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4 février: une revue de presse

Les "impairs de Benoît XVI" et "l'Allemagne qui prend les distances avec son pape". Conformisme moutonnier des journaux, ici, français: mes doutes sur la pluralité de la presse. (4/2/2009)

La liste de Libé  
La trahison du Figaro  
Les explications de Rémi Brague  


Je réagis à ces trois articles, trouvés dans la presse française, dans deux journaux que les gens de bonne foi croient se situer aux deux extrémités de l'échiquier politique.
Pluralité (apparente) oblige.
L'article du Figaro est donc beaucoup plus grave et plus choquant que celui de Libé, vu son coeur de cible.
Moralement, ceux qui trompent leurs lecteurs font une plus mauvaise action que ceux qui se contentent de répandre leurs critiques, quand ils sont du bord opposé. Franchement, le jour où Libé dira du bien du Pape, je trouverais cela inquiétant.

On me permettra également de répéter que lorsque l'épiscopat allemand... et d'ailleurs, écrit "Williamson a frappé le Pape au visage", ou quelque chose d'approchant, il se fiche du monde. Voir l'article de Seewald.
Qui peut croire que l'opinion de l'obscur Williamson a la moindre importance pour quiconque?
C'est un peu comme si mon site faisait les gros titres de la presse, sous le titre "Le site Benoît-et-moi prend position pour le Pape". Il y aurait de quoi être légitimement étonné.

Autre remarque: lorsque la "pétition de La Vie" (qui a fait, par parenthèses, une excellente opération de marketing) annonce "pas de négationistes dans l'Eglise", elle a l'air de s'en prendre à ces derniers, mais c'est très clairement le Pape qu'elle interpelle sur un ton comminatoire, et innacceptable. Aucune raison ne me paraît donc bonne, de la part d'un catholique, pour avoir signé ce texte.


La liste de Libé


C'est assez révélateur....
Cette liste, j'avais pensé la dresser moi-même, pour mettre en évidence des liens troubles.
"Libération" s'en est chargé.
Inutile de dire que cette liste (d'ailleurs incomplète... manque de professionalisme?) relève d'une analyse tordue des faits, des interprétations... et même des suites. Ce site s'en est fait l'écho.
Et Jean Madiran en fait justice en des termes sans équivoques. L'article de Libé apporte d'ailleurs une confirmation à son analyse: "Les loups sont là"
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Benoît XVI, impairs et malaise
http://www.liberation.fr/monde/0101316169-benoit-xvi-impairs-et-malaise

Une fois de plus, ce pape a été contraint de réparer publiquement par des mises au point les dégâts provoqués par ses déclarations intempestives.
Théologien conservateur respecté pour son envergure intellectuelle, le cardinal Ratzinger a montré, depuis le début de son pontificat en avril 2005, une totale absence de sens politique.
. A Auschwitz, en mai 2006, ce pape, qui fut profondément engagé dans le dialogue avec le judaïsme, évoqua dans un discours de très haute tenue théologique l’absence de Dieu pendant la Shoah. Mais il définit le nazisme comme l’œuvre «d’un groupe de criminels» qui s’est emparé du peuple allemand, exonérant ce dernier de ses responsabilités. C’était pour le moins maladroit de la part d’un souverain pontife qui fut contraint d’adhérer aux Jeunesses hitlériennes à l’âge de 14 ans.
. En septembre 2006, il tint des propos malheureux lors d’une conférence universitaire à Ratisbonne (Allemagne) sur le thème «foi et raison», liant intrinsèquement l’islam à la violence, ce qui déchaîna une immense controverse polémique. Il s’excusa.
. En mai 2007 il fit un nouvel impair majeur au Brésil en affirmant que l’évangélisation des populations indigènes en Amérique latine «n’a comporté, à aucun moment, une aliénation des cultures précolombiennes». Il dut à nouveau se corriger, une semaine plus tard, en rappelant «les injustices infligées aux populations indigènes par les colonisateurs».

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La trahison du Figaro


Evidemment, on oublie de préciser que le cardianl Lehman n'est pas précisément un ami du pape. Que le "très réputé" théologien de Tubingen (catholique, ou protestant?), ne représente que lui-même, ce qui ne l'a pas empêché d'être cité dans toute la presse, annonçant sans vergogne que "des voix (UNE voix inconnue, en fait) s'élèvent pour réclamer la démission du Pape".
Où est Hans Küng?
La liste des opposants est en elle-même un aveu: "les musulmans, les protestants, les juifs et les homosexuels."
Que des gens influents!
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L'Allemagne prend ses distances avec «son» pape
Le Figaro.fr

Benoît XVI a semé la discorde chez les catholiques allemands, très affectés par la réaction des institutions représentatives juives, qui ont décidé de rompre le dialogue avec l'Église.
La conférence des évêques allemands continue de soutenir le Pape. Cependant, Mgr Hans-Jochen Jaschke, évêque de Hambourg, juge qu'« une faute a été commise en son nom». Il recommande de «limiter les dégâts en stoppant le processus de réintégration» des évêques excommuniés. «La réhabilitation d'un négationniste est une mauvaise décision. Cela entraîne une perte de confiance dans le pape», déplore l'archevêque de Hambourg, Mgr Werner Thissen.
Le cardinal Karl Lehman, ancien chef de la Conférence des évêques allemands, estime que «le Pape a tendu les deux mains à une organisation extrémiste. Williamson a frappé le Pape au visage. »

Le très réputé théologien de Tübingen, Hermann Häring, est allé jusqu'à réclamer la démission de Benoît XVI. «Si ce pape veut rendre un service à l'Église, il devrait se retirer, tranche Häring. Il n'y aurait pas de honte : les évêques doivent quitter leurs fonctions à 75 ans et les cardinaux perdent tous leurs droits à 80 ans. Il n'y a aucune raison pour que le Pape (Benoît XVI est âgé de 81 ans) ne se plie pas à cette très sage règle.»
(...)
«Avec son parcours antimoderne, Benoît a déjà heurté les musulmans, les protestants, les juifs et les homosexuels, écrit la Westdeutsche Zeitung.
Maintenant, il sème le trouble dans sa propre Église. Les évêques, les prêtres et les paroissiens souhaitent une foi tolérante et ouverte sur le monde.»

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Les explications de Rémi Brague


Il est la signature qui m'avait gênée, dans la "pétition" de La Vie.
Rémi Brague a cru bon de choisir la tribune de Libé pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à la signer.

Libération, est-ce le bon choix? Qui essaie-t'il de convaincre?
Liberation.fr
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« Je craignais ce qui s’est passé depuis, à savoir une confusion entre une démarche purement juridique qui est celle de la levée d’une excommunication, et l’approbation donnée aux propos scandaleux d’un homme sur un sujet particulièrement sensible. Pour l’Eglise, en effet, le peuple juif n’est pas n’importe quel peuple, mais un peuple auquel elle est liée de toutes les fibres. Commettre une telle erreur est d’autant plus facile que les gens, et les journalistes, ne connaissent rien au fonctionnement juridique de l’Eglise et associent la déclaration du négationniste Williamson et, deux jours plus tard, la levée de l’excommunication. Or, ces deux événements sont sans rapport, même s’il est vrai que cette coïncidence tombe mal. La levée d’une excommunication ne signifie pas une réintégration automatique, et la balle est maintenant dans le camp des intégristes. Leur réintégration va dépendre de leur attitude, le point essentiel étant de savoir s’ils acceptent l’autorité du concile Vatican II.»
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Mais aussi, cela, et c'est le titre de l'article:

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« Il semble que le pape soit obsédé par le jugement que l’Histoire pourrait porter sur lui. A savoir un homme qui n’a pas réussi à résoudre ce schisme. Son métier est de faire tout ce qu’il peut pour éviter que les choses ne deviennent irréparables. Or le schisme avec l’Eglise d’Orient dure depuis plus de mille ans, et ne parlons pas de la Réforme protestante, même si c’est plus récent. Tout ceci doit l’obséder
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Parler de "métier", affirmer que le Pape est "obsédé par le jugement de l'histoire", c'est vraiment, à mon avis, ne rien comprendre à la personnalité du Saint-Père
La conclusion laisse supposer qu'on peut établir un parallèle entre les "intégristes" catholiques et les communistes.
Une opinion pour le moins contestable, même si l'intention est finalement d'inviter les adversaires au dialogue, mot magique!

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« Mais on a bien discuté avec les communistes dans les années 50 et 60. C’était d’ailleurs peu fructueux : on était tous pour "la paix", mais ce mot n’avait pas le même sens des deux côtés. Pourquoi ne pas risquer le même exercice avec les intégristes ? On vit dans une société qui fait l’apologie du dialogue. Et on nous demande de dialoguer avec tout le monde. Je ne vois pas pourquoi en exclure les intégristes.»


Voir aussi l'extraordinaire éditorial dans Présent du 3 janvier: "Les loups sont là"

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Aggiornamento Le Pape veut l'unité de tous les chrétiens