Le Pape sur Youtube
Le Vatican et les nouvelles technologies. Une réflexion personnelle (20/1/2009)
Je me sens particulièrement concernée par une nouvelle parue ces jours-ci.
Elle concerne Internet, et l'utilisation des nouvelles technologies pour diffuser le message du Pape.
Je crois pouvoir en parler en connaissance de cause (Un commentaire personnel ... ), puisque c'est ce que je tente modestement de faire depuis trois ans, sans beaucoup de succès.
1. Information (à confirmer)
On ne peut faire plus neutre que cette information diffusée hier sur le journal du net:
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Le Vatican va ouvrir sa chaîne sur YouTube
Lundi 19 janvier 2009
Le Vatican devrait ouvrir prochainement sa propre chaîne sur le site de partage de vidéos YouTube et y diffuser apparitions de Benoît XVI et divers événements de l'Eglise. Les détails du lancement seront exposés le 23 janvier lors d'une conférence de presse rassemblant des représentants du Vatican et Henrique de Castro, directeur des solutions médias de Google, maison-mère de YouTube. L'initiative impliquera Google, la radio vaticane et le centre de télévision du Vatican.
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D'autres dépêches d'agence lues sur le web en français rivalisent de lieux communs regrettables, basés évidemment sur un fond de vérité (est-ce de la désinformation, ou de la simple négligence?), par exemple, ceci :
Pas de doute, l'Eglise catholique semble bien décidée à conquérir les jeunes grâce aux nouvelles technologies.
Bientôt âgé de 82 ans, le Pape Benoît XVI n'est d'ailleurs pas en reste avec les nouvelles technologies. Ce possesseur d'un iPod Nano n'a pas hésité à envoyer des SMS signés « BXVI » à des milliers de pèlerins lors des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) en Australie l'été dernier
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Il y aurait beaucoup à dire, évidemment, sur l'insanité de définir Benoît XVI comme un "possesseur d'iPod", qui aurait envoyé - personnellement, suggère l'article - des SMS signés BXVI...
2. Un premier commentaire, celui d'A.Tornielli
... qui relaie l'information sur son blog, et sur Il Giornale.
Inutile de dire que j'y souscris largement.
Je traduis partiellement ici l'article de Il Giornale, sous le titre "Ratzinger prêt à prêcher sur Youtube":
De moins en moins de médiation médiatique, de plus en plus d'information directe, offerte à ceux qui veulent accéder à l'univers d'outre-Tibre (oltrerevere).
...
La collaboration avec Google devrait prévoir la mise en place d'un véritable canal avec des flashes d'informations préparés par le Centro televisivo vaticano (CTV), et la possibilité de trouver à travers Google des textes et des documents classés.
Aujourd'hui, au contraire, la recherche des mots « Papa » et « Vaticano » sur le moteur de recherche mondial le plus utilisé offre respectivement 102 millions et 14 millions 900 mille résultats.
Dans le premier cas, tout en haut, il y a Wikipedia suivi, cinq place plus bas par « nonenciclopedia.wikia » qui décrit Ratzinger textuellement comme « un petit vieux à la tête de tous les fondamentalistes catholiques », tandis que dans le second cas l'encyclopédie télématique est à la troisième place, suivie de deux videos significativement intitulées « le Vatican s'habille en Prada » et « Satan au Vatican » et pas vraiment objectives envers le Saint-Siège.
Selon le très fréquenté (cliccatissimo) blog « Paparatzinger », devenu point de référence informative en ce qui concerne Benoît XVI grâce à l'attentif travail de monitorage sur la couverture médiatique de l'activité papale, le bilan est « fortement négatif ». Durant l'année qui vient de s'achever, le Pontife a été accusé de tout, on lui a attribué une responsabilité dans tout, depuis le "cas" d'Eluana Englaro jusqu'à la question de la dépénalisation de l'homosexualité. Souvent, on a attribué à Ratzinger des affirmations exprimées par d'autres prélats, et dans beaucoup de cas, ce sont les simplifications et les préjugés qui ont prévalu. Comme dans le cas de la visite manquée à la Sapienza, en janvier 2008, lorsque les professeurs ont contesté le Pontife en lui attribuant une citation - reprise de Wikipedia - qui par contre était de Paul Feyerabend.
Grâce à l'accord avec Google, en somme, il devrait être plus facile, pour ceux qui sont intéressés, de puiser aux sources directes.
Du reste , c'est justement l'utilisation d'Internet et les possibilité offerte par les nouvelles technologies qui sont le thème du message papale pour la jounée des communications sociales de cette année, intitulé « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié ».
Sur ce point, l'Église italienne se mobilise. A partir demain à Rome, se déroulera la rencontre « Église dans le réseau 2.0 » promue par le bureau pour les communications sociales et le service informatique de la CEI.
« A l'ère d'Internet et du social network, on ne peut négliger les conditions pour que le service aux diocèses et aux paroisses puisse mieux se dérouler, avec la connaissance et avec l'utilisation correcte des nouvelles technologies, qui n'introduisent pas seulement une méthode de travail, mais pèsent sur la mentalité et sur les habitudes des personnes » explique don Domenico Pompili, porte-parole de la Conférence episcopale italienne ».
3. Le blog de La Croix
... avait déjà commenté l'information à la fin de la semaine dernière.
http://blog.la-croix.com/rome/...
Dans un billet intitulé de façon légèrement ironique "Google Pape", Isabelle de G relève très justement la nécessité "de pouvoir maîtriser la source [des videos qui circulent déjà], et de transmettre donc l’actualité vaticane directement, sans intermédiaire".
Mais c'est pour enchaîner immédiatement sur un des thèmes favoris des medias, qui ne devraient pas s'étonner des "incompréhensions", car quand ce ne sont pas eux qui les suscitent, ils ne font rien pour les dissiper:
Cela permettra-t-il d’améliorer l’image du pape actuel dans l’opinion publique? De fait, les rapports entre Benoît XVI et les médias sont particulièrement difficiles, comme on l’a encore vu récemment à propos des relations avec le judaïsme, et le pape semble attirer malentendus et incompréhensions…
Un commentaire personnel pour terminer.
Je suis heureuse et j'apprécie qu'Andrea Tornielli, qui est un professionnel reconnu au point que le Saint-Père l'a déjà cité dans une homélie (à propos de Pie XII) reconnaisse et cite l'incroyable travail accompli par mon amie Raffaella.
En France, je pense être une des personnes - pas si nombreuses, pour ne pas pas dire rarissimes - qui font presque depuis le début du pontificat un travail quotidien pour tenter de faire connaître le Saint-Père chez nous - sa personne, mais aussi son message, en lui consacrant un site de façon exclusive.
Mon travail que j'essaie de rendre le plus exhaustif et le plus honnête possible, malgré un parti-pris évident dont je ne me cache pas, et le plus attrayant, aussi, par les illustrations et les infos plus "légères", n'est jamais cité par les pages d'actualité de Google, alors que régulèrement, les pages citées en première position sont issues de blogs fantaisistes, dont je préfère ne pas préciser l'orientation.
A part Zenit en français, et ESM, (qui font un travail fantastique, mais différent du mien, je crois) l'actualité du Vatican ne parvient pas à l'internaute francophone, sinon filtrée par les agences de presse (hostiles, c'est un pléonasme), déformée et caricaturée.
Sauf à supposer que mon travail est nul, et que les nombreuses heures que j'y consacre - avec passion - n'ont aucun intérêt, ce qui n'est pas totalement exclu, ce que je fais n'existe simplement pas, y compris pour les portails, et forums catholiques très fréquentés. Les visiteurs que j'ai malgré tout viennent chez moi par hasard.
En réalité, je suis certaine que la médiocrité de mon travail n'est pas la seule raison, car, comme cela arrive assez souvent, lorsque je traduis des textes vraiment inédits en français (par exemple, encore récemment, des textes de Joseph Ratzinger sur l'économie, ou sur les relations avec le judaïsme, dont personne ne peut supposer qu'ils sont sans intérêt), ils ne suscitent pas davantage de réaction.
Je n'en conçois pas d'amertume (puisque je continue malgré tout, et que je sais bien que le découragement est le meilleur ami du diable) mais quand même un peu de perplexité, et parfois de lassitude.
Pour conclure, ce n'est pas l'absence du Vatican sur le réseau qui pose problème, c'est qu'il soit simplement "snobé". Comme l'est le site du Saint-Siège, pourtant très professionnel et très esthétique, qui propose depuis quelque temps quotidiennement la totalité de l'Osservatore Romano.
De toutes façons, je doute absolument que Pierre puisse remplir ses filets grâce à Youtube.
Je pense même que ce n'est pas le bon moyen.
