Juifs.)

Ceci, bien sûr, n'est que le dernier exemple des griefs d'Israël et de ses partisans contre l'approche par le Vatican de ce qu'il appelle la "Terre Sainte" - une convention linguistique destinée à exprimer la neutralité, mais considérée par de nombreux Israéliens comme un subtil refus de reconnaître la légitimité de l'État juif.
Au printemps 2002, par exemple, les forces israéliennes ont convergé vers Bethléem en Cisjordanie après que des Palestiniens armés aient occupé la Basilique de la Nativité, considérée par la tradition chrétienne comme le lieu de naissance de Jésus. Tout au long des 40 jours de confrontation, L'Osservatore Romano, le journal officiel du Vatican, a insisté sur la condamnation du "siège" par Israël , même si les Israéliens n'auraient jamais été dans la basilique les premiers, si les Palestiniens ne l'avaient pas investie par les armes. Pour aggraver les choses, L'Osservatore a accusé Israël d’une " agression équivalent à une extermination", et affirmé que son armée était venue «profaner les lieux saints par le fer et le feu."

En ce qui concerne la crise actuelle dans la bande de Gaza et l'approche israélo-palestinienne du Vatican sous Benoît XVI, quatre points méritent d'être soulignés pour garder les choses au clair:

• Tout d'abord, l'objectif général de la diplomatie du Vatican est de soutenir une solution pour les deux États, qui assure stabilité et sécurité pour les Israéliens et les Palestiniens.
En conséquence, le commentaire du Saint-Siège a été critique à l'égard de la violence des deux côtés. Dans son discours d'Angélus du 1er Janvier, par exemple, le Pape Benoît XVI a affirmé "le désir profond de vivre dans la paix qui monte dans le cœur de la grande majorité des populations israéliennes et palestiniennes, qui une nouvelle fois ont été mises en danger par la violence massive déclenchée dans la bande de Gaza en réponse à d'autres actes de violence. " Le 4 janvier, le Pape implore «les autorités et les responsables des deux côtés, israélien et palestinien, d’agir immédiatement pour mettre fin à cette situation tragique."
• Deuxièmement, dans le passé, la ligne la plus ouvertement anti-israélienne du Vatican est venue en général de L'Osservatore Romano avec son ancien rédacteur en chef, le laïc italien Mario Agnes. Un changement à la direction a fait en sorte que cette fois-ci, le ton des médias du Vatican a aussi été plus équitable. Une déclaration de P. jésuite. Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, à la fin de Décembre sur Radio Vatican offre un cas d'espèce: «Le Hamas est prisonnier d'une logique de la haine», a dit Lombardi, «Israël d'une logique de confiance dans la force comme la meilleure réponse à la haine. "
• Troisièmement, Benoît XVI a été beaucoup plus disposé que Jean Paul II à mettre ouvertement les dirigeants musulmans au défi de renoncer à la violence et au terrorisme, ainsi qu'à réclamer la "réciprocité", ce qui signifie une reconnaissance du droit à la liberté religieuse, dans les États à majorité islamiques.
• Quatrièmement, malgré la rhétorique de Martino, tout le monde ne perçoit pas une inclinaison anti-israélienne dans les commentaires du Vatican. Après la condamnation par Benoît XVI de la violence à Gaza, le 6 janvier un commentateur saoudien a écrit: «Le pape aurait pu et dû être beaucoup plus explicite. Il aurait dû convoqué un synode pour la bande de Gaza, comme il l'a fait pour le Liban. Mais il a préféré se courber devant les Juifs, quels que soient leurs crimes et leurs péchés. "

Ceci étant dit, voilà ce qui rend les Israéliens fous: en règle générale, le Vatican démarre au quart de tour pour dénoncer la violence en Terre Sainte, quand elle est à l'initiative d'Israël. Oui, les déclarations sont assez impartiales, mais inévitablement, elles alimentent des cycles de nouvelles condamnations internationales de l'agression israélienne. Comme l'écrivain catholique italien Sandro Magister l'a souligné, il n'y a pas eu, venant d'un niveau élevé, de commentaire comparable du Saint-Siège quand le Hamas a resserré son emprise sur la bande de Gaza et a fait tomber sur Israël une pluie de bombes.

Pour expliquer cela, il n'est pas nécessaire d'invoquer les vestiges médiévaux de l'antisémitisme, ou de l'ambivalence du Vatican à propos de la création de l'État d'Israël en 1948. Si l'on met de côté une conviction sincère que la politique et les injustices sociales subies par les Palestiniens sont à l'origine du problème, deux forces sociologiques sont à l'œuvre:
• Tout d'abord, les diplomates du Vatican, en particulier aux échelons supérieurs, ont tendance à provenir des mêmes milieux que les agents des ministères des affaires étrangères européen. Toutes choses étant égales par ailleurs, ils ont tendance à partager les mêmes perspectives largement pro palestiniennes que leurs homologues laïques, et ils sont influencés par le fait que les médias européens consacrent beaucoup plus de couverture aux réponses d'Israël qu'à ce que l'agression de la partie palestinienne déclenche.
• Deuxièmement, le Vatican est naturellement influencé par les chrétiens qui vivent en Terre sainte - dont la grande majorité sont des Palestiniens, et souvent de féroces critique d'Israël.

Cette fois encore, les dirigeants chrétiens ont exprimé leur indignation à propos de la politique israélienne. Le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a dénoncé ce qu'il qualifie de "disproportionnée" dans la réponse israélienne. Le Père Raed Abushalia, un ancien porte-parole du Patriarcat de Jérusalem et directeur du réseau de radios catholiques en Terre Sainte, est allé plus loin: «Le Hamas n'est pas un monstre, mais un mouvement de résistance contre l'occupation israélienne des territoires palestiniens", a t-il dit. «Maintenant plus que jamais, il est essentiel de dialoguer avec lui afin de mettre un terme au tragique conflit israélo-palestinien."
L'Evêque auxiliaire, Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo de Jérusalem s'est fait l'écho de l'appel vers Israël à négocier avec le Hamas, d'accord avec Abushalia pour dire que le Hamas est un parti "légitime et démocratiquement élu" . Dans une protestation spectaculaire contre l'incursion israélienne dans la bande de Gaza, les Franciscains qui servent en tant que gardiens des lieux saints ont refusé d'allumer les lumières de Noël à Bethléem.

Pour des observateurs extérieurs, cette apparente sympathie pour le Hamas peut être difficile à comprendre. Les dernières années ont vu un exode constant des chrétiens de Terre Sainte, dû dans une large mesure à l'augmentation des pressions de la part des fondamentalistes islamiques. Pourtant, la plupart des chrétiens palestiniens croient que si le christianisme doit avoir un avenir dans un éventuel État palestinien, il leur faut partager pleinement le sort du peuple palestinien. (Selon la même logique, les Arabes chrétiens ont longtemps été à l'avant-garde de la cause nationaliste; Michel Aflaq, par exemple, le fondateur idéologique du parti Baath , était né dans une famille grecque orthodoxe en Syrie).
En fin de compte, cependant, le Vatican s'est toujours enorgueilli de sa distance vis-à-vis des passions locales, ce qui théoriquement lui permet d'être plus équilibré dans ses évaluations. Tant que les Israéliens, même modérés, ont parfois du mal à percevoir cet équilibre, il sera difficile pour le Vatican de jouer son rôle souhaité de voix neutre de la conscience. Au niveau des relations interreligieuses, Benoît XVI a dirigé le catholicisme vers une attitude plus musclée dans la condamnation de la violence d'inspiration religieuse, ce qui, en pratique, s'est traduite par une ligne de plus en plus difficile dans le dialogue entre catholiques et musulmans; à ce jour, les critiques diront que ce ton nouveau doit encore être pris en compte dans la diplomatie du Vatican.
* * *

Une des questions créées par la crise dans la bande de Gaza est quel impact elle pourrait avoir sur la visite très attendue de Benoît XVI en Terre Sainte en Mai.
Bien que le Vatican n'ait pas confirmé officiellement le voyage, l'église locale a déclaré que selon les prévisions, le pape arriverait en Jordanie le 8 Mai pour ensuite être en Israël du 11 au 15 Mai. Benoît devrait célébrer des messes à Jérusalem, Nazareth et Bethléem, visiter le mémorial de l'Holocauste à Yad Vashem, et avoir des entretiens avec le Président israélien Shimon Peres. (selon des fonctionnaires, Benoît ne devrait pas rencontrer de représentants du Hamas.)
À la lumière des récents actes de violence, toutefois, les fonctionnaires du Vatican ont averti que le voyage pourrait être en danger. Lombardi a récemment précisé que la visite n'a pas été confirmée, et Martino a déclaré que la crise a compliqué la planification préalable nécessaire.
D'une façon générale, les fonctionnaires de l'église locale restent optimistes que le calme sera restauré en Mai et que le voyage pourra avoir lieu, mais il est peu probable qu'une annonce officielle sera publiée avant un accord de paix.

Voir ici: Relations avec Israël & Moyen-Orient

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