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Un grand article de Vittorio Messori

Pas par la longueur, mais par le contenu. Il livre sa lecture de la "Lettre aux éveques". Et nous fait voir sa vraie priorité: la foi (24/3/2009)

La vraie priorité du Pape: la foi.
Tout le reste n'est que des accessoires, et perd tout son sens s'il n'y a plus la foi en amont.
« ... l'institution ecclésiale, l'enseignement moral, l'engagement social ne sont que dérivés, effets, conséquences lancées en l'air - sinon absurdes - à moins qu'il n'y ait en amont le pari sur la vérité de l'évangile ».

Après les très petits commentaires lus partout ces jours-ci (sauf chez quelques "amis"), voici enfin celui du grand Messori, qui a cueilli magnifiquement le coeur de la pensée du Pape.
Rare, très rare, Messori. Mais quand il parle, ce n'est pas pour ne rien dire.
Comme il prend le temps de réfléchir, contrairement à ceux qui (comme moi!, mais j'essaie aussi de réfléchir et de croiser les infos) courent en permanence après l'actualité, une nouvelle chassant très vite l'autre, il se penche sur la lettre de Benoît XVI aux évêques, déjà "ancienne" en temps médiatique.
Il y a lu ces phrases-clés, selon lui peu relevées:
« Aujourd'hui, dans de vastes zones de la terre, la foi est en le danger de s'éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s'alimenter ».
Et encore : « Le vrai problème dans cet instant de notre histoire est que Dieu disparaît de l'horizon des hommes ».
L'article original en italien est paru aujourd'hui dans "Il Corriere della sera": messori.pdf [139 KB]
Ma traduction.
Pour mémoire, la "lettre" est ici: lettredesasaintetebenoitxvi.pdf [29 KB]

L'engagement du Pape Ratzinger : Défendre la foi, avant tout

Benoît XVI ne pense pas du tout à ce Concile Vatican III que certains invoquent. Il consacre plutôt son énergie à l'oeuvre sur le caractère historique des évangiles, aujourd'hui mis en doute jusque dans l'Église.
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Ceux qui estimaient Joseph Ratzinger ont été confirmés dans leur admiration par la lettre aux évêques sur les polémiques autour de la révocation de l'excommunication aux évêques d'Econe. Un texte fort et en même temps « sommesso » (humble, discret), comme l’a écrit l'Auteur lui-même, d'une humilité et d'une sincérité limpidement évangéliques. La missive, contrairement à ce que certains ont dit, renforce le prestige de Benoît XVI, qui se ressent lui-même non pas comme un puissant parmi les puissants mais comme le gardien d'une Vérité qui n'est pas la sienne, qui lui a été confiée, qu'à tout prix il doit défendre.

C'est justement pour cette raison qu'on reste surpris qu'on ait peu remarqué la phrase qui, dans son caractère dramatique, est le centre non seulement de la lettre mais du pontificat tout entier et qui explique aussi cette insolite intervention.
Celui que les fidèles regardent comme le Vicaire du Christ écrit, en effet : « Aujourd'hui, dans de vastes zones de la terre, la foi est en le danger de s'éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s'alimenter ». Et encore : « Le vrai problème dans cet instant de notre histoire est que Dieu disparaît de l'horizon des hommes ».

Benoît XVI réaffirme, ici, la conscience que « la première priorité pour le successeur de Pierre a été fixée par le Seigneur dans le Cénacle de façon sans équivoque : « Toi, confirme dans la foi tes frères » ». Depuis toujours, cet homme - qui n'a pas été par hasard pendant 24 ans Préfet de la Congrégation pour la Foi - a eu une vue claire de la succession indispensable : d'abord la foi, justement ; et, ensuite, mais seulement « ensuite », l'institution ecclésiale. Qui est indispensable, dans la stratégie d'un Dieu créateur qui a voulu la collaboration de ses créatures.
Mais l'Église, entendue comme organisation visible qui chemine dans l'histoire, n'est qu'une enveloppe, une coque, une coquille pour recevoir ce qui compte et que seulement la foi peut apercevoir : la perle invisible, c'est-à-dire, le mystère du Christ et ses sacrements, à commencer par l'eucharistie. Le « monde » s'occupe - et il ne peut pas faire autrement - du Vatican, du Saint Siège, des Palais Sacrés, de la Nomenklatura hiérarchique. Mais tout ceci n'est qu'un moyen - toujours réformable et souvent opaque - pour l'unique, vraie finalité : l'annonce que l'Évangile n'est pas une illusion mais une vérité et que sur elle, il est raisonnable baser sa vie et sa mort.

Cela devrait être évident, au moins pour les croyants. Pourtant, dans ces décennies, cela ne semble pas avoir été le cas à l'intérieur de l'Église même.
Lorsqu'en août1984, le cardinal Ratzinger d'alors, et le chroniqueur qui écrit ici s'enfermèrent pour quelques jours dans le séminaire de Bressanone, ils étaient conscients de rompre, pour la première fois depuis 442 ans, le silence et le secret impénétrable du Saint Office. Comme titre du livre qui devait naître de cet entretien, nous fûmes d'accord sur le terme « rapport », mais ce fut le Cardinal Préfet lui-même qui suggéra « sur la foi », plutôt que « sur l'Église ». Il me répéta en effet la vérité évidente mais trop souvent oubliée: le prius est la foi, tandis que l'institution ecclésiale, l'enseignement moral, l'engagement social ne sont que dérivés, effets, conséquences lancées en l'air - sinon absurdes - à moins qu'il n'y ait en amont le pari sur la vérité de l'évangile. Et c'est vraiment ce pari qui « est en danger de s'éteindre comme une flamme qui ne trouve plus d'aliment ». Mots dramatiques, nous le réaffirmons. Étonnant, vraiment, qu'ils n'aient pas trouvé d’écho.

À l'intérieur de l'Église, la rixe post-conciliaire, entre contestation et restauration, a éclaté autour de la réorganisation de l'institution, du « Vatican », ou des conséquences éthiques et sociales à tirer de l'Évangile. Oppositions violentes, donc, sur des choses comme la fonction de la papauté, le rôle du clergé, des laïcs, des femmes, le célibat, les pouvoirs des Conférences épiscopales, l'œcuménisme, ou sur des thèmes comme l'engagement politique du chrétien, le divorce, l'avortement, la recherche en ingénierie génétique, l'homosexualité. Problèmes importants mais, en même temps, thèmes dérivés, thèmes de « christianisme secondaire ». Bien peu de ceux qui se querellent s'interrogent sur le thème « primaire » : c'est-à-dire sur la possibilité pour l'homme post-moderne de croire encore dans la vérité de l'Évangile, sans lequel tout ceci n'aurait pas de sens. Tandis qu'on s'acharnait sur les conséquences du croire, on oubliait de réexaminer s'il y avait encore des raisons valides pour le faire.
Il y a eu, et il y a encore lutte parmi des prêtres sur les méthodes pour innover la catéchèse, mais sans se préoccuper du pourquoi nous devrions prendre encore au sérieux le catéchisme, sans être tournés en dérision comme crétins parce qu'encore chrétiens (ndt: il semble que Messori nlui-même ait subi ce genre d'attaques en Italie).
Une fois l'apologétique - c'est-à-dire la recherche pour accorder raison et foi, science et miracle, culture et dévotion - déclarée anachronique, ce qui reste du peuple de Dieu s'est retrouvé désarmé devant l'agression décochée contre les trois « cercles » de la foi : l’existence de Dieu, Jésus comme Christ annoncé par les prophètes d'Israël, l'Église comme institution divine. La crise catholique n'est pas celle de la « machine » : si celle-ci perd toujours plus de parties, en arrivant presque à s'éteindre, comme dans tant de congrégations religieuses, c'est parce que le carburant risque de s'épuiser. C'est la chute de la foi, c'est la question dramatique - et souvent cachée - « Cela serait-il vrai ? Ne serait-ce pas une illusion ? », qui explique l'abandon du ministère par un tiers du clergé, la raréfaction des vocations pour les séminaires, la disparition de la tension missionnaire, le relâchement des défenses morales parmi ceux qui devraient être des exemples. C'est cette seule croyance dans le monde présent, doutant qu'un au-delà existe, qui a mené à l'attention exclusive pour l'engagement social et politique, reléguant sous silence ce que la Tradition appelait les Novissimi : mort, jugement, enfer, paradis.

Benoît XVI ne pense pas du tout à ce Concile Vatican III que certains invoquent, afin de réformer encore plus l'institution et d'adapter la morale évangélique au politiquement correct actuel. Ce sont là préoccupations de clercs. Si le Pape Ratzinger pensait à un Concile, ce serait pour remettre au centre les raisons de croire en Jésus comme Dieu et Rédempteur. Ce n'est pas un hasard s'il soustrait du temps et de l'énergie à d'autres engagements pour se consacrer à l'achèvement de son oeuvre sur le caractère historique des évangiles, aujourd'hui mis en doute jusque dans l'Église.
Ce n'est pas l'obsession d'un professeur, c'est l'anxiété du Pasteur qui veut confirmer que la foi, base de toute la pyramide ecclésiale, est encore crédible, ne contredit pas la raison.

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