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La communication du Vatican

Les arguments de John Allen. Je ne suis pas d'accord... (1er 2/2009)

Et la
réponse indirecte de Pro Liturgia


L'argument de l'amateurisme du Vatican en matière de communication (répéterai-je assez à quel point ce mot me fait horreur?), est généralement utilisé par les gens de bonne foi qui cherchent des excuses au pape. Il paraît que sous l'Ancien Régime, le peuple, qui était resté attaché au Roi disait "Ah! si le roi savait!" reportant ainsi son mécontentement sur les maladresses de ses ministres et la cupidité de ses courtisans.
Comme si, ici, le Saint-Père avait des choses à se faire excuser, ou pouvait se faire dicter sa conduite par un de ses "collaborateurs", alors que, selon les belles paroles de Sheelagh, il n'aura de comptes à rendre qu'à Dieu, et à personne de ce monde.
Cette "défense" se base sur un argument fallacieux: un peu comme comparer le Saint-Siège à Météo France, qui lance des "alertes", ou des "vigilances orange" pour signaler que le pays va être traversé par une tempête, ou connaître un épisode de verglas. Phènomènes naturels, auquel l'homme ne peut rien faire d'autre que de les éviter et de s'en protéger au mieux, en restant à la maison. C'est un peu ce que John Allen écrit ici: when the pope does something likely to cause alarm in another religious community, you have to see the train wreck coming in order to avert it.
Or, le "meltdown" dont il parle plus bas, n'a rien d'un phénomène naturel!
Il est entièrement fabriqué. Ce n'est pas tant les exactions verbales de Williamson, disponibles sur Google depuis de années qui ont dû alerter le Pape, mais les menaces récentes et répétées de la communauté "visée". Qu'il ait passé outre prouvent que d'éventuelles reptations de ses proches devant les journalistes n'auraient rien changé au sens de sa décision. Donc aux attaques consécutives

La communication du Vatican est un des chevaux de bataille pour John Allen.
Un des premiers articles de lui que j'ai lu s'intitulait "Qui dira non à Benoît" et avait été écrit juste après le discours de Ratisbonne.
Je ne suis pas du tout mécontente de que j'avais écrit alors, c'est totalement d'actualité, et pardon de me citer.
Censurer le Pape à la source?: beatriceweb.eu/Blog/
Je n'ai pas changé d'avis (lui non plus!)
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Article original en anglais sur le site de NCR: Ma traduction.
http://ncrcafe.org/node/2382

Au cours de ma tournée de conférence, on me demande parfois mon avis sur la stratégie de communication du Vatican. Ma réponse est généralement très simple, "Dès qu'ils en auront une, je me ferai un plaisir de vous dire ce que j'en pense."
La boutade attire en général quelques rires. Toutefois, la fureur de cette semaine autour de la levée de l'excommunication des quatre évêques traditionalistes, dont un qui est un négationniste, nous rappelle que le manque de jugeote dans les relations publiques, à Rome n'invite pas vraiment à rire.
L'épisode a suivi un arc familier, que l'on pourrait appeler le "syndrome de Ratisbonne." Le pape dit ou fait quelque chose de toute évidence destiné à déclencher des étincelles, cependant, le Vatican est censé être surpris par la réaction, puis devoir limiter les dégâts consécutifs.
La stratégie adoptée cette fois a consisté en des excuses présentées le 27 janvier par Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité traditionaliste de Saint-Pie X, pour les commentaires incendiaires de Mgr Richard Williamson, qui a nié dans une interview à la télévision suédoise que les nazis aient utilisé des chambres à gaz et a affirmé que 300.000 juifs au plus ont été tués durant la Seconde Guerre mondiale. Dans une déclaration publiée par le Vatican, Fellay a également déclaré que Williamson a été interdit de plus amples commentaires sur les sujets politiques ou historiques.
Le lendemain, Benoît XVI a rappelé la mort de «millions de juifs» dans les camps de la mort nazis, et a exprimé sa "solidarité pleine et incontestable" avec les Juifs. Il a également déclaré que la levée des excommunications est un acte de "miséricorde paternelle», qui, il l'espère, conduira les traditionalistes à embrasser la pleine communion dans l'église, y compris l'acceptation de l'enseignement du Concile Vatican II (1962-65).
Aussi bienvenues que soient de toute évidence ces déclarations, elles ne viennent qu'en réponse à une crise qui aurait dû être clairement prévue. Les allégations selon lesquelles le Vatican a été pris de court ne tiennen pas, bien avant que Williamson soit apparu à la télévision suédoise, il avait un dossier public de la négation de l'Holocauste et d'opposition aux Juifs, qu'une recherche de 30 secondes sur Google aurait mis au jour (ndt: justement! l'Eglise doit-elle se servir de Google? L'Eglise a existé presque 2000 ans avant Google, et on peut espérer qu'elle continuera encore longtemps après!).

Pour commencer, précisons quelques nuances:
• Tout d'abord, Benoît XVI se considère comme un ami du peuple juif, et n'a aucune sympathie pour l'antisémitisme ou les tentatives de nier ou de diminuer l'Holocauste.
• Deuxièmement, le point de vue de Williamson ne représente pas l'ensemble du mouvement traditionaliste. La grande majorité des catholiques ordinaires attirés par la messe en latin, ou qui ont des réserves sur les innovations doctrinales dans l'église, ne sont ni sectaires, ni cinglés.
• En troisième lieu, le motif de la levée de l'excommunication est le noble objectif de promouvoir l'unité dans l'église, en cherchant à guérir le schisme formel dans le sillage de Vatican II.
• Quatrièmement, la levée de l'excommunication ne signifie pas que les Lefebvristes aient été "réhabilités". Les canonistes disent que les quatre prélats reste suspendus a divinis, ce qui signifie qu'ils ne peuvent légitimement ordonner quiconque, établir des paroisses, etc. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X n'a pas encore de statut juridique. En fin de compte, selon les termes d'une déclaration du 25 janvier du Cardinal français Jean-Pierre Ricard, un membre de la commission "Ecclesia Dei", ceci marque "non pas la fin, mais le début d'un processus de dialogue. "
• Cinquièmement, une partie de la force de Benoît comme leader, vient de ce qu'il n'est qu'il n'est pas lié à des considérations à court terme concernant les priorités de demain. Personne ne peut s'attendre à ce qu'il édulcore une décision simplement parce que certaines personnes pourraient mal interpréter ses motivations.


Je tiens à mettre tout cela au clair, parce que je ne veux pas être accusé de simplification ou de parti-pris en présentant ce qui suit: La façon dont cette décision a été communiquée a été une colossale erreur, et une de celles qu'il est franchement difficile de comprendre, ou d'excuser.
Pour être clair, mon point de vue n'a rien à voir avec le fait de savoir si les excommunication auraient dû être levées.
Il y a un débat légitime sur ce front, et pas seulement en raison de ses implications pour les relations entre catholiques et juifs. Il y a également une discussion intra-catholique sur ce que cela signifie pour l'interprétation de Vatican II, et pour l'ensemble de la direction de l'église. Au lieu de cela, mon argument est que, même si l'objectif de restaurer l'unité dans l'église justifie cette mesure, sa présentation est incroyablement maladroite.
Je suis prêt à parier que les officiels du Vatican n'étaient pas au courant de l'interview de Williamson, mais ils n'avaient guère besoin de la télévision suédoise pour les avertir que quelque chose n'allait pas. En 1989, Williamson a échappé de peu à des poursuites au Canada en faisant l'éloge des écrits de Ernst Zundel, un immigré germano-canadien dont les œuvres sont The Hitler we Loved et Did Six Million Really Die?, deux piliers de la littérature sur la négation de l'Holocauste. Tout cela a été documenté dans la presse à l'époque. En 1991, Williamson a publié une lettre ouverte faisant référence à "la fausse vocation messianique de la domination juive mondiale, pour préparer le trône de l'Ante-Christ à Jérusalem." En 2000, Williamson a récidivé en affirmant que le "Protocole des Sages de Sion» est légitime. Sa réputation est si bien connue que, en 2008, Shimon Samuels, directeur des relations internationales au Centre Simon Weisenthal, a déclaré au Catholic Herald en Angleterre que Williamson était le "Borat des catholiques schismatiques d'extrême-droite." (borat sinifie ici caricature: http://fr.wikipedia.org/wiki/Borat )
En outre, ce n'est pas comme si le Vatican pouvait prétendre ne pas avoir été surpris par la réaction juive. En Septembre 2006, Benoît déclencha un incendie dans le monde musulman avec son discours à Ratisbonne, dans lequel il citait etc.. (ndt: décidément, Allen devient bègue, ou bien il radote). Regensburg aurait dû servir de leçon; lorsque le pape a fait quelque chose susceptible de provoquer le trouble dans une autre communauté religieuse, vous avez le droit de voir arriver l'épave du train en vue de l'éviter.


A quoi une statégie plus efficace de communication aurait-elle pu ressembler?
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Plutôt que de lâcher ce décret sur un monde qui ne se doutait de rien (unsuspecting world, ndt: vraiment?), le Vatican aurait pu convoquer une conférence de presse pour le présenter, avec de hauts fonctionnaires tels que le cardinal William Levada, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et le Cardinal Walter Kasper, chef de la Commission pour les relations religieuses avec les Juifs - afin que l'interprétation soit simultanée, et non après les faits. À ce moment, quatre mises au point auraient pu être faites:

• Cette démarche ne constitue pas une approbation de l'opinion personnelle de ces quatre évêques. En particulier, à la lumière des dernières observations de Williamson, le pape souhaite clairement dénoncer toute tentative de réduire ou de nier l'horreur de l'Holocauste.
• L'engagement catholique dans la lutte contre l'antisémitisme, et pour de bonnes relations avec le peuple juif, est inchangé.
• La levée de l'excommunication laissent les traditionalistes à la porte, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont entrés. S'ils doivent être pleinement réinsérés, ils doivent accepter la doctrine catholique officielle, y compris la liberté religieuse et le respect des autres religions.
• Le pape pense qu'il pourra mieux pousser les traditionalistes dans ce sens par l'ouverture d'un dialogue, plutôt qu'en les maintenant à l'extérieur.

Cela pourrait ne pas avoir suffit pour court-circuiter toutes les réactions négatives, mais cela aurait amorti le coup. Ces quatre points étaient inclus dans la déclaration de Ricard du 25 janvier, ainsi que dans les commentaires de Benoît XVI le 28 janvier, mais venant seulement à la suite de réaction négative de la population (ndt: de qui parle t-il?), ils ont inévitablement un relent de contorsion (spin).
En bref, le Vatican sous Benoît XVI n'a pas encore tiré les leçons de Ratisbonne. La terrible ironie de ces explosions (meltdowns, litt. fusion du coeur d'un réacteur nucléaire) est qu'ils sont une aubaine pour les personnes hostiles au pape et à l'église, qui peuvent bien ricaner "Je vous l'avais dit", alors qu'ils tombent plus durement sur ceux qui seraient plus enclins à ressentir de la sympathie.
Bien sûr, si ce cycle se poursuit, il pourrait ne pas rester beaucoup de gens de cette deuxième catégorie de s'inquiéter. (ndt: à mon avis, il se pourrait qu'il se trompe du tout au tout, ce ne serait pas la première fois, gare à l'effet boomerang pour les détracteurs)

* * *
(...)

Ce que les événements récents indiquent clairement, c'est qu'il existe deux camps dans le petit univers qui tourne autour de la Société de Saint-Pie X.
Le premier, représenté par Fellay, est composé de traditionalistes dont les préoccupations sont exclusivement liturgiques et doctrinales, et qui voient l'avenir de leur mouvement comme un levain dans les structures officielles de l'église, le second, représenté par Williamson et Abrahamowicz, comprend des gens pour qui le traditionalisme théologique dérape vers la politique d'extrême-droite, la xénophobie, et les théories de la conspiration, et qui sont beaucoup plus méfiants à l'égard de tout "deal" avec l'Église post-conciliaire.
Le calcul de Benoît XVI semble être que les premiers représentent la majorité, et que le meilleur moyen de les isoler de ceux-ci est d'ouvrir la porte suffisamment grand pour que seuls les vrais intransigeants refusent de la franchir.
Le risque est, bien entendu, que le monde extérieur ne voie pas que le pape tente d'orienter vers les traditionalistes vers la modération, mais voit le pape dérouler le tapis rouge pour un groupe qui comprend des négationnistes(..).
Raison de plus pour que quelqu'un, au Vatican, réfléchisse maintenant sur la façon de présenter le prochain acte de cette saga, plutôt que d'attendre que l'incompréhension et la douleur ne se mettent en mouvement.

Une réponse indirecte de Pro Liturgia

Il me semble que le site Pro Liturgia répond assez bien à plusieurs objections de John Allen (dont certaines pourraient être recevables si l'adversaire était de bonne foi, et surtout si l'accès aux medias était équitablement réparti):

L'IGNORANCE CRASSE DE NOS JOURNALISTES
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Dans "Ouest-France" de ce samedi, on lit: "(...) Joie pour certains, étonnement, stupéfaction pour d'autres, indignation et colère pour d'autres encore, voilà ce qu'a provoqué l'annonce soudaine de la levée de l'excommunication des quatre évêques intégristes séparés depuis le 30 juin 1988. Il faut reconnaître que le surgissement de cette décision et le manque d'information qui l'accompagne en ont surpris plus d'un et même parmi ceux qui, à juste titre, comprennent que le pape ait pour grand souci de ne pas laisser, après lui, une Eglise divisée. Cependant, la manière solitaire dont il a agi étonne d'autant plus que les fidèles, et pas eux seulement, croyaient abandonné ce genre de méthodes depuis la collégialité instaurée par le concile Vatican II (...)"
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Qui ne voit que les journalistes qui écrivent de telles stupidités ignorent tout de l'Eglise catholique en général et du Concile Vatican II en particulier?
D'abord on s'amuse en lisant que la décision prise par Benoît XVI ait pu provoquer étonnement, indignation ou colère chez les fidèles.
Quels fidèles? Je n'ai trouvé de tels réactions ni chez les cinq grand-mères qui vont encore à la messe dominicale dans ma paroisse, ni chez les quelques jeunes qui viennent encore à l'église et qu'on ne verra plus une fois faite leur communion.
Le seul qui aurait pu bondir - si son âge lui avait permis de le faire - est mon curé qui, il est vrai, en est resté à quelques idées héritées de 68 et aujourd'hui totalement décalées.
Ensuite, on s'agace une nouvelle fois en lisant sous la plume d'un journaliste qui prétend s'y connaître que Vatican II aurait instauré une collégialité obligeant le Souverain Pontife à ne prendre des décisions qu'après avoir obtenu l'aval des évêques ou consulté "la base".
Messieurs les journalistes, s'il vous plaît, avant d'écrire vos articles, prenez donc le temps à l'avenir de vous renseigner auprès de gens compétents. Ou alors contentez-vous de faire la rubrique des chiens écrasés, laquelle est peut-être davantage à la portée de vos plumes.



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Le point du 1er février Une grossière manipulation