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La lettre "humble et forte" de Benoît XVI

... aux évêques (dont certains rebelles) du monde entier. Très bel article d'Andrea Tornielli sur son blog. (11/3/2009)

Voir ici: Evêques et prêtres rebelles
J'avoue m'être hâtée de traduire cet article.
Je comprends pourquoi son auteur qualifie la lettre d'humble - car je ne doute pas que certains l'interprétront comme une tentative de justification, voire d'excuse.
Mais elle est surtout forte, car, sans qu'on puisse parler de "contre-attaque", et tout en admettant d'éventuels manquements de ses services, des fautes vénielles, en fait, le Pape met vraiment les choses au point, et les points sur les "i", tout en maintenant ouverte la question de savoir QUI a voulu instrumentaliser l'annonce d'un acte de miséricorde, pour le faire passer pour un geste de rupture... on sait dans quel ,contexte.

On notera ces mots très forts, nouvelle définition du bouc émissaire:

Parfois on a l'impression que notre société a besoin d'au moins un groupe, auquel on peut ne réserver aucune tolérance ; contre lequel on peut tranquillement se jeter avec haine. Et si quelqu'un ose s'approcher de lui - en l'occurrence le Pape - il perd lui-même le droit à la tolérance et peut aussi être traité avec haine, sans crainte ni retenue .


Ceux qui, à l'intérieur de l'Eglise - et plus largement, du monde chrétien - pourraient se sentir visés par ses reproches ... devraient éprouver un certain malaise.
En attandant de lire le texte intégral demain, reste à savoir comment et si cette mise au point va être répercutée par les medias (calomniez, calomniez...). Ou si elle ne va pas à son tour être déformée.

Article sur le blog d'Andrea Tornielli, admiratif et chaleureux.
Ma traduction (les surlignements sont de moi):

Affaire Williamson, la lettre humble et forte de Benoît XVI
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C'est texte articulé, beau, humble et en même temps fort : le Pape veut faire la clarté autour des polémiques soulevées par la révocation de l'excommunication aux quatre évêques lefebvristes et par l'affaire Williamson, et il intervient sur les critiques qui ont éclaté même et surtout dans l'Église.
Il le fait avec une lettre envoyée à tous les évêques catholiques, en rappelant que l'affaire « a suscité à l'intérieur et hors de l'Église catholique une discussion d'une véhémence telle qu'on n'en avait pas vu depuis longtemps »

Benoît XVI rappelle l'« avalanche de protestations » et l'accusation qu'on lui a adressée de vouloir revenir en arrière par rapport au Concile. « Une mésaventure imprévisible pour moi a été le fait qui l'affaire Williamson s'est superposée à la rémission de l'excommunication. Le geste discret de miséricorde envers les quatre évêques, ordonnés validement mais pas légitimement, est apparu tout à coup comme une chose totalement différente : comme un démenti de la réconciliation entre les chrétiens et les juifs, et donc comme la révocation de ce que, dans cette matière, le Concile avait éclairci pour le chemin de l'Église » .

L'invitation à la réconciliation avec un groupe qui s'était séparé, a donc été présentée comme une volonté de créer de nouvelles fractures entre les chrétiens et les juifs.
Dans les mots du Pape Ratzinger, on voit émerger toute la douleur que cette instrumentalisation lui a provoquée, étant donné que justement la réconciliation entre les chrétiens et les juifs « avait été dès le début un objectif de mon travail théologique personnel » (ndt: voir ici Les rapports entre chrétiens et juifs. ) .
Benoît XVI explique qu’à l'avenir, le Saint Siège devra prêter plus d'attention aux nouvelles répandues sur Internet (les déclarations de Williamson circulaient en effet sur le Web déjà avant la publication de la levée de l'excommunication) et il ajoute : « Je suis resté attristé du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu savoir mieux comment étaient les choses, aient pensé devoir me frapper avec cette hostilité toute prête à l'attaque.
C'est pour cela que je remercie d'autant plus les amis juifs qui ont aidé à éclaircir promptement le malentendu et à rétablir l'atmosphère d'amitié et de confiance ».

Le Pape déplore ensuite le fait que pour la révocation de l'excommunication, « la portée et les limites de la mesure... n'aient pas été illustrées de manière suffisamment claire à l'instant de sa publication ».
Et il précise que l'excommunication frappe des personnes, pas des institutions : la révocation est un acte disciplinaire, qui reste bien distinct du domaine doctrinal : « Le fait que la Fraternité Saint Pie X ne possède pas de position canonique dans l'Église, en fin de compte ne se base pas sur des raisons disciplinaires mais doctrinales » et ses ministres, même si « ils ont été libérés de la punition ecclésiastique, n'exercent pas de manière légitime un quelconque ministère dans l'Église ».
Continuant sur ce thème, le Pontife annonce vouloir intégrer la commission Ecclesia Dei, qui s'occupe des lefebvristes, dans la Congrégation pour la doctrine de la foi. Et à propos du Concile il dit : « On ne peut pas congeler l'autorité magistérielle de l'Église à 1962 - cela doit être bien clair à la Fraternité. Mais à ceux qu'on présente comme défenseurs du Concile, il doit être aussi remis en mémoire que Vatican II porte avec lui l'entière histoire doctrinale de l'Église. Qui veut être obéissant au Concile, doit accepter la foi professée dans le cours des siècles et ne peut pas couper les racines dont l'arbre vit » .

Benoît XVI - et c'est la partie la plus émouvante de la lettre - répond ensuite à la critique que beaucoup lui ont adressée au cours de ces semaines : la révocation de l'excommunication était-elle nécessaire ? Était-elle vraiment une priorité ? Le Pape répond que sa priorité comme pasteur universel « est de rendre Dieu présent dans ce monde et d'ouvrir aux hommes l'accès à Dieu. Pas à n'importe quel dieu, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons la face en Jésus crucifié et ressuscité ».
Au moment où Dieu disparaît de l'horizon des hommes, il faut « avoir à coeur l'unité des croyants » , parce que leur discorde et leurs oppositions « mettent en doute la crédibilité de leur annonce de Dieu » . Même des « réconciliations petites et moyennes » font donc aussi partie des priorités de l'Église. « Le geste discret d'une main tendue » a au contraire donné naissance à un grand fracas, se transformant ainsi « en le contraire d'une réconciliation ».
Mais le Pape explique combien il est au contraire nécessaire de chercher à réintégrer, de prévenir d'ultérieures radicalisations, de s'engager à dénouer les raidissements et de donner de l'espace à ce qu'il y a de positif. « Peut-on être totalement indifférents à une communauté » - les lefebvristes - « dans laquelle on trouve 491 prêtres, 215 séminaristes… 117 moines, 164 soeurs et des milliers de fidèles ? Devons-nous vraiment les laisser aller à la dérive, loin de l'Église ? ».

Benoît XVI ne se cache pas que de la Fraternité, depuis longtemps sont venues « beaucoup de choses discordantes - orgueil, présomption, unilatéralisme etc. Par amour de la vérité, je dois ajouter que j'ai reçu aussi une série de témoignages émouvants de gratitude, dans laquelle se rendait perceptible une ouverture des cœurs ».
Mais il ajoute que des notes discordantes ont émergé aussi du milieu ecclésial: « Parfois on a l'impression que notre société a besoin d'au moins un groupe, auquel on peut ne réserver aucune tolérance ; contre lequel on peut tranquillement se jeter avec haine. Et si quelqu'un ose s'approcher de lui - en l'occurrence le Pape - il perd lui-même le droit à la tolérance et peut aussi être traité avec haine, sans crainte ni retenue » .

Benoît XVI a donc révoqué l'excommunication des évêques lefebvristes avec le regard du pasteur préoccupé de l'unité de l'Église, qui tend la main et offre miséricorde. Ce geste discret ne signifie pas encore la pleine unité, tant que les questions doctrinales ne seront pas éclaircies. La malheureuse interviewe négationniste de Williamson n'était pas connue du Pape lorsqu'il a approuvé le décret : lire ce qui s'est passé comme une rupture par rapport à que le Concile a établi dans le rapport avec les juifs a été une instrumentalisation, à laquelle se sont prêtés aussi des catholiques, bien que le Pontife admette que la portée de la mesure aurait dû être mieux éclaircie. L'Église ne revient pas en arrière par rapport à Vatican II, mais Vatican II ne représente pas une fracture, un nouveau commencement, par rapport à l'histoire chrétienne bimillénaire

Il faut souhaiter que tous les évêques, même et surtout ceux qui ont critiqué le Pape, lisent bien les mots humbles et forts du serviteur des serviteurs de Dieu et comprennent l'attitude d'un père miséricordieux, qui cherche à favoriser l'unité des croyants dans le Christ, pour le témoigner dans un monde qui a fait disparaître Dieu de son horizon.



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La lettre du Pape: du grand Sandro Magister L'attitude honteuse des prêtres et des évêques